Le 1-er Forum des Caisses de dépôt, tenu vendredi à Marrakech avec la participation des membres des organes de gouvernance des caisses de dépôt d'une quinzaine de pays d'Europe, d'Afrique et d'Amérique Latine, a été marqué par la signature de la Charte du Forum par les membres fondateurs. La Charte énonce les principes fondamentaux et constitue un socle fondateur d'une réflexion plus approfondie sur la forme organisationnelle du Forum, et le consacre en tant que réseau d'échanges et plateforme de coopération entre les Caisses de dépôt sur des projets opérationnels et de dialogue avec les acteurs du marché, partenaires de ces institutions. Le document prévoit la mise en place d'un comité de coordination qui aura pour mission de se pencher sur le programme d'activités du Forum et sur ses aspects organisationnels, notamment en termes de statut juridique. Aux termes de ladite Charte, le Forum se tient tous les deux ans et constitue l'activité phare du réseau des Caisses de dépôt. D'une portée mondiale, il doit ainsi se concentrer sur une thématique définie afin de promouvoir le modèle économique des Caisses de dépôt et de défendre leurs spécificités auprès des différentes audiences (épargnants, autorités de contrôle et de régulation, institutions financières partenaires multilatérales, bilatérales ou nationales). Des synergies seront à rechercher avec le Club des Investisseurs de long terme et l'Institut mondial des Caisses d'épargne, notamment sur l'élaboration de principes et de positions communes à défendre s'agissant des comportements d'investisseurs, avec des engagements de passif sur des horizons de long terme. Des acteurs de référence Ce forum, initié par la Caisse des Dépôts et de Gestion -CDG- était une opportunité d'engager une réflexion autour du thème générique : « Rôle des Caisses de dépôt: quelle épargne pour l'investissement de long terme?". Les Caisses de dépôt ont toujours été "des acteurs de référence" au service de l'intérêt général et du développement économique. Pour le ministre délégué chargé des Affaires économiques et générales, Nizar Baraka, es institutions, de par la stabilité de leurs ressources et leur ancrage dans les économies, ont su, chaque fois que cela était nécessaire, réinventer leurs missions pour répondre avec responsabilité aux plus hautes priorités. La tenue au Maroc de cette rencontre d'une grande envergure est "pour nous un symbole fort" et "un choix auquel nous sommes extrêmement sensibles", a-t-il dit, faisant observer que ce grand événement, placé sous le Haut Patronage de SM le Roi, est à la fois une reconnaissance des avancées que le Royaume a pu accomplir, ainsi que la manifestation de la volonté de faire du Maroc un espace d'échange ouvert sur les grands ensembles économiques du monde. La CDG, a-t-il expliqué, est à la fois un partenaire privilégié dans l'action et un opérateur de référence qui, par un emploi utile et pertinent de l'épargne nationale, répond efficacement aux problématiques de développement socio-économique que connaît le Maroc. Il a, dans ce cadre, signalé que la dernière décennie a vu le Maroc entreprendre des réformes structurelles qui ont permis d'impulser une forte dynamique de transformation pour tendre vers une économie plus compétitive, plus attractive et complètement ouverte. Cette dynamique de réforme a pour objectif de conforter un modèle de développement qui s'articule autour de quatre axes que sont la consolidation d'une croissance endogène forte, le renforcement du Maroc en tant que plateforme régionale d'investissement et d'exportation, le développement de mécanismes de solidarité au niveau social, spatial et générationnel à travers le développement durable, et le renforcement de la capacité des acteurs, a ajouté le ministre. Un véritable levier Pour sa part, le ministre de l'Economie et des Finances, Salaheddine Mezouar, la CDG intervient aujourd'hui activement dans l'économie nationale et représente "un véritable levier" de développement, de par ses importants atouts et son expertise acquise tout au long des cinquante années de son existence en matière d'ingénierie et de montages financiers. Grâce aux réformes entreprises ces dix dernières années, le Maroc aborde avec confiance le projet de mise en place de "Casablanca Finances City" qui permettra de hisser la place financière de la Capitale économique du Royaume au rang des places financières régionales et favorisera son rayonnement et son positionnement régional, a précisé M. Mezouar. De son côté, le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a rappelé que la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) constitue le "fer de lance" du développement socio-économique au Maroc. En tant que président de la Commission de surveillance de la CDG, "je salue le rôle actif que joue cette institution en tant que fer de lance du développement économique et social au plan national et acteur majeur dans la collecte de l'épargne". Le thème de la rencontre, a-t-il souligné, est d'autant plus d'actualité que "le monde renoue progressivement avec la croissance et que nos pays font face à d'importants besoins en investissements qui nécessitent inéluctablement un système financier plus efficient". Modèle économique des caisses Anass Houir Alami, DG de la CDG, a relevé que la thématique de ce forum comporte un questionnement sur la nature et le modèle économique des caisses de dépôt, leur place dans le paysage financier et économique, et un autre sur les créations de valeurs que ces institutions génèrent pour la croissance et les besoins sociaux à long terme. La CDG est "capable d'assumer la gestion de fonds totalement inexplorées par d'autres acteurs financiers", faisant observer que ces fonds requièrent une capacité à gérer des engagements sur le long terme en leur apportant une sécurité financière et une stabilité institutionnelle, tels le Fonds d'entraide familiale ou encore le Fonds catastrophes naturelles, récemment mis en place par l'Etat marocain. La Caisse de dépôt et de gestion a également joué un rôle prépondérant dans "la maturation" du secteur financier et dans le développement territorial, a signalé M. Alami pour qui la CDG intervient dans une logique d'accompagnateur des politiques publiques en investissant dans des projets structurants où le marché est "peu mature". Dans ce cadre, il a indiqué que la CDG a fortement contribué, dès sa création, à l'essor des capacités touristiques du Maroc et à l'élargissement de l'offre immobilière urbaine, notant qu'aujourd'hui, la construction de la ville nouvelle de Zenata, l'aménagement du pôle urbain d'Anfa et le renouvellement du centre urbain d'Oujda, témoignent de la légitimité que cette institution a acquise dans le domaine du développement territorial de long terme.