Après les larmes, il ne reste que les mots pour exprimer sa douleur et sa peine après la disparition d'un être cher. Encore faut-il pouvoir le faire et arriver à croire à la valeur des mots pour transcender ses propres sentiments! Le camarade Azzouz El Hachimi n'est plus de ce monde. Aurait-il voulu que l'on parle de sa personne, lui dont la modestie était reconnue par tous ? Qu'il le permet; car c'est prolonger son action que d'en rappeler les motivations. Militant de la cause de son peuple, il ne pouvait souffrir la souffrance des autres. Professeur de médecine, l'éducation constituait pour lui la base angulaire de tout changement. Doukkali et fier de l'être, il vouait à la terre et au terroir le respect que l'on doit à la matrice originelle. Moderne, il l'était dans son comportement de tous les instants. Citoyen et démocrate, Azzouz le fût dans son action de proximité avec d'autres pour lever le voile de la souffrance et de l'exclusion sur d'autres citoyens qui n'avaient pas la conscience de l'être. Azzouz écoutait et agissait dans le silence. C'est par l'acte qu'il manifestait son adhésion, la parole venait alors expliquer l'action et lui donnait la force de la simplicité du naturel. C'est par le regard qu'Azzouz s'interrogeait et c'est par le regard qu'il acquiesçait. Son corps frêle semblait disparaitre devant l'immensité de son regard appuyé venant de ces yeux que le microscope n'arrivait pas à fatiguer. Azzouz, l'Anapath accordait sa science et son savoir à son existence. Il en est de la reconnaissance des anomalies des cellules et des tissus d'un organe pour effectuer le diagnostic des maladies du corps comme de l'analyse des attentes de l'individu dans sa famille et dans sa société. En comprendre les mécanismes, après l'observation des causes, a conduit Azzouz à l'engagement militant dans le parti des prolétaires, des damnés de la terre, des intellectuels engagés, des producteurs de richesse alors qu'ils sont dépourvus de «la saleté de ce monde». Exploités par le système hégémonique et dominateur, mais jamais vils dans leurs vies. Simples et dignes, ils vont à la reconquête du monde, pour le bien de toute l'humanité dans un élan de solidarité et de fraternité. Comprendre et s'informer pour bien agir et transformer. Azzouz lisait beaucoup plus qu'il ne mangeait. L'intellect le démangeait beaucoup plus que ses papilles gustatives ou le taux de leptine dans le sang. Par cela, c'est sa générosité qui s'en trouvait agrandie. Pour les autres, sa personne se laissait devancée sauf quand il s'agit d'agir. Il se trouvait au front pour défendre les pauvres, les déshérités, ses semblables soumis au sous développement et à ses carcans. Rigoureux dans sa tête, Azzouz l'était dans son action. Dans le calme, la sérénité et la discipline, il n'a jamais fait dans la contestation pour fuir ses responsabilités. Dans l'abnégation, il exprimait son adhésion et dans son action on devinait sa critique constructive. Mieux faire et prétendre à l'excellence le rendaient exigeant vis-à-vis de sa personne avant de l'être pour les autres. Exigence qui n'était pas dénuée de clémence et d'indulgence vis-à-vis de l'autre quand celui-ci cherchait l'émancipation et essayait de s'en sortir. Amoureux de l'art, il n'oubliait jamais d'attirer l'attention sur la beauté et l'esthétique. Il se délectait sans le faire savoir de la musique de son pays, celle où l'aigle s'offrait l'immensité des cieux et celle où le baroud mettait le colonisateur à bas. Une musique où la femme chantait autant que l'homme pour aller de l'avant, pour édifier les ponts d'airain vers une société égalitaire, juste et paisible. Azzouz traduisait dans l'acte l'espoir porté par cette population dont il était à l'avant-garde sans pour autant chercher ni remerciements ni gratifications. Au fait, par ton départ Azzouz, c'est une partie de nous même qui s'en est allée. A Dieu ...