On l'avait soulevé lors de la campagne électorale pour l'élection des membres de la chambre des conseillers dans sa nouvelle configuration. «Des pratiques malsaines risquent de remettre en cause la légitimité de cette institution», avait-on fait remarquer. Et voilà le verdict qui confirme notre mise en garde. Certains conseillers ont recouru à des moyens illégaux, notamment l'utilisation massive de l'argent, pour recueillir les voix des grands électeurs. C'est un secret de Polichinelle. On a vu comment des conseillers, condamnés pour corruption électorale dans des procès qui resteront dans les annales des élections dans le pays, ont pu assurer un retour à la deuxième chambre. On a vu comment des conseillers cités dans des affaires louches sous le toit la coupole lors du précédent mandat ont pu arracher leur siège. On a vu comment des alliances contre nature ont été scellées dans certaines régions pour baliser la voie à certains conseillers en vue de retourner à cette institution. Celle-ci aura de nouvelles prérogatives, mais sa mise en place a été émaillée par de vieilles pratiques malsaines ayant la peau dure. Le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), Mohamed Nabil Benabdallah a été on ne peut plus clair là-dessus. Il a vigoureusement dénoncé le recours à l'argent pour se faire élire dans certains collèges, appelant à revoir la configuration de cette institution, son rôle dans le circuit législatif, allant même jusqu'à demander sa suppression pure et simple. Il faut dire que depuis le fameux tiers qui était élu indirectement à la première chambre, en passant par la deuxième chambre dans son ancienne configuration (270 membres), jusqu'à la mise en place vendredi de cette institution selon les dispositions de la constitution de 2011, les mêmes pratiques sont malheureusement utilisées pour y siéger. Et au bout du compte, c'est le processus électoral dans le pays qui est sapé. C'est l'image de la démocratie qui est ternie. Bref, c'est l'action politique qui se vide de son sens noble. Jusqu'à quand ? Telle est la question.