Les élections des chambres professionnelles passées, il reste l'élection des députés de la Chambre des Conseillers, au scrutin indirect, qui feront partie des deux cinquièmes des membres élus de la Chambre des Conseillers. Mais pour l'heure place à la course aux communales et législatives qui se tiendront la même journée, le 8 septembre prochain, sauf si l'évolution de la situation sanitaire en exige le report. Le RNI avec 28,61% des sièges remporte une victoire écrasante sur ceux qui le devançaient largement il y a six ans. Le RNI en doublant pratiquement son score (14,96% en 2015), montre l'ampleur de sa machine électorale, plus puissante que celle des autres partis. Si toutes les formations partisanes ont perdu beaucoup de sièges, par rapport à 2015, soulignons que l'écart de plus de 6 points pour le PJD est le pire enregistré. De 8,99% des sièges en 2015, il chute à 2,20%. Il n'en reste pas moins, que ces élections ne sont signifiantes ni sur le plan « mental ou psychologique » ni sur la réalité du terrain des échéances législatives. L'on se souvient, 6 ans auparavant, tous les partis ayant enregistré de faibles scores se sont retrouvés au gouvernement et à leur tête le PJD. En effet, pour l'échéance législative, l'enjeu est tout autre. Si aujourd'hui le RNI bénéficie d'une machine électorale implacable, il reste néanmoins dans l'imaginaire populaire un parti « administratif ». S'il venait à remporter les élections législatives il bénéficierait certainement de sa qualité à mettre en œuvre les politiques étatiques. L'orientation du futur gouvernement, selon les recommandations du rapport de la CSMD, est claire et urgente : plus d'Etat, plus de politiques sociales, préférence nationale, et moins de zones grises dans la gouvernance. Certes aujourd'hui le contexte sanitaire national et mondial est différent et l'élaboration du pacte national du développement fédère autour de lui presque toutes les formations partisanes. Tous parlent d'une seule voix : qu'il s'agisse de partis historiques de gauche, libéraux, ou administratifs et néolibéraux : place à la social-démocratie, à l'investissement dans l'humain. Cependant, les dirigeants du RNI libéraux, sauront-ils séparer politique et affaires ? Rien ne permet de le certifier, au vu de l'expérience gouvernementale actuelle et des blocages sur les réformes liées aux hydrocarbures, à la caisse de compensation, à la fiscalité, à la CNSS, à la CIMR, la RCAR. La population se souvient également que ce même gouvernement pour répondre à la contestation populaire qui a engendré le boycott de trois produits symboliques, né en 2018 sur les réseaux sociaux, s'est rangé du côté des affaires. L'on se souvient de la riposte du patron du RNI et ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Aziz Akhannouch au salon de l'agriculture, prenant fait et cause pour les produits commercialisés par sa holding et minimisant la portée du boycott jugée virtuelle. L'on se remémore également de celle du ministre islamiste chargé des Affaires générales et de la Gouvernance Lahcen Daoudi, manifestant aux côtés des employés de Danone. Le nouveau modèle de développement constitue la feuille de route pour le futur gouvernement, qui place l'humain et le rôle de l'Etat en son centre, les affaires mettent, elles, l'entreprise au cœur de leurs préoccupations. En tout cas, considérant le nombre d'inscrits sur les listes électorales en hausse en vue des législatives, une plus grande implication du citoyen dans le processus électoral semble pratiquement acquise. Regain de confiance dans les formations partisanes ? Simple volonté de participer à redessiner la composition du parlement ? Il est trop tôt pour répondre. Cependant, la population semble consciente que la faible participation aux dernières législatives ont conduit à un gouvernement hétérogène, faible, qui a contribué à paupériser la population, bien avant la crise pandémique de 2020. Qui convaincra ? un parti ayant déjà été aux commandes ? un parti ayant au moins une expérience gouvernementale ? un parti n'ayant jamais pris part à un quelconque gouvernement ? tout reste envisageable.