A cause d'un talisman, la victime d'un attentat à la pudeur refuse d'affronter le sorcier accusé. Le juge d'instruction et les magistrats de la Chambre criminelle refusent de l'admettre comme pièce à conviction. Les magistrats de la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Rabat ont statué au cours de la semaine écoulée dans l'affaire d'un sorcier accusé d'attentat à la pudeur sur la personne d'une fille âgée de 17 ans. C'est une affaire unique en son genre qui entre dans le cadre de l'incroyable mais vrai. La victime atteinte d'une maladie psychique a été conseillée par ses voisins à Salé de rendre visite au sorcier qui jouit d'une bonne réputation spirituelle. Le fkih en question possède un don surnaturel qui l'avait conduit dans le passé à venir en aide à plusieurs personnes atteintes de différentes maladies. La fille et sa mère lui rendent visite. Pour pouvoir seulement lui parler, elles ont réglé une somme de cinq cents dirham. Le sorcier est un homme très «sérieux», pour chaque somme d'argent donnée il livre au client une facture en bonne et due forme. Et c'est cette même facture qui sera la preuve de son accusation et de son inculpation. Que s'est-il donc passé? Au moment où la mère et la fille s'étaient présentées chez lui, il a ausculté la malade et à la fin de leur entretien, un talisman, de rite religieux, lui a été offert. Elle l'enchaîne autour de son cou et rentre chez elle. Avant de le quitter, il lui avait suggéré de revenir le voir dans une semaine. Le jour du rendez-vous, la fille toujours accompagnée de sa mère se pointe chez le sorcier et lui font savoir qu'il n y'a pas eu d'amélioration. Le bienfaiteur demande à la fille de se déshabiller et ordonne à sa mère de se retourner. Il commence à la caresser et à chaque fois que la mère jette un regard, le sorcier s'énerve et lui fait savoir que la Baraka va s'envoler. Arrivé dans ses caresses au bas-ventre, il lui enfonce fortement les doigts dans l'appareil génital et réussit à déflorer la pauvre fille qui hurle de douleur et tombe dans le coma. La mère horrifiée par le geste fou du sorcier appelle la police et le fkih s'est trouvé derrière les barreaux. Une fois le dossier de l'affaire arrivé devant le juge d'instruction, il convoque la jeune fille pour une confrontation. Rien à faire, elle refuse de se présenter et annonce à son avocat que le sorcier qui se trouvait en prison venait la voir chaque nuit en lui lançant des menaces de mort. Ce n'est pas possible, lui annonce le défenseur, le sorcier se trouve bel et bien en prison et il ne pouvait pas être au four et au moulin. L'avocat a tellement insisté au point de la convaincre à répondre à la convocation du juge d'instruction. Mais une fois arrivée à la Cour d'appel, le même scénario se répète, la fille refuse de le voir et continue de faire savoir à son avocat qu'une force étrange l'empêche de le poursuivre en justice. L'avocat se rend compte que sa cliente portait encore le talisman. Il le lui arrache du cou et la fille change aussitôt de comportement, avec un grand sourire, elle décide de l'affronter. L'avocat garde le gri-gri comme une seconde preuve et le présente au juge. Le magistrat refuse d'admettre le talisman comme preuve, l'avocat le garde et le présente aux magistrats de la chambre criminelle qui eux aussi, par peur, refusent de l'ajouter dans le dossier et prient l'avocat de le faire sortir de la salle d'audience. L'affaire a été reportée à une date ultérieure pour vice de forme.