Et pendant ce temps là, le cinéma continue. Le cinéma marocain continue de creuser son sillon, en effet, malgré un contexte institutionnel pour le moins flou... à ne pas comprendre dans le sens du flou artistique, mais plutôt politique. Oui carrément. C'est désormais un secret de polichinelle de dire que depuis au moins deux ans, le cinéma subit, par défaut, une sorte de blocage tendant à perturber son élan. Les initiatives tapageuses qui ont été lancées sous prétexte de régulation du secteur ont été une manière de rétrograder de vitesse, comme on dit pour un véhicule. Le silence officiel sur la question des salles de cinéma qui se réduisent à vue d'œil est une position politique implicite : pour ne pas attaquer le cinéma frontalement, après l'échec et le ridicule des tirs d'artillerie idéologique à partir de concepts stupides tels l'art propre, on cherche pernicieusement à étouffer le cinéma par en bas, en fermant les yeux sur la fermeture des salles ; rêvant de se réveiller un jour avec un pays, pâle copie de «da3ichland», sans cinéma et sans imaginaire ; sans rêve et sans évasion... sauf que le cinéma est une espèce mythologique ; elle simule la disparition pour mieux apparaître. Tel le phénix de la légende...