Dans un contexte international où les questions énergétiques et environnementales sont au centre des débats, le Comité maghrébin de l'électricité (COMELEC) a tenu sa 6ème conférence générale hier mardi à Rabat, sous les auspices de l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE). «Nous vivons actuellement une prise de conscience internationale sur les questions liées à l'environnement et des mutations importantes du secteur des énergies», a déclaré le directeur général de l'ONEE et actuel président de la Comelec, Ali Fassi Fihri. Le Maroc est actuellement entièrement engagé dans la transition vers les énergies renouvelables, avec l'objectif de 52% d'énergie de ce type à l'horizon 2030 pour le royaume et celui de la production nationale de 42% de ses besoin en énergie cette même année. «Les stratégies nationales de la Tunisie, de l'Algérie et de la Mauritanie donnent également une place centrale aux énergies renouvelables», a noté Ali Fassi Fihri. Il faut dire que la coopération entre les pays du Maghreb dans le secteur de l'énergie ne date pas d'aujourd'hui. Comme l'a précisé le secrétaire général de l'Union pour le Maghreb arabe (UMA), Habib Benyahya, elle remonte à 1974 avec le début d'une collaboration entre les offices d'électricité du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie. «La Mauritanie les a rejoint en 1975, puis la Libye en 1989», a-t-il noté. Alors que l'UMA semble être une coquille vide à cause des différends politiques, c'est ce type de coopération sectorielle qui permettra de la faire revivre selon Habib Benyahya. «L'UMA avance lentement mais sûrement. Je me réjouis de voir que la coopération dans le secteur énergétique avancé et est bien ancrée», a-t-il ajouté. Egalement présent à cette conférence, le ministre de l'énergie, des mines, de l'eau et de l'environnement, Abdelkader Amara, n'a pas manqué de revenir sur la stratégie nationale pour le secteur, notamment en ce qui concerne le programme d'énergie solaire et d'énergie éolienne. «Il est essentiel de promouvoir la complémentarité des pays de la région en matière d'énergie compte tenu de la richesse très diversifiée dont dispose chacun d'eux», a déclaré le ministre. Selon lui, les pays du Maghreb doivent axer le développement du secteur sur deux engagements primordiaux. «D'abord engager des réformes structurelles et institutionnelles dans ce sens, ensuite savoir s'adapter aux défis actuels avec un marché commun et élargi». L'allocution d'Abdelkader Amara était, ainsi, un plaidoyer pour la mise en place d'un marché régional intégré, ce qui nécessitera un accompagnement législatif pour chacun des pays et la mise en place de moyens logistiques et technologiques appropriés. «Les investissements en matière de transport d'énergie dans la régions doivent se multiplier», a affirmé le ministre, rappelant que le Maroc est déterminé à consolider son rôle de pays de transit d'énergie. Dans cette même optique, le royaume serait en train d'examiner, avec la Mauritanie, la possibilité de la création de mécanismes de transport d'énergie entre les deux pays. Cette coopération régionale entre les pays du Maghreb devrait, à son tour, favoriser la création d'un marché intégré plus large, rassemblant l'ensemble des pays arabes. «Nous recommandons la création rapide d'un marché d'électricité rassemblant le Maghreb, le Levant et le Golfe», a déclaré, de son côté, Issa Bin Hilal Al Kurawi, président de l'Union arabe de l'électricité, ajoutant que le reste des pays arabes devraient prendre l'expérience marocaine comme exemple.