Nabil EL BOUSAADI Si la guerre d'Ukraine avait révélé l'existence d'une grande fracture entre les pays occidentaux, pour la plupart fidèles à Washington, et cette partie du reste de la planète qui avait refusé de condamner l'offensive lancée par Moscou contre Kiev, le moins que l'on puisse dire c'est que l'attaque perpétrée, le 7 Octobre 2023, par le Hamas, contre l'Etat d'Israël, a accentué cette division du monde, en ancrant davantage dans l'esprit d'un grand nombre de pays, que les Etats-Unis et leurs alliés font montre d'une grande hypocrisie car, bien qu'ils s'étaient profondément indigné quand la Russie avait « bombardé » des civils en Ukraine, ils se sont empressés de justifier le droit d'Israël à « se défendre » et l'ont même encouragé à pilonner, sans relâche, la population civile enfermée dans cette prison à ciel ouvert dénommée Gaza. Cette politique du deux poids-deux mesures étant du pain béni pour ces ennemis-jurés de Washington que sont la Russie, la Chine et l'Iran, notamment, rien n'empêche, désormais, ces derniers de souffler sur les braises afin d'accroître leur influence auprès des Etats qui étaient déjà peu enclins à suivre aveuglément l'Oncle Sam. Ainsi, au moment même où le président américain Joe Biden s'était rendu en Israël pour lui apporter un soutien « inébranlable », le président russe Vladimir Poutine était reçu, en grandes pompes, à Pékin, par son homologue chinois Xi Jinping ; les deux dirigeants étant persuadés qu'après le conflit d'Ukraine et les tensions dans le Pacifique, l'ouverture d'un nouveau front au Proche-Orient ne pourrait qu' « affaiblir » Washington dont les ressources militaires ne peuvent pas être inépuisables. Voulant profiter de cette occasion pour renforcer son emprise au Moyen-Orient, une région stratégique pour son approvisionnement en pétrole, la Chine, qui n'avait jamais « condamné » la Russie pour son assaut contre l'Ukraine mais qui ambitionne de s'imposer comme une puissance pacificatrice, « sans invective mais avec de la distance », n'a pas condamné le Hamas dimanche 8 Octobre au Conseil de Sécurité mais déclaré qu'Israël, qui a « dépassé les limites de la légitime défense », se doit de respecter le droit international. Une telle position n'ayant pas été du goût de Washington, en se déplaçant, ce lundi, à Pékin, le chef de la majorité au Sénat américain, le démocrate Chuck Schumer, pour lequel cette déclaration ne montre « aucune sympathie pour Israël dans cette difficile période de troubles », a invité son homologue chinois ainsi que le peuple chinois à se « tenir aux côtés du peuple israélien et à condamner ces attaques lâches et vicieuses ». Mais si, dans sa réplique, le ministre chinois des Affaires étrangères a remercié son hôte pour avoir bien voulu « respecter (leurs) différences de point de vue », force est de reconnaître qu'en répondant de la sorte, le chef de la diplomatie chinoise a mis à nu, ce flagrant parti-pris américain qui fait des Etats-Unis une puissance belliqueuse tout en donnant à la Chine l'occasion de s'ériger en négociateur de paix notamment après avoir contribué au rapprochement entre l'Iran et l'Arabie Saoudite. Enfin, si pour démontrer sa fiabilité auprès de ses alliés tout en soignant son électorat religieux sur le plan intérieur, le président Joe Biden, qui rêve d'accomplir un second mandat, n'avait pas d'autre alternative que celle de s'engager aux côtés d'Israël, le réengagement des Etats-Unis au Proche-Orient pourrait aussi ouvrir de larges brèches côté américain mais attendons pour voir...