Le 24 février, le Maroc déposait sa demande d'adhésion à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO). C'est l'un des changements majeurs qui donnent une nouvelle dimension à la commémoration de ce 18e anniversaire de l'accession au trône du roi Mohammed VI. Objectif affiché : poursuivre l'intégration régionale du Maroc et contourner une Union du Maghreb arabe éteinte. Actuellement,Rabat bénéficie du statut d'observateur, mais souhaite aujourd'hui prendre pleinement part aux décisions économiques ouest-africaines. Cette demande du Maroc qui s'inscrit ainsi dans la continuité de la coopération Sud-Sud a quasiment été entérinée puisque l'accord de principe a été obtenu le 4 juin 2017. Une commission au sein de cette organisation examine actuellement les implications de l'adhésion de Rabat, notamment économiques, commerciales, politiques, et sécuritaires. Ses conclusions seront présentées au prochain sommet de l'organisation. Mais depuis l'octroi de l'accord de principe, des lobbys s'activent pour bloquer l'adhésion du Maroc. Lundi 24 juillet, une réunion a été tenue pour évaluer justement l'impact de l'adhésion du Maroc à cette organisation. Le Nigeria, un des piliers de la CEDEAO, a brillé par son absence. En effet, aucune délégation n'a été dépêchée pour prendre part à cette réunion qu'elle abritait pourtant. En cause, la pression exercée par des lobbys nigérians pour pousser leur gouvernement à rejeter la demande de Rabat. Le Maroc est vu comme un concurrent pouvant chambouler la carte d'influence en Afrique de l'Ouest, en contrebalançant particulièrement le poids du Nigéria, considéré jusque-là comme l'incontournable géant de l'Afrique. Pourtant, les relations entre les deux pays tendent à se renforcer depuis le lancement du projet de gazoduc qui les reliera. Quoi qu'il en soit, de nombreux arguments plaident en faveur de la demande du Maroc, considérée comme la suite logique de son retour à l'Union africaine. Sur le plan économique, le Maroc est déjà présent en force sur le marché africain. Dans les pays de la CEDEAO, l'investissement marocain a représenté 51% de l'ensemble des flux sortants vers le continent sur la période 2007-2015. De plus, le Maroc pourrait apporter son expertise dans le domaine industriel, agricole et financier. L'apport du Royaume sera aussi considérable en termes de contribution à la sécurité de la région. Le Maroc est également vu comme un pont d'accès au marché européen. Reste à savoir si cette organisation peut accueillir un pays n'appartenant à la région de l'Ouest. Des Etats-membres, en l'occurrence la Cote d'Ivoire, ne voient pas dans la non-appartenance à cet espace géographique un frein à l'intégration du Maroc à la CEDEAO. Le ministre du tourisme ivoirien a déjà affirmé que l'adhésion du Maroc sera approuvée quitte à réviser les textes régissant cette organisation. Actuellement, la CEDEAOest limitée aux pays de l'Afrique de l'Ouest. En effet, le texte fondateur de cette organisation stipule que «la communauté vise à promouvoir la coopération et l'intégration dans la perspective d'une Union économique de l'Afrique de l'Ouest». Mais il ne s'agit pas uniquement d'accepter un membre n'appartenant pas à la zone ouest. De nombreux défis se posent comme la gestion de la migration sous l'effet du principe de libre circulation des ressortissants des pays membres avec un passeport et une carte d'identité CEDEAO. Economiquement, il faudra concilier les différents accords de libre-échange en vigueur au Maroc. L'instauration du tarif extérieur commun (TEC), mis en place par la CEDEAO depuis 2015, s'impose donc. Hajar Benezha Les avantages pour le Maroc L'intégration du Maroc à la CEDEAO obéit à une logique «gagnant-gagnant». En effet, la CEDEAO, qui compte actuellement 15 Etats membres, constitue un marché prometteur avec un PIB global de 700 milliards de dollars, soit près de 30% du PIB de tout le continent. C'est aussi l'entrée sur un marché de plus de 350 millions de consommateurs.