La violence est d'abord un problème social sur lequel se greffent en permanence différents discours (partisan, idéologique et politique) et l'on peut affirmer que dans toute société organisée, elle revêt des formes diverses. Aussi, la première tâche d'un sociologue est de définir précisément et scientifiquement ce phénomène, le quantifier en usant de l'outil statistique, le qualifier en s'appuyant sur des techniques appropriées. Il lui appartient d'en identifier les causes profondes en demeurant fidèle à « l'éthique de conviction », d'en repérer les mutations et d'en débrouiller les enjeux. Ceci dit, la violence peut être physique, verbale ou symbolique. Il va sans dire que tout observateur attentif peut relever des cas abondants de la violence dans les rapports sociaux développés dans la vie quotidienne. Il en va de simples altercations entre individus (un automobiliste klaxonnant à l'envi sans égard pour les autres), des noms d'oiseau proférés immodérément à l'endroit de l'Autre parce qu'il serait différent, de la médisance orientée entre voisins, le commérage malveillant et manifeste, de la violence conjugale ou plus généralement faite aux femmes et aux plus faibles. La violence peut se manifester de même au sein des institutions (dont la vocation est de socialiser les individus) comme à l'école, au sein du milieu de travail ou dans le cadre d'une activité sportive par exemple. Quand le respect faillit, quand les valeurs sociales s'épuisent, quand la foi que nous pourrions avoir en les institutions n'est plus qu'un vain mot, tout ce qui est attentatoire à l'Autre peut être considéré comme des avatars de la violence et de la déconsidération. La drogue, la télévision «globalisée» avec son cortège d'images choc et de faits divers médiatisés, l'effet de groupe ou de bande (violences urbaines) peuvent inciter à des comportements déviants pouvant se muer en violences caractérisées (vols, viols, agressivité). Dans tous les cas le sociologue est porté à rechercher les causes éminemment sociales de ce phénomène qu'il imputerait aux carences éducatives, à la pauvreté et à l'affaiblissement du lien social. Il doit en toute circonstance prendre en considération les changements sociaux qui affectent notre société contemporaine (urbanisation accélérée, mondialisation et féminisation grandissante de tous les rouages de la vie professionnelle…). Si la sociologie a une vocation, ce serait de caractériser le phénomène de la violence, de l'expliquer et d'aider à sa compréhension sans jugement de valeurs et sans céder à la tentation de la vox populi. *Sociologue