L'école des élites Concis et précis. Le discours royal prononcé vendredi dernier à l'occasion de l'ouverture de la session d'automne du parlement marocain a été on ne peut plus clair et sans ambages. Il est temps de réhabiliter l'institution législative et de rompre, une fois pour toutes, avec toutes les pratiques d'antan. Une mise en garde royale. Plus de temps à perdre. En peu de temps, SM le Roi a mis le doigt sur tous les dysfonctionnements qui entravent l'action parlementaire. Une sorte de feuille de route législative pour l'étape prochaine. SM le Roi Mohammed VI y a clairement défini les objectifs et les référentiels. Le Souverain y a aussi appelé au respect des dispositions de la nouvelle Constitution dans tous les détails relatifs à la conduite, à la prestation, ainsi qu'à la relation entre les institutions. Mais, le parlement, en plus de son statut législatif, reste aussi un espace de dialogue constructif et une école pour la production des élites politiques, par excellence. D'où la nécessité de l'ériger en un espace plus crédible et plus attractif, de telle manière à cristalliser la réconciliation avec tous les «desesperados» de l'action politique et de sa faisabilité. Les observateurs se sont attardés, dans ce contexte, sur l'appel du discours royal à élaborer un code de conduite d'une dimension réglementaire, fondé sur la consécration des valeurs nationales, l'abnégation, la responsabilité et l'honnêteté ainsi qu'un engagement politique effectif au sein de l'hémisphère. La nouvelle année législative est donc un grand tournant dans la vie législative et politique. La responsabilité devrait être pleinement assumée par les parlementaires, eux-mêmes. Lesquels doivent faire montre, selon le souverain, de rigueur et de courage, et de rompre avec les pratiques obsolètes, afin de réaliser un renouveau radical dans l'action parlementaire. L'enjeu est réel. Le défi est de taille. Après le moment constitutionnel, voici venu le moment législatif. Et ce n'est pas uniquement en raison du nombre des lois à adopter, mais aussi et surtout pour l'ampleur des dysfonctionnements qui marquent le travail au sein des deux Chambres. Le Souverain a été franc et direct. Haut et fort, son appel est une orientation majeure à prendre en considération. Nonobstant ses tares constitutionnelles multiples, le parlement avait dans le passé constitué une usine produisant des élites et des leaders politiques nationaux. Mais, depuis quelques années déjà, cette fonction s'est volatilisée, en raison d'une débilité touchant essentiellement sa composante humaine. Plusieurs cadres et dirigeants partisans se trouvent en dehors de l'hémisphère et en dehors des autres institutions. Ce n'est pas uniquement la responsabilité du parlement, mais celle aussi d'une gestion électorale défectueuse. Le rappel du Souverain est donc une sonnette d'alarme. Une invitation solennelle à réhabiliter l'action politique. Un appel à faire des partis réels et sérieux des structures fortes et crédibles, étant donné qu'ils constituent le véritable tremplin du Maroc vers l'essor, la stabilité et le succès démocratique. Une réelle mise à niveau de notre système politique national reste tributaire du respect du pluralisme réel et productif, du soutien des partis réels et crédibles, de la préservation de leur indépendance et enfin de l'organisation d'élections honnêtes, avec des lois et des mesures avancées. Le résultat ne sera qu'ambiant : un parlement évolué au niveau de son potentiel humain comme de sa prestation, une production d'élites, de leadership et de cadres d'Etat, un espace de dialogue politique et de l'exercice démocratique. Au travail.