ALM : Quelles sont les filières qui attirent le plus les jeunes marocains ? Mohcine Berrada : Les désirs d'orientation des jeunes sont de plus en plus diversifiés, c'est du moins ce que révèlent les résultats des enquêtes que nous avons menées auprès des visiteurs de l'édition 2014 du Forum international de l'étudiant. Ainsi, et malgré la prédominance de certaines filières classiques dans les choix des lycéens dont 23% sont attirés par le Commerce & gestion, 16% par l'Informatique et 14% par le Médical & paramédical, de nouvelles formations s'inscrivent progressivement dans les projets d'orientation des jeunes. Il s'agit en particulier de la Logistique qui passionne 3% des lycéens et du Tourisme, hôtellerie & restauration correspondant aux intérêts de 2% d'entre eux. D'autres spécialisations retiennent l'attention des jeunes comme le BTP (7%), le Marketing (6%), la Finance-comptabilité (5%) ou encore les Ressources humaines (3%). Cette évolution qualitative des choix de nos jeunes résulte à notre avis d'une amélioration de l'information sur les filières et les horizons professionnels, grâce, notamment, à la généralisation des événements d'information et d'aide à l'orientation à des zones autrefois cloisonnées d'un point de vue d'accès à l'information. En fin connaisseur du marché du travail, quelles sont aujourd'hui les filières qui ont de l'avenir ? Je préfère parler de filière porteuse, c'est-à-dire une filière qui répond à un besoin et qui a un potentiel de développement par rapport à un marché, que de filière d'avenir. Parce que le terme «porteuse» désigne d'une part des métiers classiques mais qui correspondent toujours à des débouchés professionnels très intéressants et qui promettent des carrières de choix, et là on peut citer les métiers du commerce, de la gestion, du marketing, de la finance, de la banque-assurance, du textile, de l'ingénierie et bien d'autres métiers. Et d'autre part, de nouvelles filières qu'on peut ranger sous le vocable «métiers d'avenir». Ces derniers sont généralement de nature sectorielle, ils découlent des besoins de nouveaux segments d'activité comme l'automobile, l'aéronautique, la logistique ou encore l'offshoring. Vu les taux de croissance impressionnants enregistrés par ces secteurs ces dernières années, les opportunités d'emploi y restent très importantes. Nous déplorons le déficit en matière de formation pour certains de ces nouveaux métiers dont l'apprentissage est assuré essentiellement par le biais de la formation continue. En cette période, chacun aspire à faire le bon choix pour son avenir professionnel. Quels conseils donneriez-vous aux étudiants et aux parents ? Ce qu'il faut retenir à ce sujet, c'est que l'orientation est un processus qui s'inscrit dans la durée, elle résulte de la succession de plusieurs choix faits depuis le plus jeune âge de l'enfant. Pour optimiser leur choix de carrière, il faudrait que les jeunes pensent à l'orientation post-bac dès la première année du baccalauréat, voire dès le tronc commun. Un choix judicieux commence d'abord par cerner ses propres centres d'intérêt et motivations qui doivent être confrontés à la réalité du marché de l'emploi. Une bonne orientation doit concilier en effet passion et potentiel de carrière. S'informer reste le seul moyen pour faire le bon choix. Les jeunes doivent être au fait de l'évolution de l'offre de formation aussi bien au Maroc qu'à l'étranger, ainsi que celle des débouchés professionnels. Le bac pro et le bac international sont deux nouvelles options pour les élèves. Qu'en pensez-vous ? Le lancement du bac pro est de nature à améliorer l'adéquation formation-emploi et de permettre aux bacheliers d'être opérationnels à un très jeune âge, l'option permet aussi la poursuite des études dans une école supérieure ou professionnelle. Il faut attendre le bilan de cette première année de mise en œuvre qui a concerné quatre spécialisations-métiers, à savoir la maintenance industrielle, l'industrie mécanique, la construction aéronautique et la conduite d'une exploitation agricole, pour juger de la réussite de cette expérience et de son potentiel de généralisation. Quant aux options internationales, elles constituent une partie intégrante des filières de baccalauréat marocain, on venait juste de les opérationnaliser. Pour cette phase expérimentale, deux filières sont envisagées : la filière lettres et sciences humaines (LSH) options internationales (OI) français, anglais et espagnol et la filière Sciences (S) options internationales (OI) français, anglais et espagnol. Là aussi, un dispositif de suivi et d'évaluation a été mis en œuvre par le ministère de tutelle pour faire un premier bilan et juger des possibilités d'extension. Pour celles et ceux qui ont le niveau bac, quels chemins suivre à votre avis ? Ne pas avoir de baccalauréat au Maroc n'est pas une fatalité, les possibilités de formation qui s'offrent aux titulaires du niveau bac sont aujourd'hui pléthoriques. L'OFPPT et les écoles de formation professionnelle privée proposent à ces profils des formations dans des centaines de métiers. Les jeunes qui n'ont pas réussi leur bac peuvent préparer, sur une durée de deux années, le diplôme de technicien dans la filière de leur choix. Après leur formation, les techniciens ont la possibilité de poursuivre leurs études. Certaines écoles leur offrent ainsi l'opportunité de décrocher le diplôme de technicien spécialisé qui leur ouvrira d'autres perspectives d'études, notamment en licence professionnelle. Les possibilités de carrière sont donc toujours à la portée des jeunes ambitieux avec ou sans bac.