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Un patrimoine en péril
Place Jemaa El Fna, le silence du conteur
Publié dans Albayane le 11 - 12 - 2013


Place Jemaa El Fna, le silence du conteur
Au-delà des clichés, la place Jemaa El Fna est l'emblème de la ville ocre; c'est le passage obligé pour tout visiteur de la ville. Mais aussi de la population de la ville elle-même. Pour le touriste, une photo prise sur la célèbre place est une forme de signature attestant de la validité du séjour marrakchi.
Centre névralgique de la ville, elle tire d'abord sa valeur de sa position de carrefour au seuil de la Médina. Valeur fonctionnelle au départ qui confine au symbolique. Telle quelle, la place Jemma El Fna n'a rien d'exceptionnelle, en tant que espace physique. Le site lui-même n'offre aucune aspérité qui le distingue de ses environs. La valeur ajoutée est le résultat d'une sédimentation fruit d'un processus historique, accumulant plusieurs phénomènes liés à la culture, l'anthropologie, la sociologie...pour aboutir à l'étape actuelle où le commercial va finir par marquer la spécificité même de la place. Aujourd'hui, en effet, on assiste à une métamorphose de la nature de l'espace, dévié de ses fonctions symboliques et qui menace même de remettre en question son statut de « patrimoine culturel immatériel de l'humanité » que l'Unesco lui décerné en 2001. Cette reconnaissance est arrivée à un moment où la place subit une forte pression de nature diverse mais qui est quelque part la résultante de sa propre réussite en tant qu'image. L'attentat terroriste d'avril 2011 est venu donner une dimension, tragique certes, mais aussi mondialiste de Jemaa El Fna, rejoignant d'autres lieux emblématiques visés par les terroristes à travers le monde (Bali...).
Cette mort recherchée par l'acte terroriste, est inscrite autrement dans le devenir de la place. Celle-ci a pratiquement perdu de son aura avec la disparition graduelle et irréversible de ce qui fait sa spécificité première, c'est du théâtre, du cirque, de l'arène des arts populaires de la ville, de la région et de tout le pays. L'on se rappelle que la décision de l'Unesco a été motivée par le caractère qualifié d'exceptionnel des pratiques culturelles qu'elle met en scène ; la place est définie comme « un lieu de rencontre et un centre de créativité extraordinaire où les raconteurs d'histoires, les musiciens, les jongleurs, les danseurs, les mangeurs de verre et les charmeurs de serpent pratiquent leur art ». Chaque activité avait fini par produire sa figure emblématique ; des Maalams, des Amins, des maîtres...constituaient des figures tutélaires assurant une sorte de continuité historique ; granitisant un ordre intérieur domptant les différents signes émis par la place dans une configuration sémiotique d'une grande éloquence : les horaires, les cercles d'intervention des uns et des ordres obéissaient à un rituel invisible mais efficace.
« Aujourd'hui, tout cela est battu en brèche par la bouffe » nous dit un intellectuel marrakchi triste de voir l'alimentation spirituelle qui nourrissait l'imaginaire des natifs et des visiteurs emportée par la fumée aigre des grillades et autres vapeurs et odeurs... L'expression en vogue chez les visiteurs de Marrakech, c'est « on va manger à Jemaa El Fna ». Le cuistot l'a emporté sur le conteur désormais condamné au silence. Le site est devenu un gigantesque restaurant à ciel ouvert; redessinant la géométrie de la place au détriment des espaces réservés aux spectacles; celle-ci est envahie en outre d'une multitude d'activités et commerces hybrides destinés souvent à « arnaquer » le touriste pressé de marquer son passage par un geste fortuit qui n'a pas de suite.
L'irruption de l'écran géant du festival de Marrakech au sein de l'espace de Jemaa El Fna vient signifier que le lieu du spectacle est ailleurs avec d'autres stars ; d'autres formes de récit. La séquence d'ouverture du film kan Ya makan de Said C. Nacir, le dit d'une manière symbolique ; elle montre un braquage qui se déroule à Jemaa El Fna, à l'ancien siège de la banque du Maroc transformé pour les besoins du film en «banque du sud». C'est l'un des rares conteurs encore en activité, Mohamed Bariz, qui mène le récit. Le hold up n'est pas n'est pas une fiction, c'est toute un patrimoine qui en est victime.


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