N'en déplaise aux faiseurs de fausses opinions, et d'influenceurs à la gâchette « numérique » rapide, le Maroc est loin d'être un prédateur combattant la liberté d'expression sur le web. Et c'est le très respecté Reporters sans frontières (RSF) qui le prouve dans son dernier rapport en date du 10 mars et mis à jour le 12 courant. Censure, mouches, logiciels espions : 20 Etats n'hésitent aucunement à développer et à financer généreusement des stratégies perfectionnées pour combattre les voix dissidentes en ligne. Parmi ces 20 pays, 4 sont arabes. Au risque de décevoir beaucoup d'adeptes de la théorie selon laquelle les services sécuritaires du Royaume musèlent la presse digitale, le Maroc n'y figure pas. Le Maroc ne finance pas RSF non plus, inutile de chercher her cette excuse-là. Certains media, journalistes en mal de reconnaissance que ne peut leur procurer leur plume cassée, et influenceurs plus ou moins célèbres, dont le prince Hicham Alaoui et ses affidés, ou encore d'autres en mal de reconnaissance -qui sponsorisent leurs comptes Twitter, Facebook et Instagram pour leurrer certaines associations à l'international quant à l'étendue de leur célébrité-, doivent se rendre à l'évidence. Malgré la diffusion de fausses informations sur le Maroc et sur ses services sécuritaires, basées sur des théories complotistes éculées, le Maroc ne réprime pas la liberté d'expression sur le web. Force est de reconnaître que seuls les rapports sérieux sur le terrain donnent des preuves à contrario de la prose abjecte nourrie par des ambitions déçues et ô combien décevantes. Puisqu'au palmarès des Etats prédateurs et anti liberté d'expression sur le web, le Maroc ne figure point, il faudra chercher un autre filon pour se faire entendre. A l'heure où le digital offre encore des places à prendre, il encore temps de se pencher sur ses ressources en dehors de la diffamation. Laissons les esprits chagrins et revenons au document inédit de l'ONG qui brosse un portrait effarant des pays qui combattent la liberté d'expression numérique. Une publication à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre la cybercensure, créée à l'initiative de Reporters sans frontières. La liste n'est pas exhaustive, souligne l'ONG en préambule de son étude, mais elle confirme que « ces 20 Prédateurs numériques de la liberté de la presse, représentent en 2020 un danger évident pour la liberté d'opinion et d'expression, garantie par l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme ». RSF dénonce ainsi le pouvoir multiforme des pays-ennemis de l'information libre et de l'entrave à sa circulation sur le web. Dans cette liste nommée « 20/2020 », quatre catégories montrent les stratégies répressives d'acteurs étatiques (de manière directe ou à travers des agences privées comme le fait Israel) contre les journalistes. Elles se partagent entre harcèlement, censure d'Etat, désinformation et espionnage et son pendant, la surveillance. RSF les pointent de la manière suivante : « infra-étatiques, privées voire informelles, ces entités démontrent une réalité du pouvoir à la fin de la première décennie du 21ème siècle : les journalistes d'investigation, et tous ceux qui déplaisent, peuvent être la proie d'acteurs parfois occultes ». Les entités dont l'activité est assimilable à une prédation envers le travail journalistique sont les suivantes : Inde, Russie, Brésil, Algérie, Mexique, Iran, Venezuela, Chine, Egypte, Vietnam, Philippines, Arabie saoudite, Soudan, Israel, Suisse, Italie, Etats-Unis, Espagne, Allemagne. L'ONG décrit par pays les procédés utilisés pour réprimer. Certains de ces Etats, se retrouvent dans plusieurs des 4 catégories à la fois. Quant aux quatre pays arabes qui siègent allègrement aux côtés de pays autocrates tels que la Chine, la Russie et l'Iran dans le palmarès de la répression politique sur les réseaux sociaux, le web et la téléphonie, ce sont : l'Arabie saoudite, l'Algérie, l'Egypte et le Soudan, tous indexés en tête de liste par Reporters sans frontières. L'Algérie plus que les trois autres, est en « bonne position » de « modèle » dans le cyberharcèlement au moyen de mouches électroniques : sur Facebook et selon la publication, le mode opératoire consiste à saturer l'administration du réseau social à coups de signalements intempestifs de pages ou de comptes personnels d'opposants, mais surtout de journalistes influenceurs qui reportent fidèlement ce qui se passe sur le terrain. L'usage et la diffusion de fausses informations personnelles des journalistes pour monter de faux dossiers visant à leur porter atteinte est tout aussi prisé dans la République « démocratique » voisine. Cette technique, appelée doxing, qui en plus de nuire à la réputation des journalistes, exposent les profils-cible à des représailles dans la rue. Le rapport de RSF cite ainsi les cas des journalistes algériens Redouan Boussag, Lamine Maghnine et de Khaled Drareni, correspondant de l'ONG. Dans les pays occidentaux considérés comme démocratiques, ce sont des entreprises privées qui sont pointées comme fournisseurs illégaux de logiciels permettant d'accéder aux applications et aux données personnelles stockées dans les téléphones. Données telles que les conversations, les photos et les données GPS, pour ne citer que celles-là…