Mohamed Nait Youssef « Tout passe et tout demeure », écrivait Antonio Machado. Dans le monde des vivants, seules les traces demeurent ; les traces de ceux qui ont laissé une empreinte profonde après leur passage dans l'ici-bas. Ces derniers temps, des étoiles filantes dans le ciel de la culture, des arts et des médias se sont éteintes, à jamais, pour rejoindre d'autres horizons plus vastes, cléments. Après les disparitions de Abdallah Stouky, Noureddine Saïl, Abdallah El Amrani ou encore Khalil Hachimi Idrissi, c'était le tour de Omar Salim qui rendit l'âme lundi dernier. Certains départs sont difficiles à accepter. Or, c'est ainsi que l'architecture de la vie est faite. Des parcours et des profils différents, une seule passion. Ces grands journalistes et personnalités culturelles ont quitté cette vie après avoir tout donné...ou presque. Ces plumes et voix incontournables ont accompagné des générations qui ont découvert tant de choses grâce à eux. Certains ont même grandi avec eux. Ils ne sont plus à présenter. Au-delà de leur apport dans l'essor de la pratique journalistique dans notre pays, les regrettés ont immortalisé leur présence en laissant derrière eux des livres à lire et à relire : «La Concubine», roman de Omar Salim, « L'Ombre du chroniqueur » de Noureddine Saïl, où la lettre « a » est absente du début à la fin, un clin d'œil à la Disparition de Georges Pérec, où il n'y avait pas la lettre « e ». Sans oublier bien entendu «L'homme qui tua la lune», roman de Abdallah El Amrani, fondateur des hebdomadaires «Al Massir» et «La Vérité» ou encore les « Billets Bleus » chroniques marocaines 1994-2000 de Khalil Hachimi Idrissi, édités en 2005 chez Eddif. Certes, chaque époque a ses hommes et femmes. Mais, en ces temps de morosité tenace, notre scène culturelle et médiatique a, incontestablement, besoin, plus que jamais des voix et des plumes audacieuses, libres et créatives. Merci à vous pour toutes ces années !