Le Maroc change. C'est une réalité indéniable. A part sa géologie structurale et encore, le pays n'est plus le même. Sillonné d'autoroutes alors que ses routes nationales sont délaissées; des agglomérations presque partout sans urbanité; une augmentation du nombre des automobiles et des accidents de circulation en nette augmentation; des radars (même si leur plus grande majorité ne fonctionne pas) au bord des routes sans que le code de la route ne soit respecté; des grandes surfaces et des marchés bien achalandés et des échoppes qui gardent leurs clientèles fidèles au détail faute de moyens; une présence publique de la femme dans les postes d'autorité sans que la parité ne puisse être acceptée; des classes prépa un peu partout et un système éducatif agonisant; des sommes astronomiques en milliards qui se baladent entre les comptes bancaires et la mendicité dans les avenues; des places boursières où les cotations montrent que les classes sociales sont différenciées dans le pays; des banques dont le chiffre d'affaires est tel qu'elles s'expatrient pour oublier leur petite misère à l'intérieur alors que d'autres guichets participatifs veulent s'ouvrir; des bureaux de change partout comme les maisons de crédit ou de transfert d'argent; des marinas alors que la plaisance est une inconnue chez le plus grand nombre de la population; des aéroports régionaux avec une démocratisation du transport aérien sans que la RAM puisse annoncer une baisse des prix; une multitude de radios privées à tel point que l'audition est parasitée; des chaînes de télévision en couleur reçues sur des écrans géants et plats pour voir des matchs de foot beaucoup plus qu'autre chose qui n'existe pas dans l'imaginaire des Marocaines et des Marocains; des stades de football en relation avec les scandales des clubs, de leurs dirigeants et de l'ambition d'organiser un jour la coupe du Monde; quelques grands espaces verts urbains préservés malgré la spéculation immobilière; une utilisation du téléphone mobile extraordinaire beaucoup plus pour chater que pour communiquer; de la monétique qui se développe autant que les chèques en bois; une presse dont les unes se ressemblent et dont les ventes ne se comparent pas; des conditions climatiques qui changent dans le jour sans pour autant que les bulletins météo puissent s'adapter; des salles de sport pour maintenir la ligne, combattre la bedaine sans que l'alimentation ne change; des hammams qui se modernisent, des salons de coiffure qui s'agrandissent, des franchises qui s'installent même pour cuire du pain à l'instar de la gestion déléguée des régies d'eau et d'électricité; une jeunesse à l'image du pays dans ses couleurs, ses accoutrements et ses physionomies; une identité consignée sur une carte nationale biométrique obligatoire même si le vote ne se fait pas avec elle; un passeport sans visa, des résidents marocains à l'étranger qui reviennent ; des immigrés qui s'installent alors que des harragas veulent toujours passer outremer. Tout au Maroc a changé et tout va changer. Seul le jeu politique n'a pas changé même si l'alternance consensuelle est passée et que les deux chambres institutionnelles du parlement ont écouté la réponse du chef du gouvernement dans sa réponse à la discussion du bilan d'étape du gouvernement. Le discours a changé mais les positions restent les mêmes. Encore faut-il assumer et ne point s'enfermer dans cette rage dénigrante ou dans ce politiquement correct qui ne cesse de ronger le changement réel et égalitaire. Tout change mais structuralement, il reste beaucoup à faire pour que la politique change et puisse être au même niveau des changements que le Maroc connait.