Enseignant dans un lycée d'Oujda, Saïd s'est transformé en meurtrier. Il a tué sa belle-mère à l'aide d'un couteau. L'accusé en a pris pour 10 ans. Saïd. B, enseignant sans histoires à Oujda, a subitement basculé dans le crime. Il doit répondre de son acte devant la chambre criminelle près la Cour d'appel d'Oujda où il a comparu récemment. Tête baissée, il semble ruminer le film de son malheur. Personne de sa famille ou de ses amis n'est venu le soutenir. Il le pense. Il est le seul face à ses juges. En fait, sa femme était là. «Saïd. B», appelle le président de la Cour. Saïd ne bouge pas. Il n'a rien entendu. Tout se passe comme si ses oreilles étaient bouchées. Le président de la Cour l'appelle une seconde fois à haute voix. Cette fois-ci, il se lève d'un bond pour rejoindre la barre. « Tu es accusé d'homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, qu'en penses-tu ? », lui demande le président. Personne n'imaginait que l'accusé, un enseignant respectable et sérieux, allait se retrouver dans le banc des accusés. L'intéressé lui-même est étonné. Comment a-t-il pu assassiner sa belle-mère ? Avec le recul, il n'arrive pas à s'expliquer ce qui est arrivé. Il a dû agir sous le coup de l'émotion. D'abord, Saïd a épousé sa femme après une longue histoire d'amour. Quelque temps plus tard, le foyer conjugal a été illuminé d'un premier bébé, puis d'un second. Mais les problèmes ne tarderont pas à surgir dans le couple. Les querelles et les malentendus se multiplient. Bientôt, les époux en arrivent aux mains après l'échange d'insultes et de menaces. La femme n'en pouvant plus, elle prend ses enfants et retourne chez ses parents. Saïd ne reste pas les bras croisés. Il se rendra chez ces derniers pour qu'elle revienne à la maison. Mais la belle-mère, en colère, l'a chassé, lui interdisant de parler à sa fille et même de voir ses enfants. C'est le début de l'enfer pour Saïd. Cinq mois plus tard, il portera le litige devant la justice, précisément devant l'instance chargée des affaires de la famille. Sa requête, obtenir le droit de rendre visite à ses enfants. L'épouse et la belle- mère seront convoquées par le juge en vue de trouver une solution au problème. Après une brève audience, celle-ci a été reportée. Saïd a alors suivi les deux femmes, suppliant son épouse de regagner le foyer conjugal pour commencer une nouvelle page. En vain. La belle-mère le congédie de nouveau. “ Va-t-en, oublie ma fille et mes petits- enfants“, s'écrie-t-elle. Saïd sent une colère sourde l'envahir. “ C'est toi qui a remonté ma femme contre moi et tu m'empêches de voir mes enfants, lance-t-il. Tu verras, tu vas me le payer cher“. Du coup, Saïd, qui était dans un état de grande furie, tourne les talons et se dirige vers sa voiture. Là, il saisit un couteau et accourt vers les deux femmes. L'enseignant poignarde sa belle-mère dans le dos en criant à tue-tête. Sa femme, qui a poussé des cris stridents, s'est jetée sur lui en lui lacérant le visage. L'assassin ne s'est pas enfoui. Il est resté sur le lieu du crime attendant l'arrivée de la police. “ Ce n'est pas ma faute, c'est elle qui est responsable“, disait-il comme à lui-même. C'est l'histoire que le prévenu a raconté aux juges tout en précisant qu'il n'avait pas l'intention de tuer sa belle-mère. Qui va corroborer sa thèse ? Son épouse. Elle se pointe devant le président avec une lettre où elle explique que son mari ne voulait pas assassiner sa mère. C'est ce qui a permis à l'avocat de la défense de réclamer la requalification de la poursuite d'homicide volontaire avec préméditation et guet-apens aux coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner et le faire bénéficier des circonstances atténuantes. Une réclamation que la Cour a prise en considération. Résultat : Saïd a été condamné à dix ans de réclusion criminelle.