Longtemps plombé par des déficiences liées à la précarité des outils et des espaces de production et à un déficit de promotion, d'innovation et de formation, le secteur de l'artisanat dans la région du Souss-Massa-Draa peut enfin espérer des jours meilleurs. L'année 2011 aura été marquée par l'entrée en vigueur d'un plan de développement ambitieux doté d'un budget de 245,5 millions de DH, sur quatre ans. L'artisanat joue en effet un rôle de premier plan dans l'essor de l'activité économique dans cette partie du Maroc, et sert en particulier comme levier pour le secteur névralgique du tourisme. Près de 28.000 artisans et 7000 unités de production sont recensés dans la région pour un chiffre d'affaires de 591 millions de Dhs. Ces chiffres reflètent l'importance du nouveau plan de relance articulé autour d'une cinquantaine de projets. Le plan est initié par le département de tutelle, le conseil régional et les instances professionnelles. L'ambition est de consacrer, indique-t-on, l'artisanat comme l'expression de l'identité culturelle locale, notamment Amazighe, aux plans national et international. La nouvelle feuille de route a été définie sur la base d'un “diagnostic complet de la situation actuelle et de l'évaluation du potentiel de la région dans ce secteur”, assure le département de tutelle. Miser sur les points forts Les plans régionaux constituent d'ailleurs une déclinaison de la stratégie nationale pour le développement de l'artisanat marocain baptisée “Vision 2015”, laquelle se fonde sur la valorisation du potentiel du secteur dans chaque région dans le cadre d'une approche participative. Au total, trois axes stratégiques d'intervention ont été définis: l'appui au développement d'un tissu de petites et moyennes entreprises structurées, l'amélioration des conditions de travail des artisans et l'appui à la promotion, la commercialisation et la formation. Misant sur les points forts du secteur localement, la priorité a été ainsi donnée au développement et à la promotion des produits spécifiques à la région et dotés d'atouts distinctifs, tels le tapis rural, la bijouterie, la poterie, le bois sculpté ou le fer forgé. Autres axes d'intervention identifiés : la mise en place d'un pô_le de production structuré et organisé, le développement des capacités de la région en matière de logistique (approvisionnement, acheminement, conditionnement, commercialisation) pour mieux desservir le marché national et international et la structuration et le renforcement des canaux de distribution destinés aux marchés national, international et des touristes. Selon le président du conseil régional Souss-Massa-Draa, Ibrahim Hafidi, le nouveau plan vient à point nommé pour répondre aux multiples préoccupations et dysfonctionnements dont pâtit le secteur. Il a cité, entre autres, des problèmes de formation et d'encadrement, l'insuffisance des investissements alloués aux projets d'artisanat, le manque de matières premières, des déficiences en termes de promotion et de commercialisation. Autant d'handicaps auxquels le nouveau plan espère remédier en injectant des moyens suffisants pour mettre le secteur à niveau. La concurrence est en effet rude et les clients sont exigeants en termes de qualité et d'innovation. A l'horizon 2015, les objectifs du secteur sont pour le moins ambitieux: un chiffre d'affaires annuel de 1,195 milliard de Dhs, un nombre global d'emplois permanents d'environ 37.000 artisans et plus de 5000 jeunes formés. Un vaste chantier à la hauteur de la richesse et de la diversité du patrimoine artisanal de la région.