N'entrevoyant rien de clair dans l'avenir, menant un antagonisme outrancier contre le Maroc, le régime algérien s'est engagé dans une coalition immorale avec des renégats malfamés pour viser Rabat. Les esprits extrêmes au sein du régime, possédés par une passion unique, subordonnent tout à une cause, celle d'affaiblir le voisin marocain, quitte à méconnaître le danger de leurs agissements. Pour contenir le mouvement prodémocratie du Hirak, le président algérien Abdelmadjid Tebboune n'était jamais à court d'idées. En 2021, le régime vit une grave crise politique et sociale. Après avoir dissous l'Assemblée populaire nationale (APN), la chambre basse du Parlement, Tebboune a convoqué en urgence le Haut-Conseil de sécurité (HCS, défense nationale). Toute l'intendance était là : le premier ministre, le ministre des affaires étrangères, le ministère de l'intérieur, le chef d'état-major de l'armée et le patron de la gendarmerie. Officiellement, cette réunion avait abordé «les actes subversifs et les graves dérapages émanant de milieux séparatistes et de mouvances illégales proches du terrorisme», détectés au sein du Hirak. Officieusement, le régime voulait annihiler toutes les voix dissidentes : la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK, indépendantiste), interdit, et le mouvement conservateur Rachad, interdit lui-aussi, entre autres. Dans cette facile matière à parti-pris politique, sans préventions, le régime pourchassait toute entité soupçonnée d'«atteinte à la sécurité de l'Etat, à l'unité nationale et à la stabilité des institutions.» Les apprentis-sorciers algériens, impudents à souhait On sait la tentative vaine ; on la juge, avec raison, dangereuse pour ses fomentateurs. Le parti-Etat algérien, qui abrite désormais, selon des images enregistrées diffusées sur les réseaux sociaux, le «Parti national rifain», une obscure structure radicale sans légitimité, qui se dit sécessionniste; est le même régime qui a condamné le chef du MAK par contumace à la perpétuité en 2022. Pour motiver ce jugement, il a accusé Ferhat Mehenni, qui vit en France, «d'avoir créé une organisation terroriste et porté atteinte à l'intégrité territoriale et à l'unité nationale.» Par ailleurs, peu avant ce verdict, les autorités algériennes ont classé le MAK, sans preuves, comme «organisation terroriste», en réactivant un article du code pénal qui punit «tout Algérien qui s'active ou qui s'enrôle à l'étranger dans une association, groupe ou organisation terroriste ou subversif» menant des activités qui «nuisent aux intérêts de l'Algérie». Le vieux monde algérien, qui aime le séparatisme chez les autres et pas chez lui, est-il devenu incapable de juger ? Au début du XXe siècle, le socialiste français Marcel Sembat conseillait de «pratiquer la silencieuse concentration de toutes les énergies nationales autour du chef monarchique», pour contrecarrer les plans de «ces bêtes hybrides qui s'appellent des républicains militaristes». Là, l'actualité est de l'ordre de l'ubuesque. Que l'Algérie soit réduite à pactiser avec des narcotrafiquants et des renégats établis en Belgique et aux Pays-Bas pour tenter de déstabiliser le Maroc, cela démontre que les déplorables défaillances du pouvoir actuel, accoutumé aux faux-fuyants et aux dérobades politiques, ne cherche qu'à faire oublier son fiasco dans le dossier du Sahara, alors que l'opposition algérienne appelle à la nécessité d'appliquer un meilleur emploi des ressources de la nation, après les fonds colossaux dilapidés, en vain, sur le Polisario durant cinq décennies. Le régime algérien est en plein désaccord avec les réalités prépondérantes de l'heure : il sait que Rabat est en train de gagner le partie au Sahara et que le Sahel lui échappe définitivement. C'est pourquoi il jette le désordre partout, au Mali, au Niger, en Tunisie, en Mauritanie et même à ses frontières. Les fureurs de division ne peuvent guère affecter une autorité marocaine forte, historique, durable, d'accord avec elle-même, proportionnée; la monarchie et le peuple parlant un langage unanime et concordant. L'Afrique n'a plus tout l'attrait d'un échiquier neuf où s'exerce une diplomatie algérienne qu'on disait, naguère, équilibrée. Sur l'échelle internationale, plusieurs puissances s'inquiètent du maniement malhabile algérien de ses questions intérieures ou de voisinage. Le duo Tebboune-Chengriha redoute le suffrage populaire de décembre 2024 et les fluctuations de l'opinion publique. Tandis que les impatients au sein du régime ne cessent pas de réclamer le report de la présidentielle prochaine, la masse des électeurs semblerait s'y refuser ou s'y prêter de mauvaise grâce : de là des abstentions de plus en plus nombreuses se profilent, un scénario calamiteux pour la gérontocratie algérienne. Les rares voix critiques épargnées s'alarment à juste titre du fait que l'exercice du droit de vote n'a plus aucune importance. Mais au lieu de résoudre ce grave dilemme, le pouvoir algérien préfère octroyer une villa à des repris de justice qui gravitent autour d'un malfaiteur notoire en fuite, réclamé par la justice marocaine.