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Pourquoi le rapport de force avec la France a changé
Publié dans Challenge le 27 - 04 - 2024

« Le Maroc d'aujourd'hui n'est pas le Maroc d'hier ». La France d'Emmanuel Macron a semble-t-il saisi le sens de cette phrase prononcée par le Roi Mohammed VI et tente depuis plusieurs mois de se rapprocher du Maroc. Dans cette chronique, l'auteur analyse les raisons de ce changement de posture.
« Nous voulons une coopération d'égal à égal, de grand peuple à grand peuple, de grande nation à grande nation », a déclaré jeudi le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, dans son discours devant les étudiants de l'UM6P. Les mots choisis par Bruno Le Maire, agrégé de lettres modernes, ne sont pas le fruit du hasard. En réalité, depuis quelques mois déjà, la France adopte un vocabulaire nouveau, plus amenant, à l'égard du Royaume. Stéphane Séjourné également, lors de sa première visite au Maroc il y a deux mois, s'était montré particulièrement précautionneux dans ses propos, évoquant le renouveau d'une relation basée sur le « respect » avec un « Maroc qui a profondément changé ».
Ces paroles tranchent avec les sorties, pour le dire clairement, condescendantes de plusieurs responsables français par le passé. Rappelons à ce titre la malheureuse intervention d'Emmanuel Macron sur X pour s'adresser directement aux Marocains quelques jours après le séisme qui a frappé la région de Marrakech en septembre dernier. Rappelons également le tweet malencontreux du chef de l'Etat français, au ton teinté d'injonction, dans lequel il demandait « aux autorités marocaines de veiller à ce que tout le nécessaire soit fait au plus vite » pour permettre le rapatriement des ressortissants français bloqués au Maroc au début de la pandémie de la Covid-19.
Et que dire des déclarations de certains diplomates français ? Gérard Araud, pour ne pas le citer, qui, en 2014, alors qu'il occupait le poste d'ambassadeur de France aux Etats-Unis, traitait le Maroc de « maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n'est pas particulièrement amoureux mais qu'on doit défendre ». Plus récemment, ce (pas très) diplomate est revenu à la charge en critiquant ce qu'il qualifie d'« habituel chantage marocain sur le Sahara ».
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Ce changement de ton n'est pas anodin. Il renseigne sur un changement de paradigme géopolitique, dans lequel le Maroc a su tirer son épingle du jeu.
Retraçons brièvement l'épisode de la pandémie de Covid-19. Non pas parce que la crise sanitaire a initié ce changement de dynamique, mais plutôt parce que c'est à ce moment précis que les autorités marocaines ont pris conscience de leur capacité à faire évoluer cette relation, et qu'elles en avaient les moyens.
Au moment où la France paniquait – avec des milliers de morts comptabilisés chaque jour, des discordes sur les mesures à adopter, des pénuries de matériel médical révélant les failles de son industrie et des tweets épidermiques du président, notamment à l'endroit des autorités marocaines – le Maroc, on peut le dire, a mieux géré la crise. Contrairement à la France, le Maroc a comptabilisé dix fois moins de victimes, a mieux géré la crise sur le plan médical, et a surtout su obtenir l'adhésion de sa population, y compris dans les moments les plus difficiles, comme lors des périodes de confinement strictes qui ont sérieusement mis à mal son économie. Il n'est pas impossible que les Marocains, et leurs gouvernants, aient été les premiers surpris par leur réussite. Cela a constitué pour nous un déclic psychologique considérable. Nous nous sommes rendu compte que nous pouvons réussir même quand nous devons compter que sur nous-mêmes.
Et puis vient ce fameux jour du 10 décembre 2020, où la première puissance mondiale reconnaît la pleine et entière souveraineté du Maroc sur son Sahara. Dès lors, le Maroc sait que la France ne peut plus utiliser ce dossier comme levier de pression à son encontre. C'est là le début du changement de rapport de force. S'il est vrai que la France est le premier pays à avoir soutenu le plan d'autonomie marocain pour le règlement du conflit du Sahara, il est tout aussi vrai que ce soutien n'était pas sans contrepartie, notamment sur le plan économique. La France considérait le Maroc comme la chasse gardée de ses entreprises.
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Ce n'est plus le cas aujourd'hui. De décembre 2020 à aujourd'hui, le Royaume a enregistré une série de succès diplomatiques comme il n'en a pas connu depuis 1975 et la Marche verte. Le Maroc ne se sent plus redevable envers la France. Celle-ci, contrairement au Maroc, subit des échecs consécutifs sur la scène internationale. Son influence dans le monde s'effrite, au point que l'Afrique francophone, qui jusqu'alors était considérée comme son jardin, s'en détache, parfois de manière humiliante comme ce fut le cas au Sahel.
Ironie de l'histoire, c'est aujourd'hui la France qui a besoin du Maroc, notamment pour lui ouvrir les portes du Sahel dont elle a été piteusement chassée. Un besoin que ni les officiels ni les patrons français ne cachent, puisqu'ils disent, et on l'a entendu lors du Forum d'affaires Maroc-France tenu vendredi, vouloir profiter de la présence et de l'expertise marocaine en Afrique subsaharienne pour sauver ce qui peut encore l'être pour les entreprises françaises dans cette région.
Il est nécessaire aussi de rappeler certaines évidences. Le Maroc est une puissance confirmée en matière de renseignement. La France le sait. Plusieurs attentats ont été évités en France grâce aux informations fournies par les services marocains. Ces mêmes services auxquels la France a fait appel pour sécuriser les Jeux Olympiques que Paris se prépare à accueillir l'été prochain.
Et puis il y a la question migratoire, que le Maroc utilise avec doigté dans ses rapports diplomatiques avec l'Europe. L'Espagne l'a appris à ses dépens. La France, bien que moins exposée que son voisin transpyrénéen, n'en est pas moins concernée.
Le changement de paradigme entrepris par l'Elysée dans ses relations avec le Maroc n'est pas fortuit. Les règles du jeu ont tout simplement changé.


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