Nabil El BOUSAADI Après avoir ordonné le déploiement d'une douzaine de bateaux de guerre de l'US Navy et placé 2000 soldats en état d'alerte dans la région « afin d'augmenter la capacité de la Défense américaine à répondre rapidement à une situation sécuritaire évolutive au Moyen-Orient », le président américain Joe Biden est arrivé, ce mercredi, en Israël. Mais en intervenant au lendemain du bombardement d'un hôpital de la ville de Gaza ayant fait entre 200 et 500 morts, selon différentes sources, ce déplacement, qui se voulait être une visite de « solidarité » destinée à éviter « davantage de tragédie » aux civils, et permettre au chef de la Maison Blanche de s'ériger en rempart face aux risques d'escalade en se présentant, à la fois, comme le garant de la sécurité d'Israël et « le meilleur espoir des civils palestiniens » n'a pas eu les effets escomptés. La raison en est qu'après l'affaire « imaginaire » des « 40 bébés décapités par le Hamas » qu'il s'était permis, la semaine précédente, de brandir à la face du monde entier sans aucune preuve mais avec la même assurance, la même détermination et le même esprit guerrier qu'avait déployé l'administration Bush à propos des fameuses armes de destruction massives de Saddam Hussein qui avaient été le prélude à l'invasion de l'Irak, voilà que le président Joe Biden fait sienne, sans la moindre hésitation, la thèse de Tsahal niant toute implication dans le bombardement dudit hôpital. Il n'en fallait pas plus pour que la Jordanie se voit contrainte d'annuler le sommet d'urgence qui devait réunir le président américain, le roi Abdallah II, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le dirigeant de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et de faire, ainsi, tomber à l'eau le voyage du président américain. Mais, en considérant qu'étant donné que le Président Joe Biden n'a pu rencontrer, au cours de son voyage, aucun autre dirigeant à l'exception du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, le chef de la Maison Blanche aura beaucoup de difficultés à s'ériger en médiateur dans le conflit qui déchire le Moyen-Orient, même si, la veille, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken avait rencontré, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Amman, en Jordanie, John Kirby, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, a essayé d'arrondir les angles en déclarant que l'annulation de la rencontre initialement prévue avec les dirigeants arabes de la région est une décision consensuelle et en signalant que le président Joe Biden va s'entretenir, au téléphone, avec le président égyptien et le président de l'Autorité palestinienne durant le vol qui le ramènera aux Etats-Unis mercredi soir. Que va-t-il pouvoir leur raconter qu'ils ne connaissent déjà, quand, dans le discours qu'il a prononcé, ce mercredi à Tel Aviv, il s'est résolument rangé du côté de l'Etat d'Israël non seulement en appuyant sa version affirmant que la frappe effectuée la veille sur l'hôpital de Gaza serait « le résultat d'une roquette hors de contrôle tirée par un groupe terroriste à Gaza » – entendez, par-là, l'organisation palestinienne Jihad Islamique, alliée du Hamas – alors même que cette dernière a démenti cette information mais, aussi, en pleurant toutes les victimes israéliennes tout en ignorant les autres même si leur nombre est beaucoup plus important et, surtout – et c'est là où le bât blesse ! – en déclarant expressément qu' « à la suite des atrocités innommables commises par les terroristes du Hamas, Israël doit rétablir son statut de refuge pour le peuple juif » ? Qu'en sera-t-il, en ce cas, de la présence des Palestiniens sur cette terre qui leur a été arrachée par la force ? Joe Biden n'y répond pas mais son message est clair au terme de ce discours qui est le plus pro-israélien jamais entendu à la Maison Blanche. Alors attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI