Dans un entretien accordé au Journal du dimanche (JDD, Lagardère News), l'écrivain français Pascal Bruckner, auteur de «Je souffre donc je suis. Portrait de la victime en héros», Grasset, 320 p., 290 MAD, a indiqué que «le passage de la mémoire à l'histoire est nécessaire pour ne pas entretenir de vieilles rancunes.» Dans ce sens, il cite la relation de la France avec l'Algérie, «empoisonnée par l'esprit de vengeance de la part d'Alger et qu'il faut apurer.» «Macron a voulu faire pour ce pays ce que Chirac avait fait en 1995 avec le régime de Vichy pour les Juifs. Mais c'est un contresens historique et une comparaison outrancière. Il faut reconnaître les crimes commis par la France dans ce pays et inviter les Algériens à reconnaître les leurs, lors de la guerre d'indépendance. Et passer de la rancœur postcoloniale au partenariat apaisé», a-t-il contesté. Ces propos surviennent alors que l'Elysée avait annoncé, le 11 mars, que le président algérien sortant Abdelmadjid Tebboune effectuera une visite d'Etat en France «fin septembre, début octobre». Maintes fois reporté, ce déplacement surviendra, donc, après «l'élection présidentielle anticipée, qui aura lieu le 7 septembre», selon une annonce surprise de la présidence algérienne, le 21 mars, à l'issue d'une réunion regroupant le président, le premier ministre, les chefs des deux chambres du Parlement, le chef d'état-major de l'armée et le président de la Cour constitutionnelle. Aucune raison ne motive, à l'heure actuelle, la tenue anticipée du prochain scrutin; Tebboune (78 ans) n'a pas encore annoncé s'il se présenterait pour un second mandat et Macron se trouve piégé par ce rendez-vous politique qui constitue un enjeu pour le pouvoir en place. Ce dernier, confronté à une crise de légitimité qui dure depuis plusieurs années à cause de la contestation populaire, tente de vicier le processus électoral à travers l'exclusion des différents courants idéologiques politiques de l'opposition. Et, selon toute vraisemblance, le régime algérien parie sur une «validation» de Paris et sur ses «relais» qui agissent au nom la communauté algérienne en France pour neutraliser toute mauvaise surprise.