ALM : Quelle lecture faites-vous de la décision de la Confédération africaine de football par rapport à la demande du Maroc de reporter la date de la Coupe d'Afrique des Nations ? Mustapha Hadji : Franchement c'est dommage ! Et c'est une déception. Car on parle d'une véritable pandémie d'Ebola qui a malheureusement affecté essentiellement trois pays amis d'Afrique de l'Ouest et a désormais dépassé le cap des 5.000 morts. Parallèlement, il y a une véritable panique qui s'installe à l'échelle mondiale. Et par conséquent le Maroc était honnête par rapport à sa demande de reporter la date de la Coupe d'Afrique des Nations, car la santé des Marocains passe avant le football. C'est vrai qu'une pénalisation pourrait être appliquée. Mais le Maroc n'a pas tort et il va assumer sa demande jusqu'à ce que la Confédération africaine de football reconnaisse le degré de gravité de cette maladie. Dans ce sens, la CAF livrera son dernier mot sur les sanctions le 26 novembre 2014 au Caire. Et je tiens à vous préciser que les sanctions ne seront pas lourdes, car le Royaume a demandé un report de date et non pas un refus pour organiser la compétition. Est-ce que vous ne craignez pas que cette décision plombe le programme des préparatifs de l'équipe nationale ? Non je ne crois pas, puisque l'équipe est construite autour de joueurs professionnels qui sont conscients de la décision du Maroc et qui sont pour le bien du Maroc. Cette demande du report est un cas de force majeure et comme je l'ai expliqué, la population passe avant tout. Il faut protéger le peuple marocain d'abord. Pouvez-vous nous décrire l'ambiance au sein des rangs de l'équipe nationale après l'annonce de cette décision ? Que les choses soient claires, il n'y a pas de perturbateurs en sélection. Ça ne change rien à la réalité des choses au sein de l'équipe nationale. Dans l'équipe nationale, tout le monde était préparé à cette décision donc nous ne sommes pas surpris par cette nouvelle. Nous allons continuer à nous préparer normalement pour restructurer une bonne équipe soudée et prête à relever tous les défis. Après le match contre le Bénin, nous allons jouer ce dimanche face au Zimbabwe à Agadir. C'est vrai que tout le monde est motivé pour attaquer avec détermination la CAN, mais aujourd'hui nous aurons plus de temps à offrir une équipe plus compétitive et plus solide pour que les nouveaux éléments qui ont rejoint le Onze national récemment peuvent démontrer qu'ils sont suffisamment armés pour défendre le maillot national. C'est un cas de force majeure, comme je l'ai dit. Il y avait une surmotivation pour la CAN, on a des infrastructures extraordinaires pour abriter un événement de cette envergure, mais encore une fois Ebola est passé par là. J'espère que la sanction de la CAF ne sera pas trop sévère, pour pouvoir préparer l'avenir. Il y a la Coupe du monde 2018 qui arrive, il ne faut pas l'oublier. Des noms de pays qui vont remplacer le Maroc pour organiser cet événement ? Je crois que l'Egypte et d'autres pays africains sont sur la piste des potentiels pays hôtes de la CAN 2015 pour remplacer le Maroc, mais rien n'est encore confirmé. Tout ce que je peux dire, c'est que le pays qui va accepter d'organiser cette manifestation dans ces conditions défavorables prend un risque sanitaire énorme qui peut porter préjudice aussi bien à son peuple qu'aux supporters étrangers qu'il est censé accueillir. Et ce pays n'a aucun respect pour son peuple. La Fédération marocaine avait toujours mis beaucoup de moyens à la disposition de la sélection et du football. À votre avis, quelles sont les raisons du recul du football marocain ? À mon avis, il y a trop de jalousie entre les uns et les autres. Je veux dire entre les personnes qui gèrent le monde du football au Maroc. Mais également, j'ai constaté qu'il n'y a pas de solidarité entre les gens qui gèrent le football national. Par conséquent, il y a un recul que tout le monde a noté. Cela ne sert en aucune manière le progrès et le développement du football au Maroc. J'espère que ces gens vont finir par oublier leurs problèmes personnels pour enfin se pencher sur le sport national et servir leur pays et l'intérêt du football national.