ALM : En tant que gagnante de la version 2015 du Rallye Aïcha des Gazelles, comment êtes-vous parvenue à surmonter les difficultés rencontrées lors de la 25ème édition ? Karima Laâroussi : Le Rallye reste toujours une expérience composée de beaucoup de défis et d'émotions. Et même si j'en suis à ma quatrième participation, ce Rallye permet toujours de tester la durabilité et la fiabilité de l'équipement usé lors de la compétition. Il faut savoir qu'au cours de ce voyage il faut être sûr que l'équipement choisi est bien celui qui peut survivre à l'environnement rude de la course qui est à un haut niveau de risque. On passe, ma coéquipière Florence Deramond et moi, plus de 15 heures par jour, sachant que le réveil est à 4 heures du matin en gérant la peur du désert et le sentiment de se perdre ! Egalement, nous étions obligées d'apprendre à naviguer seules sans navigatrice et qui était pour nous un pur défi à gérer. Mais cela a disparu quand on a vu le fruit de cette galère et qu'on a réussi à nous en sortir toutes seules, alors on s'est senties des femmes capables de faire quelque chose et non pas des lustres. Malgré ma quatrième participation, c'est une belle aventure à refaire et je souhaite que toutes les femmes y participent vivement sans rien craindre. Vous avez formé avec Florence Deramond une belle équipe, pourquoi pas avec une Marocaine ? Avec Florence, je ne sentais pas qu'elle n'était pas Marocaine, au contraire c'est une femme qui aime le Maroc et qui n'a pas hésité à jouer pour les couleurs nationales et hisser le drapeau du Maroc. De plus, elle a beaucoup d'expérience. Elle était à sa huitième participation. Moi et Florence, nous nous sommes rencontrées sur le Rallye. C'était un vrai challenge pour nous, pour faire hisser notre équipage sur le podium après le premier titre qui date d'il y a quinze ans. Cette année, 33 nationalités différentes étaient dans le désert marocain, quelle est la particularité de la femme marocaine parmi ces gazelles ? Vous savez, cette année, les Marocaines étaient extrêmement soudées. Elles avaient toutes un enjeu intuitif pour ce 25ème anniversaire, à savoir faire monter un équipage marocain sur le podium. Même si c'était pas nous, on aurait aimé voir le drapeau marocain hissé. Mais sincèrement, durant toute ma participation, j'ai remarqué que dans ce Rallye Aïcha, les nationalités sont dépassées. Comment le Rallye Aicha arrive-t-il à préserver sa notoriété parmi d'autres ? Le Rallye Aïcha est devenu un symbole de l'émancipation de la femme à travers le monde. Et c'est un rallye sans GPS, nous n'avons que des cartes anciennes et des boussoles pour naviguer et ce sont des paramètres uniques alors qu'on est des femmes. C'est pour cela qu'il faut être endurantes et rigoureuses pour affronter les pièges et les dures conditions du désert pour aller jusqu'au bout de la course. Et la femme a l'habitude de gérer plusieurs tâches en même temps. Elle a la capacité de dépasser toutes les émotions qui arrivent surtout avec un psychique qui change à tout moment. Mais elles arrivent à dépasser tous les obstacles de la vie.