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L'argent des MRE : Nezha Chekrouni veut mouiller les banques
Publié dans Challenge le 07 - 07 - 2007

Les banques stockent plus de 100 milliards de dirhams de transferts cumulés des Marocains Résidents à l'Etranger (MRE). De l'argent dont on ne sait quoi faire. Sans alternative rentable, la nouvelle génération ne commettra pas l'erreur des aînés. Elle placera son argent là où c'est fluide et rentable. Nezha Chekrouni, secrétaire d'Etat en charge des MRE, veut repousser ce scénario catastrophe en présentant un projet aux banques.
Dans cinq ans, l'argent des MRE ira ailleurs. Oui, vous avez bien lu. Au lieu des 42 milliards de dirhams qui transitent vers le Maroc, les banques locales n'en recevront qu'une partie infime. C'est une conviction qui grandit de plus en plus au secrétariat d'Etat auprès du ministère des Affaires étrangères, chargé des Marocains résidents à l'étranger. Cela est d'autant plus vrai que des sources proches de la fondation Hassan II des MRE parlent d'une récente étude qui démontre qu'il y a anguille sous roche. Selon des indiscrétions, plus de 100 milliards de dirhams, résultant des transferts cumulés des MRE, dorment dans les banques de la place. 50% de cette enveloppe vertigineuse est rémunérée sous forme de compte sur carnet ou compte à terme. L'autre moitié sommeille sous forme de compte courant. Une autre étude, cette fois émanant du secrétariat chapeauté par Nezha Chekrouni, révèle la répartition de la manne financière des MRE et les conséquences qui en découlent à moyen et long terme. Ainsi, sur les 42 milliards transférés chaque année vers le Maroc, presque 17 milliards de dirhams servent à la solidarité familiale, des versements effectués dans le but d'aider la famille. Les 25 milliards restants servent à des investissements divers. Ainsi, 83% de cet investissement se concentre sur l'immobilier, 9% sur le tourisme, 7% sur l'agriculture et 4% sur l'industrie. Jusque-là tout va bien. Mais dès qu'on arrive aux projections, la donne change. La plupart des MRE ont un logement au Maroc. Ce qui laisse entendre la saturation du secteur de l'immobilier. Donc, une bonne partie des 20 milliards consacrés au béton doit trouver une alternative. «L'immobilier continuera à intéresser les MRE tant qu'il n'y aura pas une alternative qui présente le même seuil de rentabilité. L'immobilier a présenté une rentabilité de plus de 25% en l'espace de deux ans, aucun autre produit, à part la bourse dans ses jours meilleurs, ne fait mieux», explique un financier de la place. En clair, si l'investissement dans l'immobilier ne disparaît pas complètement, il diminuera graduellement. L'alternative s'impose, de toutes les manières.
La réalité du terrain
force la main à l'Etat
Une autre réalité du terrain démontre que le changement de génération agira sur les transferts d'argent vers le Maroc. Selon des sources basées en Europe, plus de 60% des élus dans les chambres de commerce à l'échelle du vieux continent, sont d'origine marocaine. Qu'est-ce que cela veut dire ? Que le Marocain «new age» est fortement ancré dans son pays d'accueil. Il y vit, y investit son argent et le Maroc reste pour lui un lieu de villégiature. Cette tendance qui n'a pas encore impacté, pour l'instant, les transferts des MRE, ne tardera pas à le faire. Cela est d'autant plus éminent que l'intégration dans des institutions comme les chambres de commerce ouvre la porte à des partenariats locaux. Donc des Marocains seront appelés à faire davantage de business avec les autochtones. Conséquence logique, une bonne partie des revenus des MRE restera hors des frontières marocaines ou sera investie dans des pays qui offrent des packages plus attrayants. Au lieu du Maroc, le MRE, sous la pression de son partenaire européen, optera pour l'Asie ou pour la Tunisie, bref pour un pays qui lui assure une rentabilité et une fluidité des capitaux. Cette réalité amère est confirmée par Hassan El Mesnaoui, conseiller du président de la Chambre de commerce de Montpellier et directeur général d'un cabinet de conseil en investissement à Casablanca. «Les temps ont changé. La nouvelle génération maîtrise toutes les compétences et le savoir-faire nécessaires pour réussir des projets de grande envergure, mais la peur est toujours là en l'absence absolue de communication de proximité de la part des institutions marocaines au profit des MRE», déplore notre conseiller.
Parmi cette catégorie de la jeune génération, on trouve des centaines de cadres haut placés dans des institutions étatiques et privées de la Communauté européenne. Un tas de responsables marocains détiennent les ficelles d'instances politiques et économiques importantes en Europe, font de notre pays une cible privilégiée des investisseurs, notamment ceux d'origine marocaine. Aux yeux d'Hassan El Mesnaoui, le Maroc est la meilleure destination économique pour tout investisseur. D'après lui, «nous avons un pays magnifique, doté de toutes les caractéristiques favorables pour un investissement prometteur. En plus, nous avons une stabilité politique, économique et sociale sans pareille dans le monde. Le peuple marocain est accueillant et doté d'une grande intelligence qui fait de lui une source de main-d'œuvre de haut niveau».
Le constat des autorités
compétentes
Les propos de Hassan El Mesnaoui vont dans le même sens que les déclarations officielles des autorités compétentes. Ces dernières, conscientes des changements de mentalités de la nouvelle génération des MRE, dans le cadre de la mondialisation et de la libéralisation de différents marchés à l'échelle internationale, ne sont pas restées les bras croisés. Des dizaines d'études, réalisées par divers cabinets ministériels et associations, ont vu le jour ces dernières années. Des chiffres souvent contradictoires apparaissent dans les journaux, qui montrent plusieurs niveaux d'exploitation de l'argent des MRE dans des projets de développement du pays. La réalité diffère du joli «relooking» des faits dans les rapports de certaines associations et fondations nationales et internationales. Évoquer les MRE, c'est tout simplement parler d'une compagne estivale d'accueil de plus de 3 millions de Marocains vivant à l'étranger. L'accueil est chaleureux, mais il reste stérile vu les attentes de cette communauté qui espère beaucoup mieux de son pays d'origine, auquel elle confie annuellement des milliards de dirhams sans avoir d'idée d'investissements clairs en tête. L'image des trois facteurs économique, politique et social demeure cryptée aux yeux des MRE en l'absence d'une communication bien ciblée au cœur des pays d'accueil. D'où le rôle primordial de l'Etat dans l'orientation des MRE dans ce sens. Et surtout leur donner confiance en leur pays d'origine, en créant aussi le besoin d'investir au Maroc. C'est dans cette optique que le ministère de tutelle prépare trois grands nouveaux projets, qui sont en phase de finalisation pour être appliqués à partir de l'année prochaine. Il s'agit bien, d'une part, d'une étude faite par les services de la Fondation Hassan II, qui demeure un mystère, jusqu'au séminaire prévu en juillet et, d'autre part, d'une étude lancée par le ministère de tutelle. La troisième étude nous viendra, dans les mois à venir, de l'étranger et serait, selon des sources non autorisées, réalisée par des responsables et des spécialistes européens d'origine marocaine. Celle-là reste la plus fiable et la plus pratique pour le moment.
Les leviers de la réforme
En partant de ces études, le ministère présentera sous peu une nouvelle plate-forme pour l'investissement des MRE. L'idée est d'impliquer les banques dans le deal. Comment ? En profitant du débat qui sera initié par le ministère et la fondation Hassan II sur la question des placements des MRE. Le secrétariat d'Etat présentera ainsi des pistes exploitables, parfois difficiles à mettre en œuvre par leur apparence utopique, mais réalisables quand même si la volonté politique y est. La première piste concerne le consommable. Il s'agit des transferts pour la solidarité familiale. L'idée qui germe est de profiter de ces transferts pour bancariser les bénéficiaires des transferts. «Le frère resté au bled reçoit des virements réguliers, la banque pourrait l'inciter à ouvrir un compte bancaire et le système de crédit l'intègrerait parmi les clients potentiels», nous explique une source proche du projet. Cela veut dire que le frère du MRE peut, grâce à son compte bancaire alimenté par les transferts de l'étranger, contracter un crédit logement ou auto à sa convenance.
Une autre piste intéressante réside dans la liberté de transit du capital. Comme nous le savons tous, dès qu'un MRE transfère son argent, il ne peut le rapatrier vers le pays d'accueil qu'en se soumettant à des tracasseries monstres. «Que le dépôt s'effectue dans l'agence d'une banque marocaine à Paris ou à Casablanca, le MRE doit pouvoir disposer de son argent là où il est, à Tokyo comme à Rabat», vulgarise notre source. «La création d'un fonds d'investissement n'est pas exclue», renchérit une source proche du ministère. En fait, l'idée, certainement inspirée de modèles développés en Amérique Latine, repose sur l'implication totale des banques de la place. Le fonds d'investissement serait ainsi constitué des transferts des MRE en grande partie (à hauteur de 60%) et d'un complément versé par les banques (40%). Une fois la manne financière institutionnalisée, le fonds investira selon les opportunités qui se présentent et assurera une rentabilité honorable pour les deux parties, banques et MRE. Cela peut se faire dans le tourisme, un secteur qui a besoin de leviers financier pour la construction d'hôtels, ou dans l'industrie dans le cadre de pôles de développement stratégique tels que déclinés par l'étude Emergence. «Le fonds garantit que l'argent des MRE, bien qu'en mouvement, restera entre de bonnes mains pour être fructifié», explique la même source. Tout MRE qui s'inscrirait dans cette démarche bénéficierait d'avantages additionnels, comme le financement à des taux bonifiés (on parle même d'un taux inférieur de moitié à ceux pratiqués sur le marché) et pourrait prétendre à la garantie de l'Etat via la Caisse Centrale de Garantie pour la couverture de risque. Contactées, certaines banques de la place ne sont pas au courant de ces pistes. L'une d'entre elles a même laissé entendre qu'il s'agirait de pistes «théoriques sans garantie de réussite sur le terrain».
L'alternative doit
venir des banques
Il est clair qu'il y a un décalage entre ce que veut l'Etat et ce que font les banques de la place. Selon nos sources, seule la Banque Populaire serait partante et a d'ailleurs confirmé sa présence lors du séminaire qui sera organisé incessamment à Rabat. Or, sans l'implication des banques, le plan de Chekrouni est voué à l‘échec. Ce que la secrétaire d'Etat espère, c'est que les financiers locaux réfléchissent à des packages à offrir aux MRE. «C'est la moindre des choses vu l'importance des dépôts en devises», renchérit un proche de la communauté des expatriés. L'idée est que les banques permutent de leur position de «rentiers» qui ne font que collecter de l'argent facile, pour devenir des partenaires. Elles proposeraient des projets d'investissement à leurs clients, faciliteraient la prise de contacts et la mise en relation pour le business. En bref, la banque doit jouer au commercial pour fidéliser et surtout aider le Maroc à récupérer une bonne partie des investissements que les MRE réalisent ailleurs. Dans la foulée, elles sécuriseraient à long terme les transferts des MRE vers le Maroc. Tout un chantier à mettre en place pour que le MRE soit le premier catalyseur d'investissement pour son pays d'origine. ◆
La carte des transferts d'argent relance
la bataille sur les MRE
La concurrence est de plus en plus acharnée entre les banques marocaines pour séduire la clientèle MRE (Marocains résidents à l'étranger). Les différents états-majors dédiés à ce segment dans toutes les banques marocaines sont mobilisés depuis plusieurs mois et n'auront apparemment pas droit au congé, du moins durant cet été. MOTIF : après une phase de préparation entre le Maroc et les pays d'accueil européens des MRE, l'heure est venue pour eux de déployer les armes commerciales.
Comme si les banques s'étaient passé le topo, elles ont développé pratiquement toutes le même produit : le transfert de fonds via les cartes bancaires. Pour son lancement également, elles ont opté pour ce début de saison d'été qui coïncide avec le retour massif de la cible de clientèle. «C'est une occasion pour les MRE de doter leurs familles de ce type de carte qui facilite la vie. Toujours est-il qu'ils ont la possibilité d'indiquer à la banque le destinataire des transferts, et celle-ci la lui fait parvenir à l'agence la plus proche de chez lui. Le membre de la famille n'a plus qu'à la récupérer, et il n'a pas à être bancarisé pour en profiter», souligne un responsable du pôle monétique d'une banque. Avec une croissance annuelle moyenne de 41% sur les 5 dernières années, les transferts MRE restent un enjeu stratégique pour les banques, qui placent désormais ce segment de clientèle parmi leurs priorités. En effet, sur une durée plus longue, 10 ans, ces fonds ont connu une évolution importante, passant de 19 milliards de DH en 1996 à 47,7 milliards de DH, soit une progression de 17, 2 % par rapport à 2005. De quoi aiguiser l'appétit des banques même étrangères comme Santander. La première banque espagnole, actionnaire d'Attijariwafa bank, vient de lancer son plan commission zéro euro sur les transferts des immigrés. Il s'agit de supprimer, cette fois-ci, les coûts des transferts à destination du pays d'origine. Cette nouvelle a été bien accueillie par les MRE clients de la banque espagnole et leur famille, et certainement d'un mauvais oeil par les banques et autres opérateurs de transferts d'argent qui craignent non seulement un mouvement massif des MRE d'Espagne, mais surtout que d'autres banques européennes n'emboîtent le pas à Santander. En effet, l'Espagne, récente destination des Marocains, continue sa percée pour se hisser à la deuxième place, juste après la France avec 41,6 % des transferts et devant l'Italie (12,4%). Les recettes MRE à partir de l'Espagne ont ainsi été de près de 5,5 milliards de DH en 2006. Loin de faire profil bas, les banques marocaines vont attaquer en mettant sur le marché des cartes de transfert d'argent. Mais pendant que ces dernières s'apprêtaient à lancer leurs campagnes de communication, deux ingénieurs marocains résidents en France, Yassir Chakib et Amine Smahi, cherchaient à leur couper l'herbe sous le pied en lançant «Flouss.com». Avec leur staff, ils ont effectué leur sortie médiatique le 7 juin dernier sur le marché national. Concrètement, les deux MRE comptent profiter de la souplesse apportée par les transactions en ligne (utilisation possible tous les jours, à toute heure, depuis n'importe quel ordinateur) pour simplifier les démarches de transfert de fonds d'un particulier à un autre résidant à l'étranger. L'usager créditeur commence par ouvrir un compte sur Flouss.com. Il y achète en ligne, pour 39 euros, une carte de retrait internationale. Celle-ci lui est envoyée à domicile avec le contrat ainsi qu'un code. Flouss avertit ensuite l'utilisateur par e-mail qu'il peut activer la carte avec le code en allant sur Flouss.com. À partir de là, la carte peut être utilisée. Comme elle n'est pas nominative, le titulaire du compte Flouss la donne à un bénéficiaire qui pourra alors effectuer des retraits à l'étranger dans les distributeurs automatiques de billets habituels, pour peu qu'ils soient estampillés Cirrus/Maestro. Mais c'est toujours le titulaire du compte Flouss qui crédite la carte à distance, depuis le site, en débitant le ou les comptes bancaires de son choix. «Lorsqu'un client envoie 100 euros au Maroc, le coût de transfert d'argent -10,50 euros, frais de change compris - est deux fois moins élevé que celui des circuits classiques», souligne Yassir Chakib, président-directeur général de Flouss.com. Parmi les banques locales, c'est la Société Générale Marocaine de Banques (SGMB) qui va réagir en premier en lançant dans le circuit sa carte Ahly, qui s'adresse exclusivement aux clients de la banque. Ce nouveau produit s'inscrit dans une stratégie d'ensemble, comme en témoigne la récente création d'une direction des Marocains du monde, chapeautée par Saïd Adren. La SGMB revendique 11% de la clientèle bancaire du Royaume, dont 3% sont des MRE. Afin d'améliorer ce score, la banque tente de faire de Ahly une «incontournable» du transfert de fonds. La banque s'appuiera sur le réseau de sa société-mère en Europe pour vulgariser ce produit. Quel que soit son pays d'adoption, le MRE achète Ahly, pour 40 DH l'an. Pas de frais, ni à l'émission, ni à la réception, sauf si le virement transite par un intermédiaire comme la Banque postale de France. Selon le management de la banque, un maximum de 56 DH pourrait être prélevé, quel que soit le montant. Le MRE peut émettre autant de cartes qu'il le souhaite, et même l'utiliser lui-même, lorsqu'il se trouve en vacances au Maroc. Des plafonds de retrait sont établis à 5.000 DH par jour pour une carte personnelle, et à 20.000 DH pour la commerçante. En plus des villes de Paris et de Lyon, où elle possède déjà des comptoirs, la SGMB compte multiplier ses agences à double enseigne, avec le groupe bancaire français. Une extension du réseau en Espagne et en Italie est aussi à l'ordre du jour. BMCE Bank adopte le même principe que Ahly pour sa carte Al Jisr. C'est aussi une carte bancaire commandée par le MRE. Celui-ci sélectionne des membres de sa famille pour bénéficier de cartes de retrait et de paiement. Elles sont rechargées automatiquement à partir du pays de résidence. Cette bataille sur les MRE, Attijariwafa bank Europe l'a relancée depuis janvier dernier. Après son agrément par la Banque de France en juin 2005, Attijariwafa bank (AWB) Europe a tenté depuis de fédèrer progressivement les représentations du groupe sur le Vieux continent. Ce processus de regroupement a commencé par les agences implantées en Belgique. Celles-ci font partie de son périmètre de consolidation depuis novembre 2006. En Allemagne, le processus a été amorcé un mois après tandis que les procédures sont actuellement en marche pour intégrer les filiales des Pays-Bas, de l'Italie et de l'Espagne. C'est ainsi que l'objectif de cette structure de droit européen, créée officiellement en janvier 2006, est de recentrer les forces pour mieux attaquer le segment des MRE tant convoité par les banques marocaines mais également par les géants européens de finance.
Des démarches
simplifiées
À fin décembre 2006, AWB Europe totalise un volume annuel de transferts de 4 milliards de DH au niveau européen, dont 2,1 milliards pour la France. «Si l'on ajoute ceux acheminés via Wafa Cash, ce volume sera porté à 8 milliards de DH, ce qui représente 40% de parts de marché», dit-on auprès de la banque. Le lancement de sa carte de transfert, baptisée «Kesma» à l'instar des autres banques, s'inscrit dans cette logique. Kesma coûtera 99 DH par an au MRE. Pour chaque transfert, la banque s'engage sur un coût inférieur à 5 euros. Le bénéficiaire au Maroc, lui, ne subit aucune facturation. Dans cette course aux parts de marché, le groupe banque populaire, leader de ce segment, ne pouvait pas être en reste. Il a également réagi pour maintenir sa position. Le numéro 1 historique de la banque des MRE a baptisé sa carte «Tawasoul» pour les mêmes avantages que ceux de ces concurrents. Une étude réalisée en 2004 par la BCP avait montré que les attentes de cette population sur ce segment étaient importantes. La BCP compte 690.000 clients à l'étranger, ce qui représente près de 40 % de son portefeuille particuliers, soit au total 1,66 million de personnes. La BCP revendique une part de 60% du marché MRE. Mais elle aura fort à faire avec l'offensive de ses concurrents qui tiennent coûte que coûte à glaner d'importantes parts de marché. Rappelons que la BCP va perdre son privilège historique de la domiciliation d'une partie de ses guichets dans les représentations consulaires du Maroc d'ici la fin de l'année. Parmi celles qui lorgnent ce segment figure évidemment la BMCI, qui s'est distinguée du lot en proposant deux cartes. La première, nommée «Jiware», est limitée au transfert d'argent. La seconde carte, «Wissal», permet au client MRE de suivre ses transferts à partir de son pays de résidence. A côté de ces offres monétiques, la filiale de BNP Paribas propose des formules d'épargne et un crédit immobilier. Pour l'heure, seul le Crédit du Maroc observe cette bataille de loin, lui qui n'a pas encore dévoilé sa carte. Dans cette course, les états-majors des banques en charge des MRE sont unanimes pour dire que du moment où les offres commerciales sont pratiquement similaires, «seule la proximité fera la différence». A eux donc de jouer. En attendant, Western Union et Moneygram observent. A en croire un banquier, les deux géants mondiaux du transfert prévoient de profiter du phénomène des transferts par Internet pour maintenir leur position au Maroc, troisième pays au monde au hit parade des transferts d'argent.


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