Saïd et Ahmed, âgés de 24 ans, célibataires et sans profession étaient deux amis inséparables depuis leur enfance. Mais, une beuverie les a séparés pour toujours. Le premier a tué le second, à l'aide d'un couteau. Douar Lakaïcha, à Beni Mellal. Saïd et Ahmed sont deux amis depuis leur enfance. Ils ont partagé les mêmes rues, les mêmes jeux, les mêmes bancs de l'école, les mêmes soucis, les mêmes préoccupations et les mêmes rêves. Ils étaient comme des frères jumeaux, qui ne se séparent qu'une fois rentrés chez eux pour dormir. Au fil du temps, tous leurs rêves ont été brisés. Pourquoi ? L'école les a jetés à la rue. Ils n'ont pas pu dépasser le niveau de la septième année de l'enseignement fondamental. Issus de familles pauvres, ils n'ont pas pu poursuivre leur enseignement au privé. Et le centre de formation professionnelle ? Ils ont passé le concours. Mais ils ont échoué comme si une malédiction les suit à chaque pas. Bref, ils sont restés sans rien faire, à passer leur temps à arpenter les divers coins du douar et à entretenir des relations avec des toxicomanes au point qu'ils ont mis les premiers pas sur le chemin de la délinquance. Saïd et Ahmed commencent à fumer du haschich, à avaler des comprimés psychotropes et à s'enivrer. De fil en aiguille, les deux amis commencent à se comporter violemment avec leurs voisins au point qu'ils n'hésitent plus à les éviter. Pire encore, leur violence n'a pas épargné leurs parents et leurs frères et sœurs. Ils ne se préoccupent plus que de leur dose quotidienne en drogue. Leur comportement violent les a conduits à maintes reprises derrière les murs des pénitenciers. La première fois qu'Ahmed a été traduit devant la justice, remonte à quatre ans, quand il a malmené son père qui a refusé de lui remettre une somme d'argent. Il a été condamné à six mois de prison ferme pour coups et blessures contre ascendants. Quand il a été relâché, il n'a pas pu avoir le moindre sou pour acheter sa dose en haschich. La solution ? s'adonner au vol. A ce propos, il a agressé un passant, auquel il a subtilisé une somme d'argent et des lunettes. Arrêté, il a été condamné à huit mois de prison ferme pour vol, coups et blessures. La troisième fois remonte à deux ans quand il a croisé une jeune fille alors qu'il était en état d'ivresse avancée. En la menaçant d'un couteau, il l'a conduite vers un terrain vague et l'a violée. Cependant, le jugement était clément envers lui en le condamnant à un an de prison ferme. Quant a son ami, Saïd, il a été arrêté la première fois quand il a attaqué un couple et condamné à six mois de prison ferme. Seulement, il était recherché depuis quelques mois pour vente d'alcool sans autorisation. Lors de la troisième semaine de décembre, Saïd et Ahmed se sont rencontrés vers 13h. Ils ont décidé d'acheter deux bouteilles de l'eau de vie (Mahia) pour se soûler. Effectivement, ils ont commencé vers 16h à ingurgiter les premiers verres de Mahia tout en conversant. Au fil du temps, les aiguilles des montres indiquent 21h. Les têtes des deux amis qui n'arrivent pas à se contrôler, tournent, leurs pieds titubent. Tout à coup, Ahmed commence à crier à haute voix tout en tenant un couteau dans sa main. Il le brandit sans menacer personne. Son ami, Saïd, se révolte, lui demande de dissimuler son arme blanche. Ahmed continue à brandir son couteau. Hors de lui, Saïd saisit sa radio-cassette et lui assène un coup sur le visage. Aussitôt Ahmed se calme, s'assoit et reproche son ami. «Je vais te casser la gueule si tu ne fermes pas ta bouche», le menace Saïd. Ahmed se tait, ingurgite ses verres de Mahia. Soudain, Ahmed tourne son dos. Sans penser, Saïd tient son couteau et assène des coups à Ahmed qui a rendu l'âme sur le lieu. Saïd a pris la poudre d'escampette. Il fallait attendre le mardi 23 décembre quand les enquêteurs ont appris que Saïd séjournait chez une voisine à lui, au quartier Ourbiî, à Beni Mellal pour l'arrêter. Ila été traduit le jeudi 25 décembre devant la chambre criminelle près la Cour d'appel de Beni Mellal poursuivi pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner.