Coup de théâtre, mercredi soir à la Chambre des représentants. Le chef du gouvernement a ordonné le retrait du projet de budget pour 2012, dont le document venait d'être remis quelques heures auparavant aux présidents des groupes parlementaires. Les services d'Abass El Fassi ont toutefois pris la précaution d'avertir, par des messages SMS, les membres des deux Chambres du Parlement du report de la plénière prévue pour l'exposé du ministre de l'Economie et des Finances, sans qu'aucune date ne soit fixée. La classe politique, surprise, était partagée hier sur cette décision et attendait les explications et les justifications de la Primature. Dans la matinée d'hier, les ministres concernés n'étaient pas joignables, surtout que le Conseil de gouvernement se tenait dans la matinée et, apparemment, le droit de réserve était de rigueur. Mais selon des sources fiables, le chef du gouvernement aurait tenu, hier matin, avant la réunion du Conseil, des rencontres avec les ministres de toutes les sensibilités politiques de la majorité, dans le but de les informer sur les tenants et les aboutissants de sa décision de retirer le projet de loi de finances 2012. Une décision qui, juridiquement, relève de ses compétences. En effet, le chef de gouvernement a le droit de retirer tout texte soumis au Parlement, quel que soit le niveau du circuit auquel il est parvenu, nous explique un ex-député toujours versé sur la chose politique et économique. Le seul son de cloche ministériel qui a retenti sur cette question provient de Salaheddine Mezouar qui avance que l'actuel gouvernement ne peut pas lier les mains au futur exécutif qui sortira des urnes du 25 novembre, en matière de Budget. Signalons, enfin, qu'à l'heure où nous mettions sous presse, le Conseil de gouvernement a rendu public un communiqué à l'issue de sa réunion, où il affirme que la réunion plénière du Parlement, qui était prévue hier, était reportée à cause «de l'ordre du jour chargé de la session extraordinaire, consacrée spécialement à la discussion et à l'adoption des lois encadrant les échéances électorales du 25 novembre prochain», des échéances qui «jouissent de la priorité de l'agenda constitutionnel du gouvernement». C'est pourquoi, «le gouvernement s'est donné un répit de quelques jours pour accentuer les concertations pour la meilleure gestion des agendas politiques».