«La lampe éclaire le livre pour se prêter à la lecture!», disait l'un. «Sans livre, la lampe n'éclaire pas pour se frayer la bonne direction !», enchainait l'autre. L'un et l'autre, c'était un livresque et un lampiste, parmi les membres des directions nationales respectives du PPS et du PJD qui prenaient part à la rencontre de concertation, tenue samedi dernier à Rabat. L'événement était historique, de l'avis de l'imposant parterre des partenaires et de l'immense contingent des journalistes en présence. De bout en bout, l'ambiance collective était à la fois bon enfant et incitatrice à la continuité, de la même longueur d'onde. Fort auréolées de leur fluidité et de leur prestation, les deux parties ne cachaient guère leur entrain jubilatoire. Des mots-clés marquaient leurs propos respectifs, lors de leur échange, serein et cordial : sérieux, franchise, moralité, audace, probité, coexistence...Des concepts qui, sans doute, échappent à bien d'autres, mais demeurent, sans doute, le fondement de leur conduite et constituent le secret de cette belle alliance «contre-nature», résistant, non sans peine, aux ouragans des impostures. Loin de verser dans un narcissisme démesuré ni un satisfecit béat, les deux alliés transcendent les divergences et se focalisent sur les commodités des questions publiques, jusqu'à terme, sans dérobade ni désengagement. Un bel exemple d'hétéroclisme inédit pour un dessein commun qui anime fortement ses deux constituantes dont le passé, quoique divergent, renfermaient des modules similaires, en termesd'adéquation aux réalités de la société marocaine et de transition d'une ère «roide» à une ère plus «dégagée» afin d'assurer la survivance, sans pour autant se démarquer de son référentiel. La singularité de cette capacité de vivre ensemble, en dépit des exigences identitaires et des résistances psychiques, réside en cette résolution unioniste spectaculaire de mettre l'intérêt suprême de Nation et du Peuple au-dessus de toute autre considération. En fait, comme cela a été confirmé par nombre d'intervenants de part et d'autre, il ne s'agit pas de conflit idéologique qui s'opère actuellement dans notre pays, mais, bel et bien, un combat entre les forces de la démocratie, de la justice sociale, du progrès économique, en parfaite harmonie avec la monarchie et celles de la dépravation, de l'hégémonie, de la balkanisation, de la liquidation de l'autonomie de l'action partisane... A aucun moment non plus, il n'était nullement question de se conduire en cavalier seul dans cette expérience dont le bilan est largement positif. Mais, en compagnie des composantes de la majorité et celles de l'autre camp qui voudraient emprunter la voie de la délivrance de l'étau du monopole. La poursuite de ce long chemin est tributaire de la détermination et de l'authenticité de ces multiples constituants de la coalition nationale pour le parachèvement de la question de l'intégrité territoriale, l'élargissement des libertés démocratiques, l'instauration d'autres générations de réformes, l'enraiement de toutes formes de mainmise, de disparité sociale et spatiale, de perversion...