Il y a quelques années, si ce n'est des décennies déjà, pendant le tournant du libéralisme triomphant, Pierre Maurois, ancien dirigeant du PS français et ex-Premier ministre de Mitterrand, faisait la remarque suivante à ses camarades : «ouvrier, n'est pas un gros mot». L'emblématique militant issu de la région minière du nord voulait attirer l'attention de ses camarades sur l'absence de toute référence aux ouvriers, à la classe ouvrière dans le nouveau discours de la gauche française au pouvoir dès le début des années 80. Au-delà de l'anecdote, la remarque est révélatrice. Elle dénote un état de fait devenu de plus en plus probant. L'ouvrier est devenu le grand absent de l'espace public, de la mediasphère notamment.