Quand il a décroché son Bac, Hassan avait un seul objectif : aller en France afin de poursuivre ses études. Issu d'une famille nécessiteuse, Hassan se débrouillait comme il pouvait pour rassembler suffisamment d'argent. Mais un jour, son chemin a croisé celui de Khaled. Fatale rencontre. «Je suis malade mental, M. le président, je ne savais pas ce que je faisais…Je n'ai réalisé que j'avais tué ce Hassan qu'une fois enfermé en prison…», prétend Khaled devant la cour de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. La folie de Khaled est-elle réelle ou ne s'agit-il que de simulation ? D'après le rapport de police, Khaled n'est qu'un simulateur. «Hassan ? Mais de qui s'agit-il ? Vous dites que je l'ai tué à coups de couteau ? je ne comprends rien à ce que vous racontez !» Devant les enquêteurs, qui l'accusent de meurtre, Khaled a effectivement joué celui qui ne se souvient de rien : ni de la victime ni du couteau ni du crime. Pour lui, tout cela n'est qu'accusations mensongères. Mais il y a ces témoins qui n'ont pas perdu la mémoire, eux, et qui le mettent formellement en cause. «Tu n'as jamais été fou, c'est en pleine conscience de tes actes que tu as tué Hassan…», tranche le président de la cour après avoir donné lecture du rapport d'expertise médicale établi par un neuropsychiatrie suite à une requête du juge d'instruction. Ce rapport conclut que Khaled est sain d'esprit et qu'il n'a jamais souffert du moindre trouble psychiatrique. Autrement-dit, Khaled a tenté de tromper la justice. «Tu es accusé d'homicide volontaire, vol qualifié et possession d'arme blanche» : le président de la cour vient de s'exprimer, le procès peut donc se poursuivre et aborder les faits. Hassan, vingt et un ans, issu d'une famille casablancaise nécessiteuse, vient de décrocher son baccalauréat avec mention «très bien». Jusqu'alors, il pratiquait un petit commerce pour subvenir à ses propres besoins dans la mesure où sa famille parvenait à peine à joindre les deux bouts. Mais sa réussite au baccalauréat lui fait prendre conscience que ce petit commerce doit à présent lui permettre de réaliser son rêve : aller poursuivre ses études en France. Désormais, son obsession est d'économiser assez d'argent pour les frais du voyage et les dépenses inhérentes aux premiers mois de son séjour en France. Son commerce va donc prospérer, à sa plus grande satisfaction. Jusqu'à cette rencontre imprévue qui va sonner le glas de ses espérances et de son projet. Alors qu'il s'apprêtait à rentrer chez lui après une longue journée de travail, il fut abordé par deux malfaiteurs déterminés à lui le voler sa recette de la journée. Devant l'attitude courageuse de Hassan, l'un d'eux finit par abandonner. Mais l'autre, Khaled, qui était en état d'ivresse et sous l'effet de psychotropes, s'est obstiné. Les deux hommes en sont venus aux mains. Dans le feu de l'action, Khaled a brandi son couteau et l'a planté dans le cœur de sa victime. Hassan a rendu l'âme avant l'arrivée des agents de la protection civile, qui ont été avertis par des passants. Khaled, qui avait bien entendu pris la fuite, a été appréhendé par une patrouille de police qui se trouvait dans les parages. C'est ainsi qu'après son arrestation, il a tenté se disculper en déclarant qu'il était sujet à des troubles psychiatriques. Nous retrouvons Khaled au tribunal, face à ses juges. «Pourquoi étais-tu armé d'un couteau ?», lui demande le président de la cour. Khaled prétend n'avoir pas eu l'intention de tuer. «Tu avoues donc l'avoir tué sans avoir l'intention de le faire. Pourquoi avoir prétendu au départ être malade mental ?», insiste le président. Muré dans le silence, Khaled comprend petit à petit qu'il ne pourra pas échapper au châtiment. «La cour n'a pas retenu contre le mis en cause l'accusation d'homicide volontaire et l'a requalifiée pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner et tentative de vol et te condamne à 12 ans de réclusion criminelle», a déclaré le président de la cour après les délibérations. On s'en doute, cette sentence a été jugée excessivement clémente par la famille de la victime. Celle-ci déplore toujours avec amertume la disparition de celui qui incarnait son espoir d'une vie meilleure.