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Du cinéma colonial au cinéma social
Publié dans Albayane le 12 - 02 - 2016


Le paradigme de la domination
«Un affamé, un humilié, il faut le montrer avec son nom, son prénom et ne pas raconter une histoire avec un affamé, un humilié...car à ce moment tout change, tout est moins efficace, moins moral».
Filmer la société est une problématique récurrente, nourrissant souvent ce que l'on appelle la querelle des images, à travers le temps (l'évolution du cinéma) et l'espace (chaque société réagit différemment aux images) ; en débattre aujourd'hui au Maroc est légitimé soit par l'ampleur du débat que suscitent des films confrontés directement à certains aspects de la vie sociale, soit par l'ampleur du vide qui caractérise la présence de certaines catégories sociales (les ouvriers par exemple) dans le corpus filmique marocain. En outre c'est un thème (cinéma et société) susceptible de mobiliser une approche transversale enrichissante, réunissant anthropologues, spécialistes des sciences sociales, critiques et chercheurs dans le cinéma.
L'actualité immédiate plaide en outre en faveur du sujet. Le cinéma a été au cœur de grandes polémiques impliquant justement la question du rapport à la société. L'année écoulée (2015) a été marquée par deux faits majeurs qui pourraient éclairer notre propos par des illustrations éloquentes. En France, au moins de décembre, La vie d'Adèle d'Abdel Kechiche s'est vu retirer l'autorisation d'exploitation, en d'autres termes une interdiction pure et simple de toute distribution dans les salles ou tout autre support. Au Maroc, le film de Nabil Ayouch a été interdit dans des conditions qui en disent long sur notre époque. Deux interdictions qui attestent que les images continuent de susciter des réactions passionnées, au-delà des contingences et des procédures. En France, le pays qui a vu naître le cinéma, le film de Kechiche a été interdit après un long feuilleton judiciaire qui a abouti à la décision du conseil d'Etat. Au Maroc, c'est une campagne inédite tant par son ampleur que par son contenu qui a amené les autorités de tutelle à agir avant même que le film ne postule à une autorisation de sortie. Les réseaux sociaux numériques ont été instrumentalisés dans une entreprise liberticide. La société a dicté à l'Etat une position au détriment des règles de fonctionnement élémentaire de l'Etat de droit. Nous sommes passés en fait d'une censure par en haut (via les instances habilitées par la loi) à une censure par en bas. Je rappelle le précédent passé presque inaperçu où Un film de Mohamed Achaoer a été retiré des salles suite à la pression du public sur l'exploitant disposant pourtant des autorisations officielles. Le recours au concept de « panique morale » forgé par des théoriciens anglo-saxons peut aider à comprendre comment la rencontre avec certaines images expriment la diffusion d'un sentiment d'anxiété généralisé à la suite de bouleversements profonds de la société en termes de valeurs et de modes de vie.
Il serait alors utile de situer cette problématique dans une perspective historique pour l'inscrire dans une historicité où elle rejoindrait les grandes questions intellectuelles qui traversent notre champ culturel. Et en convoquant dans ce sens le cinéma colonial dans un débat dédié au rapport cinéma et société au Maroc, je me trouve d'emblée dans la position de formuler une première hypothèse : du cinéma colonial d'hier au cinéma social d'aujourd'hui, je constate la permanence du même paradigme ; celui d'une relation dictée par des rapports de domination, colons/colonisés ; dominants/dominés. En quelque sorte on continue à produire la même économie politique des images ; ici on filme les indigènes, là on filme les prostitués, les pauvres, les paumés, les parias et les exclus du système. C'est-à-dire ceux qui sont dépourvus de possibilités, d'accès aux moyens de production des images. L'autre est cantonné dans une position d'objet nourrissant le même désir d'exotisme : hier, un exotisme géographique et folklorique ; aujourd'hui un exotisme social. La relecture d'Edward Saïd est toujours d'actualité, l'orientalisme change de forme mais garde le même esprit.
Un péché originel qui pèse certainement sur un cinéma né dans la confrontation historique et qui tarde encore à trouver ses repères d'ancrage au sein de la fiction nationale. La révolution numérique est peut-être en train d'ouvrir une brèche dans ce rapport de forces. Ceux d'en bas envahissent les réseaux sociaux par des images qu'ils volent à l'ordre dominant.


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