Au terme d'une progression lente mais régulière, les «Six nations», entrées dans l'ère du professionnalisme il y a sept ans, rivalisent, pour certaines, avec le Sud. L'Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande avaient pris l'habitude de régner sur la planète ovale, rejointes ces 20 dernières années par l'Australie, championne du monde en titre. Mais les succès de l'Angleterre et de la France, et aussi celles de l'Irlande et de l'Ecosse, ont donné de l'espoir à l'hémisphère Nord à onze mois de la Coupe du monde de rugby, qui se déroulera en Australie en 2003. Elles sont même sorties triomphantes de la tournée automnale des pays du Tri-Nations. Prometteuse lors du Tri-Nations, l'Afrique du Sud a sombré samedi à Twickenham, humiliée sur un score record (53-3) après être tombée à Murrayfield contre l'Ecosse et face à la France. Les All Blacks ont eux commencé par une défaite en Angleterre avant d'obtenir un nul un peu chanceux au stade de France et de se reprendre contre le Pays de Galles samedi. Double-championne du monde, l'Australie s'est inclinée de justesse en Angleterre après avoir été battue par l'Irlande. L'Italie, dernière arrivée dans le tournoi des Six nations, n'a quand même pas fait le poids (34-3). De son côté, l'Angleterre a tout écrasé sur son passage et reste sur une série de 18 matches sans défaite sur sa pelouse, un record. Les Springboks ont payé pour apprendre que le temps du jeu violent était passé. Johannes Labuschange a été exclu contre le XV à la Rose pour un plaquage à retardement sur Jonny Wilkinson. Les Anglais sont encore à la recherche d'un Grand Chelem dans le tournoi de Six nations. Ils peuvent l'espérer pour 2003, mais la France, qu'il recevront à Twickenham en match d'ouverture, a les armes pour gripper la machine anglaise. Vainqueurs du Tournoi 2002, Grand Chelem à la clef, et finalistes de la dernière Coupe du monde, les Bleus disposent d'un cinq de devant remarquable et semblent capables de perforer n'importe quelle défense avec un peu plus d'expérience chez les trois quarts. Côté visiteurs, c'est la Nouvelle-Zélande qui peut repartir la plus satisfaite de son séjour. John Mitchell avait emmené dans ses bagages une pléiade de néophytes, l'ensemble n'a pas déçu. «C'est la ligne arrière la plus créative de l'histoire du rugby professionnel», a estimé l'ancien ouvreur gallois Jonathan Davies, présent samedi au Millenium stadium. A court terme, l'Angleterre peut célébrer son statut de numéro un du rugby mondial après avoir démoli l'Afrique du Sud. Le capitaine, Martin Johnson, toujours présent au combat, veut voir plus loin : «Nous étions obligés de gagner à Twickenham, parce que sinon, quelle chance aurions nous à la Coupe du monde en Australie? ». Toutefois, l'entraîneur de l'équipe de rugby d'Angleterre, Clive Woodward, a déclaré lundi que l'Australie restait la meilleure équipe au monde, malgré le sans faute du XV anglais et les deux défaites des Wallabies lors de la série des test-matches de rugby de l'automne. «Selon moi, la première équipe au monde est l'Australie parce qu'ils détiennent la Coupe du monde», a affirmé Woodward, dont les joueurs ont été propulsés au sommet de la hiérarchie mondiale grâce à leurs trois test-matches victorieux face à la Nouvelle-Zélande (31-28), l'Australie (32-31) et l'Afrique du sud (53-3). «Je pense que l'Australie est l'équipe à battre. Ils détiennent le titre (mondial), ils vont jouer dans leur pays (la Coupe du monde 2003) et ils ont quelques uns des meilleurs joueurs». Les Wallabies, qui se sont inclinés en Irlande (18-9) et en Angleterre, ont sauvé les apparences en s'imposant facilement en Italie (34-3). Dans l'attente de leur prochain rendez-vous capital avec la France, le 15 février à Twickenham, pour le compte de la première journée du Tournoi des Six Nations, l'entraîneur du XV à la Rose annonce «un grand match». «La France, c'est le match que nous voulons gagner. C'est la seule équipe à nous avoir battus cette année (victoire 20-15 le 2 mars 2002)».