La mairie de Casablanca est sur la sellette pour sa gestion des affaires locales de la capitale économique du pays. Des projets présentés au Souverain en 2006 dans le cadre du programme de la vision «Casa2010» demeurent encore en souffrance ou échoués. C'est ce constat des lieux qui aurait poussé les responsables de tutelle à provoquer samedi une réunion d'urgence avec les décideurs de Casablanca. La réunion était prévue au siège de la wilaya de Casablanca, le samedi à 11 heures, selon des sources du Conseil de la ville, mais in extrémis, elle s'est déroulée, le même jour, au siège du ministère de l'Intérieur à Rabat. Joint au téléphone, Ahmed Brija, premier vice-président du Conseil de la ville, n'a pas donné de précisions à propos de l'ordre du jour de ladite rencontre. L'information a circulé durant le weekend comme une trainée de poudre dans les différentes zones de Casablanca. S'agit-il d'une colère royale contre la gestion des responsables locaux ? Car le séisme ayant secoué l'administration locale d'Al Hoceima est toujours à l'esprit. La question revient avec acuité dans la mesure où les responsables-élus de la ville ont été écartés vendredi du projet de réhabilitation de l'ancienne médina, alors que la Direction générale des collectivités locales (DGCL) est partenaire. La réhabilitation de l'ancienne médina est un projet de proximité en relation directe avec la vie des citoyens, de la Métropole, de son image et de son histoire. Alors que la mairie de la ville n'est pas impliquée ! Les Casablancais et les habitants de la ville blanche trouvent l'explication dans la défaillance des projets auxquels ils assistent et suivent avec angoisse. C'est ce même Conseil qui a été rendu coupable de la dégradation de la situation dans la ville quelques semaines avant les communales de 2009 à la suite d'un procès symbolique intenté au Bureau de la mairie par les partis de la Gauche de Casablanca, le PPS, l'USFP, le PSU, le PADS, le CNI et le PS. Aujourd'hui, le constat est sans appel. En témoignent le bilan du programme «Casa2010» présenté au Souverain en 2006 et le slogan «Casablanca en chantier» brandi la même année. L'enveloppe budgétaire du programme en question était de l'ordre de 3.250.000.000 dirhams et les travaux devaient être achevés cette année. Ces projets concernaient notamment la construction de tunnels sur les axes Roudani-BirAnzarane, la Résistance, Abderrahim Bouâbid et au niveau du rond-point Chimicolor. Sur les quatre tunnels prévus, un seul a été réalisé avec des défaillances qui ont été soulevées juste après les premières pluies (inondations), selon des architectes de la place. De même, la vision «Casa 2010» prévoyait la nécessaire réorganisation du transport urbain en commun par grands et petits taxis ainsi que les bus. Quatre ans plus tard, le secteur plonge toujours dans l'anarchie. L'entreprise délégataire «M'dina Bus» ne respecte toujours pas le cahier des charges et les opérateurs du privé, dont pourtant les conventions sont arrivées à échéance en décembre dernier, continuent de rouler la Métropole au lieu de rouler correctement. La vision «Casa 2010» prévoyait également la valorisation de l'espace public, la création des espaces verts, de loisirs et de divertissement et une cohésion sociale en parfaite harmonie avec la cohésion urbaine. Aujourd'hui, les résultats sont là. Les parcs d'attraction de la ville se trouvent dans une situation complètement dégradée, les lieux qui devaient être érigés en espaces verts ont été bouffés par la brique et la pollution atteint des seuils d'urgence dans plusieurs zones de la Métropole, qui est de plus en plus urbanisée et de plus en plus polluée. Il faut dire qu'hormis les grands projets structurants lancés par l'Etat dans la Métropole, ceux programmés par le Conseil de la ville sont défaillants.