Sous l'effet de la drogue, Aziz, un repris de justice de 32 ans, a forcé une jeune fille à l'accompagner derrière la porte d'une maison où il a abusé d'elle. Un acte qui lui a valu huit ans de réclusion, mais qui a traumatisé Laïla. Chambre criminelle, premier degré, près la Cour d'appel de Casablanca. Aziz, 32 ans, se tient au banc des accusés. C'est la troisième fois qu'il est là. Il avait déjà purgé une peine de six mois de prison ferme pour consommation de drogue et coups et blessures, puis il a écopé d'une autre peine de deux ans fermes pour vol qualifié et une troisième de cinq ans pour vol qualifié avec récidive, coups et blessures et consommation de drogue. Apparemment, ses séjours en prison ne semblent pas avoir eu d'effet dissuasif sur lui. Au contraire, il s'est enfoncé encore un peu plus dans le monde de la criminalité. Depuis sa première arrestation, Aziz n'a pas essayé de renoncer à la consommation de drogue qui le transforme en une autre personne, sans pitié, n'ayant d'égard pour quiconque. D'habitude, il est paisible, tranquille et sans problèmes. Une fois qu'il avale quelques comprimés psychotropes et fume un ou deux joints de haschich, il devient un autre homme, qui ne craint ni ne respecte personne. Il a l'impression qu'il peut soumettre tous ses voisins à sa volonté. Il n'épargne parfois même pas ses parents. Après avoir été relâché de sa première peine, il s'est lié avec un repris de justice qui lui a appris les abc du vol à l'arraché, puis du cambriolage. Il ne passait à l'acte qu'une fois sous l'effet de la drogue. Et quand il a été libéré de sa deuxième peine d'emprisonnement, il est devenu plus professionnel. «Aziz A.», l'appelle le président de la cour qui vient d'ouvrir son dossier. Il se lève du banc des accusé et avance vers le box à pas lents, puis fixe des yeux le président de la cour. Celui-ci lui rappelle son identité et son âge et lui demande de lui énumérer ses antécédents judiciaires. « C'est la quatrième fois, Monsieur le président…J'avais déjà trois antécédents judiciaires», avoue-t-il. Un habitué de la prison comme Aziz, ayant un niveau scolaire ne dépassant pas le niveau primaire, célibataire et sans profession, n'a rien à craindre, mais souhaite toujours être condamné à la peine d'emprisonnement la moins lourde. «Tu es accusé de viol ayant entraîné la défloration et consommation de drogue», lui rappelle le président de la cour. Il le fixe toujours des yeux. Le président lui demande de répondre. «Non, M. le président, je n'ai rien commis cette fois-ci. La jeune fille était ma copine et nous couchons ensemble de son plein gré», répond-il d'un ton confiant. Le président de la cour lui demande alors pourquoi cette fille l'a-t-elle accusé de viol. «C'est parce que je ne veux pas l'épouser, M. le président », répond Aziz avec le même aplomb. Le président commence à lui relater ses déclarations consignées dans le procès-verbal et que Aziz écoute : «Après avoir avalé une «Samta» de comprimés psychotropes (dix comprimés), j'ai pensé me rendre au centre-ville pour me débrouiller en subtilisant aux passants ce qu'ils portent sur eux. Aussitôt, j'ai remarqué Laïla qui passait devant moi, je l'ai reconnue, elle demeure dans une rue de notre quartier… Je me suis approché d'elle et je lui ai demandé de m'accompagner… Elle a refusé… Je l'ai menacée d'un couteau que je porte toujours sur moi. Elle m'a accompagné sans réagir ni crier au secours et je l'ai conduite jusque derrière la porte de la maison de Haj Larbi où je l'ai violée… Ensuite, elle a lancé un cri strident…Les voisins sont sortis de chez eux pour m'attraper en flagrant délit…». En entendant cette partie de ses déclarations, Aziz a affirmé qu'il s'agissait d'un coup monté. «Mais qu'est-ce qu'elle a la police dans cette affaire pour t'accuser?», lui demande le président de la cour qui a appelé la victime, une fille de dix-huit ans, célibataire, couturière de son état. Les larmes aux yeux, elle a raconté tout ce qu'il lui est arrivé, en cette fin de matinée d'un jour de février. Lors de leur confrontation, Aziz a réaffirmé qu'elle était sa maîtresse. Mais la victime a expliqué à la cour qu'elle était fiancée et, qu'après son viol, son fiancé lui a tourné le dos. Les témoins qui sont arrivés à l'arrêter après avoir entendu le cri de la victime ont tous attesté avoir attrapé Aziz alors qu'il s'apprêtait à prendre la poudre d'escampette. Après le réquisitoire du représentant du ministère public, la plaidoirie de l'avocat constitué dans le cadre de l'assistance judiciaire et les derniers propos du mis en cause, la cour a condamné Aziz à huit ans de réclusion criminelle.