La mairie de Casablanca est sans budget et sans prévisionnel pour l'année 2012. Les seize arrondissements, composant le Conseil de la ville, ne disposent pas de dotations pour leur fonctionnement normal durant cette année. Les projets structurants lancés dans la Métropole accusent du retard dans leur réalisation. Bref, la ville plonge dans le chaos. Et les autorités locales observent passivement cette anarchie et cette mascarade qui ternissent l'image de la ville sur toute la ligne. Cela n'a jamais été enregistré dans les annales de la gestion de la chose locale depuis la mise en place des collectivités locales en 1976. En plus de ce blocage qui a ruiné la ville, les violations de la charte communale sont légion. Un cas d'école. Et en dépit de ce tableau noir, le président continue de gérer la Commune comme sa propriété privée, sans que le Conseil ne se réunisse depuis plus d'une année. Les marchés sont lancés et, comme à l'accoutumée, sur mesure pour qu'ils «tombent» sur un entrepreneur bien déterminé. Cela est devenu un secret de Polichinelle. Les rapports de la Cour des comptes comme ceux des autres inspections de l'administration territoriale et des finances épinglent le bureau en place. Mais, jusqu'à présent, aucune suite n'a été donnée aux recommandations des rapports en question. Tentant de trouver une issue à cette crise qui n'a que trop duré, le wali du Grand Casablanca, Mohamed Halab a noué des contacts avec les différents groupes composant la mairie. Cependant, ces réunions avec les différentes parties n'ont abouti à aucun résultat depuis le mois de juillet dernier. Et tout porte à croire que les contacts relancés tout dernièrement ne déboucheraient sur aucune issue de nature à dépasser cette situation de blocage. Selon certains observateurs de la gestion de la chose locale, les autorités locales sont appelées à appliquer les dispositions de l'article 25 de la charte communale, leur permettant de gérer les affaires courantes de la ville en attendant la mise en place d'un autre bureau. Face à l'inaction de la tutelle, deux groupes sont entrés sur la ligne pour prendre les commandes de la mairie. D'aucuns soulignent qu'il s'agirait de remplacer une mauvaise, frauduleuse et hasardeuse gestion par une autre qui s'inscrit dans le même registre. Le premier groupe est dirigé par un président d'arrondissement, ayant déjà des antécédents en matière de dilapidation de deniers publics et dont une affaire liée à l'exploitation illégale de l'espace public est encore devant la brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) de Casablanca. Le deuxième groupe est conduit par une «femme d'affaires», à la formation rudimentaire, ayant mobilisé certains élus connus pour leur transhumance au sein du Conseil. Le constat est hallucinant. Casablanca, mérite-t-elle ce sort ? C'est la question qui revient sur toutes les lèvres des habitants de la ville qui suivent avec angoisse cet état de choses.