La Chambre criminelle près la Cour d'appel de Rabat, qui a rejugé le pédophile Daniel André, a réduit à 5 ans de réclusion criminelle, la peine de 10 ans dont il avait écopé auparavant. Chambre criminelle, deuxième degré, près la Cour d'appel de Rabat. La cour se penchait, ce lundi 20 décembre, sur l'affaire du ressortissant français, Daniel André, 53 ans, accusé de viol d'une dizaine de mineurs, tous des sans domicile fixe et de séquestration, à Rabat. Cet éducateur, propriétaire de deux écoles privées dans la capitale, avait déjà défrayé la chronique judiciaire en 2001, lorsqu'il avait été arrêté par la police judiciaire de Rabat. Ses victimes, des SDF, âgés à l'époque entre neuf et treize ans et qui avaient fui le foyer familial pour consommer de la drogue, inhaler de la colle et dormir à la belle étoile, l'avaient accusé de les avoir détournés chez lui pour abuser d'eux contre des sommes d'argent. Certains d'entre eux ont déclaré, devant les enquêteurs de la police judiciaire, être retournés chez lui pour céder à ses instincts bestiaux. Seulement, il a rejeté en bloc toutes les accusations qui lui ont été reprochées. Il a nié, devant les enquêteurs, n'avoir jamais abusé des mineurs qui se sont présentés comme des victimes. Un coup monté ? Certes, a-t-il expliqué au tribunal lors de son procès en octobre 2001. Et pourtant la cour l'a jugé coupable des accusations qui ont été portées contre lui. Car les témoignages des victimes étaient accablants. Ils l'ont tous mis en cause, en relatant dans le détail les sévices qu'ils avaient subis. Et la cour l'avait condamné, en octobre 2001, à dix ans de réclusion criminelle assortis d'une amende de vingt mille dirhams. Introduisant un pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême, le mis en cause a gagné la partie. Car la Cour Suprême lui a accordé l'opportunité d'être rejugé une seconde fois devant une cour composée de magistrats autres que ceux qui l'avaient jugé la première fois devant la Chambre criminelle près de la même cour d'appel. Une fois encore, Daniel André a rejeté les accusations qui lui sont reprochées. “Malheureusement, lors de son interrogatoire, la majorité des victimes n'étaient pas présentes à l'audience bien qu'elles aient été toutes convoquées par la cour“, a affirmé leur avocate, Me Fatima Zahra Boukifi du Barreau de Rabat. Une seule victime a témoigné, cette fois-ci, devant la Cour. Seulement, son témoignage n'était pas semblable à celui donné en 2001. Me Boukifi a expliqué, à ce propos, que “la victime/témoin est devenue majeur et a trouvé une grande difficulté pour témoigner ouvertement sans complexe. Il n'était plus l'enfant, mineur de 2001“. Cette dernière a précisé que d'abord certaines victimes sont retournées à la rue après le premier procès…Leurs parents n'ont pas pu les garder chez eux…En conséquence, nous n'avons pas pu les présenter devant la Cour“. Une autre victime a bouleversé le procès. Soutenu par sa mère, il s'est rétracté par écrit de son témoignage. “La mère de cette victime a cédé à des tentations…Elle a reçu deux mille dirhams pour renoncer en faveur du mis en cause…Mais elle a regretté enfin et c'est trop tard“, affirme l'avocate des victimes. Si le comportement des victimes était en faveur du mis en cause, le représentant du ministère public a considéré Daniel André coupable et a requis la confirmation de la peine de dix ans de réclusion criminelle rendue, en octobre 2001 par la Chambre criminelle. L'avocate soutenant les victimes a réclamé, elle également, la confirmation de la peine de dix ans de réclusion. Seulement, la Cour qui a reconnu une fois encore que le mis en cause est coupable pour les accusations qui lui ont été reprochées, mais en réduisant la peine de dix ans à cinq ans de réclusion criminelle. “C'est un jugement qui n'est pas étonnant “, commente Me Fatima Zahra Boukifi. Le jugement est assorti de dommages et intérêts de 20 mille dirhams qui doivent être versés à chacun des mis en cause, qui s'est constitué partie civile.