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Reportage : Oujda, une ville en peine
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 15 - 02 - 2002

Après l'affaire Loubna Mahjoubi qui a récemment défrayé la chronique, Oujda, perplexe, continue à offrir le visage d'une région meurtrie, inconsolable du malheur qui comme la foudre s'est abattu soudainement sur elle.
La colère, mâtinée d'indignation, est aussi vivace que lors des premiers jours. Le jour où les habitants d'Oujda, déjà aux prises avec un réel des plus difficiles, ont fait subitement connaissance avec l'horreur : kidnapping, viol et assassinat de la petite Loubna Mahjoubi, le 14 janvier dernier, par un pédophile du nom de Ali Madani avant de découvrir son corps dans un hôtel non classé de la ville.
Une fille studieuse et précoce selon ses professeurs, qui fréquentait le lycée Lalla Meryem de la ville, issue d'une famille modeste dont elle était l'aînée. L'espoir assassiné. Terrible coup du destin. Les parents de la défunte, âgée de 9 ans, sont toujours prostrés malgré les marques de sympathie et le flux de condoléances qui continuent à leur être exprimés des quatre coins du pays. Compatir. Rien d'autre à faire devant l'épreuve. L'accusé, incarcéré à la prison civile de Oujda en attendant l'ouverture de son procès prévu pour bientôt, a tenté de se suicider, mercredi 30 janvier, en se coupant les veines. Celui qui était à ce moment-là dans un état hystérique qui en dit long sur son désespoir concentre, en effet, sur sa personne assez de chefs d'accusation pour risquer au pire la peine de mort ou dans le meilleur des cas moisir pendant plusieurs années en prison.
Triste sort que celui qui attend donc Ali Madani, un homme divorcé, père de 2 enfants, sans situation professionnelle connue au moment des faits, qui a dû essuyer une bordée d'insultes de la part des détenus lorsqu'il fut envoyé à l'ombre juste après son arrestation par la police judiciaire. Si ce n'était l'intervention des geôliers, les prisonniers, dans un rugissement de colère immense pareil à ceux d'un animal en furie, l'auraient lynché. Ce nouveau locataire pas comme les autres de 43 ans, isolé dans une cellule individuelle après cet incident qui a failli mal tourner, a de quoi craindre pour son intégrité physique.
Certains le décrivent comme un malade mental, d'autres comme un obsédé sexuel, d'autres encore comme un alcoolique irresponsable. En fait, personne ne sait vraiment qui il est. Un vagabond peut-être. Un dépravé certainement. Jetant autour de lui des regards furtifs de chien apeuré, une grande lassitude mêlée de résignation inscrite sur le visage, l'homme est très nerveux. On le serait pour moins que ça. Pour beaucoup moins que ce qu'il a fait. Pour le moment, il se débat, livré à lui-même, face à sa conscience, dans une incroyable et sordide chronique d'une affaire de pédophilie spectaculaire. La rue oujdie, pas encore tout à fait remise du choc qu'elle a subi, ne parle que de lui, de ce “sauvage qui a osé commettre l'indicible“.
La presse locale, elle, continue à consacrer ses Unes et ses colonnes à ce qu'il convient désormais d'appeler l'affaire Loubna. Devant les réactions violentes soulevées par ce drame qui a frappé les imaginations et la marche spontanée de protestation qui s'en est suivie, le chef de sûreté de la ville, Ahmed Al Oumali, a jugé utile de tenir une conférence de presse où il a déclaré que ses services ont été pris de court par ce crime, expliquant que l'accusé dont il n'a pas voulu révéler ni le nom de famille ni l'adresse, considérait la défunte comme sa propre fille. Drôle d'affection en tout cas qui finit par une telle tragédie. M. Al Oumali, homme connu pour sa rigueur et son sens du devoir, a ajouté que la presse n'encourage pas assez les efforts de la police. “La tragédie Loubna n'est en fin de compte que l'expression d'une société en pleine mutation”, souligne un journaliste local. Une tragédie dont certains, à l'instar de ce journaliste, relativisent cependant l'impact, toute émotion mise à part. Un homme d'affaires explique : “Je trouve que ce fait divers certes abject a été médiatisé à l'excès.
Le phénomène de la pédophilie existe partout au Maroc, pas seulement à Oujda“. Un employé d'un hôtel de la place, épris d'écriture et de lecture, se définissant comme un rebelle dans l'âme, voit les choses sous un autre aspect. “ On n'a de cesse de glorifier l'avance, soutient-il. Mais on ne fait rien pour la protéger“. Il ajoute dans un soupir : “ Il faut d'abord se soucier des parents surtout du père.
Comment voulez-vous qu'un chef de famille qui touche une misère puisse éduquer convenablement ses enfants”. Une chose est sûre : le cas Loubna a permis de lever un grand tabou. Si les pulsions et les actes pédophiles font fureur partout ailleurs, il n'en reste pas moins que les victimes et leurs familles n'osaient pas jusqu'ici les dénoncer publiquement.
Aujourd'hui, la donne semble avoir changé: les parents dont les enfants sont victimes d'abus sexuels révèlent ces agissements à la presse et à la police. On parle de pas moins de 110 cas signalés rien qu'à Oujda. Le 30 janvier dernier, la Chambre criminelle près la Cour d'Appel de la ville a condamné un pédophile à 15 ans de prison ferme pour le viol à Jerada d'une fille de 4 ans. Ici, tout le monde attend avec impatience l'ouverture du procès de Ali Madani. L'acte dont ce dernier s'est rendu coupable mérite quelle sanction ?
La justice dira son mot. Oujda, paisible presque oubliée, n'a pas fini de souffrir. Elle n'oubliera pas.
• DNES à Oujda
Abdellah Chankou


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