Invité hier, mardi, lors du Forum de la MAP, le ministre de l'énergie, des mines, de l'eau et de l'environnement a confirmé la position précédemment exprimée par son département, y rajoutant une pointe d'optimisme. «Personnellement, je suis confiant quant aux découvertes de gisements pétroliers au Maroc. Cependant, les découvertes qui pourraient se faire lors des trois prochaines années ne feront pas du Maroc un pays pétrolier mais devront alléger sa facture énergétique», a-t-il affirmé. Venu détailler les dessous de la transition énergétique qu'opère le Royaume, Amara a expliqué que les mesures de cette transition s'étaient imposées d'elles-mêmes. «La transition énergétique est un choix qui s'est fait dans la douleur, notamment après les coupures qu'a connues le Maroc en 2007 et 2008», a-t-il déclaré, ajoutant que ces coupures ont mis la lumière sur la précarité énergétique dont souffre le pays. En 2008, le Maroc importait la quasi-totalité, soit 97,47%, de ses besoins en ressources énergétiques. En 2013, ce chiffre a baissé pour atteindre 93,61% et, selon les prospections du département de Amara, cette proportion ne devrait pas dépasser 85,44% en 2025. Globalement, pour atteindre cet objectif, le ministre de l'énergie mise sur ce qu'il a décrit comme un «mariage entre les énergies renouvelables et le gaz naturel», mais aussi sur la multiplication des prospections pétrolières. En ce qui concerne les énergies renouvelables, le potentiel du Maroc dans le secteur est indéniable. Cette rencontre du ministre avec la presse intervient quelques jours seulement après la publication du rapport du groupe britannique FC Business Intelligence LTD, qui place le Maroc au troisième rang dans le classement des pays les plus prometteurs en matière d'énergie heliothermodynamique (type d'énergie solaire thermique) derrière les Etats-Unis et l'Afrique du Sud. Le ministre a donc confirmé que c'est justement vers ce type d'énergie que sont concentré les efforts des acteurs du secteur «Nous nous engageons dans le chantier de l'énergie solaire thermique. C'est un investissement très important mais qui est tout à fait rentable pour le pays», a-t-il déclaré, soulignant que les projets entrepris par l'Agence marocaine d'énergie solaire (Masen) connaissaient un engouement exceptionnel de la part d'investisseurs étrangers. Amara s'est dit très confiant quant à la rentabilité des projets solaires de la Masen, prévoyant qu'ils dépasseront l'objectif des 2000 mégawatts. Le ministre a annoncé, par la même occasion, l'ouverture dans les semaines à venir du marché de la moyenne tension en matière d'énergie renouvelable aux investisseurs privés. Cette ouverture à la concurrence devrait donner lieu à la création d'un régulateur pour contrôler un marché unanimement qualifié de «prometteur». La deuxième décision stratégique que suppose la transition énergétique du Royaume est la restructuration de l'énergie fossile pour introduire le gaz naturel liquéfié (GNL). «En matière d'énergie fossile, le Maroc se base actuellement sur le pétrole et le charbon alors que le gaz naturel est plus rentable», a argumenté le ministre. Rappelant que la feuille de route pour l'introduction du gaz au Maroc est prête et devrait bientôt être rendue publique, Abdelkader Amara a annoncé que les premières gouttes de GNL devraient arriver au Maroc à l'horizon 2020. Concernant la prospection de gisements pétroliers, le ministre a affirmé que le Maroc pouvait passer d'un «pays frontière» à un «pays prometteur». «Le Maroc dispose de 900 km de bassins sédimentaires, dont seulement 400 km font l'objet de prospections», a-t-il expliqué. Le défi serait, selon le ministre, d'attirer les sociétés pétrolières internationales et d'encourager leurs travaux de prospection. Par ailleurs, le ministre de l'énergie a souligné l'importance d'une intégration régionale qui lierait le Maroc à l'Europe et à l'Afrique subsaharienne. Ainsi, une troisième interconnexion avec l'Espagne devrait bientôt être installée, renforçant les importations du Maroc en énergie à partir du pays ibérique de 700 mégawatts. Une autre interconnexion devrait également voir le jour entre Dakhla et Nouadhibou, reliant ainsi le Maroc à plusieurs pays de l'Afrique subsaharienne. Enfin Amara est revenu sur les investissements que nécessitera cette transition énergétique «La transition énergétique a un coût et il est de 200 milliards de dirhams entre 2014 et 2020», a-t-il déclaré. Les infrastructures électriques se taillent la part du lion de cette facture, avec la production et le transport de l'électricité qui devraient coûter entre 180 et 190 milliards de dirhams. L'alternative nucléaire n'est pas écartée Pas de nucléaire au Maroc avant 2030. Abdelkader Amara a tranché alors que l'adoption d'un projet de loi sur la sécurité nucléaire par le Parlement en juillet dernier soulevait plusieurs interrogations. «Personnellement, je crois fermement en l'énergie nucléaire et en son potentiel mais cet avis ne regarde que moi», a déclaré le ministre, assurant ainsi qu'aucune décision n'avait été prise quant à l'adoption de l'énergie nucléaire au Maroc. Le ministre n'a, néanmoins, pas écarté cette possibilité. «Le nucléaire reste un choix acceptable et contrôlable» a-t-il affirmé, expliquant que l'adoption dudit projet de loi devait justement «préparer à cette alternative».