Pour la criminalisation de l'exploitation domestique des «petites bonnes». Tel est le mot d'ordre des associations de la société civile qui se réunissent, aujourd'hui samedi 26 mai, à Rabat pour débattre d'une «stratégie visant à éradiquer ce phénomène social qui prend de plus de plus de l'ampleur. Les chiffres avancés par les organisations internationales en témoignent de la gravité des problèmes». A en croire Touria Bouabid, chargée du programme «Education et sensibilisation aux Droits Humains» au sein d'Amnesty International Maroc, plus de 200.000 des moins de 15 ans, dont plus la moitié de sexe féminin, sont forcés au travail en dépit de leur jeune âge. La représentante d'AI nous explique que ce phénomène est constaté dans les plus grandes villes du royaume, notamment à Casablanca, Rabat, Tanger… Bref, particulièrement dans les cités industrielles. Touria Bouabid souligne aussi la difficulté de mener des études sociologiques en la matière vu le tabou qu'exerce la société sur ce sujet. D'autant plus, précise-elle, qu'il existe des réseaux mafieux qui s'en mettent plein les poches en pratiquant cette activité. «Partout dans les grandes villes et les souks hebdomadaires, il existe des samsara qui s'adonnent à une telle activité», explique-t-elle. Composé de 34 associations, le Collectif associatif pour l'éradication de l'exploitation domestique des filles mineures envisage d'aller jusqu'au bout pour pousser l'Etat à légiférer dans ce domaine. «Le collectif veut exercer du lobbying sur le gouvernement pour répondre aux attentes des réseaux associatifs», indique dans une déclaration à Al Bayane, Omar El Kindy, président de l'association Insaf. Et d'ajouter que «des membres du gouvernement précédent, en l'occurrence Nezha Skalli et Jamal Ghmani ont fait un effort pour résoudre une telle problématique, tout en estimant que cela n'a pas été suffisant ». « En tant qu'acteurs de la société civile et organisations des droits de l'Homme on exige la légifération d'un texte de loi dédié uniquement aux filles qui détermine les responsabilités de chaque partie », martèle notre interlocuteur. Pour ce faire, le Collectif a déjà fixé une stratégie, en mettant sur pied un plan de communication visant à sensibiliser toutes les institutions à leur cause. En d'autres termes, les militants du Collectif vont mener leur bataille sur trois fronts : parlement, gouvernement et médias. Notons que la journée de réflexion «stratégie de plaidoyer» sera marquée par la présentation du rapport d'activité du Collectif, la présentation du projet de loi sur les travailleurs domestiques, la présentation des travaux des ateliers juridiques et stratégiques et enfin les recommandations des participants…