Le président de la Cour l'a sollicité de se taire. Mais, Jaouad lui a demandé, à haute voix, de lui accorder quelques minutes pour lui expliquer qu'il n'avait jamais eu l'intention de tuer son oncle. Le président de la Cour lui a répondu qu'il aurait le temps nécessaire pour se défendre et dire toute la vérité. Jaouad, âgé de vingt-huit ans, célibataire, employé de son état, était poursuivi pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner. La victime n'était autre que son oncle, un père de famille âgé de cinquante-quatre ans. «Je voulais juste le pousser, M. le président», a commencé Jaouad ses déclarations devant la Cour. Mais le président lui a demandé de lui raconter toute l'histoire. L'affaire a commencé par un problème d'héritage entre le père et l'oncle de Jaouad. Un problème qui remonte à plusieurs années, dès le décès de leur parent, mais qui n'a jamais trouvé de solution. A chaque fois, l'oncle arrive pour réclamer sa part de l'héritage, à savoir des champs agricoles dans la région d'Ouled Hriz. Seulement, le père de Jaouad refusait, arguant que leur père lui avait demandé avant sa mort de ne rien partager. Une position qui ne plaisait pas à l'oncle qui semblait avoir besoin d'argent. En fait, il réclamait sa part de l'héritage pour revendre les champs et acheter un appartement. «Je demandais à chaque fois à mon père de partager cet héritage avec son frère et ses trois sœurs. Mais en vain. Mon père disait qu'il ne pouvait pas enfreindre le testament oral que lui avait confié son père», a précisé Jaouad dans sa déclaration devant la Cour qui l'écoutait attentivement. Le jour J, l'oncle est arrivé chez son frère décidé plus que jamais à mettre fin à ce problème d'héritage qui embrouillait leur relation de fraternité. «Mais mon père n'avait pas l'intention d'entendre le moindre mot sur ce sujet. Il a insulté mon oncle lequel semblait avoir perdu tout contrôle de ses nerfs», a ajouté Jaouad. L'oncle a donné un coup à son frère. Et il a tenté de lui en mettre d'autres. C'est à ce moment-là qu'est intervenu Jaouad. «Je l'ai juste poussé pour l'empêcher de donner d'autres coups à mon père. Mais, il est tombé par terre», a affirmé Jaouad. Le sang coulait de la tête de l'oncle qui a perdu connaissance. Il a été évacué vers le service des urgences de l'hôpital Sidi Othmane. Malheureusement, il est passé de vie à trépas. Verdict : Jaouad a été jugé coupable pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner. Il a été condamné à 5 ans de réclusion criminelle tout en bénéficiant des circonstances atténuantes.
