A ses soixante-six ans, Abderrahmane, père de neuf enfants, croyait que sa femme, âgée de cinquante-sept ans, le trompait avec son beau-fils. La solution ? Il l'a égorgée. Abderrahmane a égorgé sa femme, Rkia. Une information qui s'est répandue comme une traînée de poudre à Fès. Tout le monde en parle. Et tout le monde s'interroge sur les raisons pour lesquelles un homme est arrivé à violenter sa femme jusqu'à la tuer. «Le crime qu'a commis Abderrahmane reste particulier et étonnant », a précisé à ALM une source de la sûreté de la ville de Fès qui a enquêté sur plusieurs meurtres tout au long de son parcours de plus d'une vingtaine d'années. Un crime singulier du fait que le mis en cause est un sexagénaire et la victime est une quinquagénaire, qu'ils ont partagé, tous les deux, le même foyer et le même lit durant plus d'une trentaine d'années, qu'ils ont mis au monde neuf enfants, qu'ils sont actuellement des grands-parents, qu'ils jouissaient d'une bonne réputation dans leur quartier El Merja, qu'ils sont des pieux qui ne ratent jamais les cinq prières et que l'épouse portait la burqa. « Le mis en cause n'était jamais un alcoolique, ni un drogué, ni fumeur de cigarettes…Il ne s'agit même pas d'un impulsif, ni d'un psychopathe ou d'un pervers…», a précisé la même source policière à ALM. Nous sommes le samedi 19 décembre. Dans l'après-midi, Rkia qui était chez sa fille, demeurant dans la région Zlilig située à treize kilomètres au sud-ouest du centre-ville de Fès et qui vient d'accoucher d'un nouveau-né, a rangé ses affaires dans son petit sac et a avisé sa fille qu'elle rentrera chez elle. Elle avait l'intention de rejoindre son mari et prendre soin de lui surtout qu'elle s'est absentée durant quelques jours de chez elle. Quand elle est arrivée chez elle, son mari, Abderrahmane y était déjà. De coutume, il ne s'éloigne pas de chez lui dès le jour où il a pris sa retraite. Il était maçon. Quand elle s'est plantée devant lui, il l'a curieusement scrutée comme s'il ne l'avait jamais vue. Rkia s'est contentée de lui adresser les bonjours pour sombrer ensuite dans le silence de la mort. D'un air maussade, il la fixait avec ses deux mirettes durant quelques minutes avant d'aller à la cuisine et retourner vers elle avec un couteau à la main. Quelle mouche l'a piqué? Rkia se plantait encore devant lui sans dire un mot. Et tout d'un coup, il lui a asséné un coup. Elle a lancé un cri strident. Le sang a giclé de son épaule droite. Abderrahmane semble être dans un second état. Sans pitié, il l'a saisie de ses cheveux et l'a égorgée. Sans se laver, il a jeté le couteau juste à côté du corps de sa femme, gisant dans une mare de sang, et il est sorti de chez lui. Pour quelle destination ? Au départ, il ne savait pas. Il a traîné ses pas pour s'élogner du quartier. À ce moment, les voisins qui avaient déjà entendu le premier cri sont arrivés à la maison d'Abderrahmane. Sans frapper à la porte, ils y sont entrés. La scène dépassait leur imagination. Comment un homme pieux devient-il un monstre sans pitié en quelques secondes ? Les voisins ont alerté la police et la protection civile. Rkia, âgée de cinquante-sept ans, semble être encore en vie. Elle a été évacuée aux urgences de l'hôpital Hassan II. Là, elle a rendu l'âme. Les enquêteurs se sont lancés à la recherche du mari, âgé de soixante-six ans, qui a disparu. Deux jours plus tard, Abderrahmane a été arrêté chez son fils qui demeure au quartier Al Amal. En fait, il a avoué être l'auteur de crime. Et le mobile? Abderrahmane croyait être un cocu. «Elle me trompait avec mon beau-fils… Elle ne s'intéressait plus à moi et ne partageait plus le lit avec moi », a-t-il crié devant les enquêteurs. Mais, personne ne l'a cru.