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Il y a 5 ans, MarocInvest, qui gère des fonds d'investissement maghrébins et (en partie) africains, avait misé sur S2M, pionnier de la monétique : Les dessous de la fusion HPS-S2M
Il y a 5 ans, MarocInvest, qui gère des fonds d'investissement maghrébins et (en partie) africains, avait misé sur S2M, pionnier de la monétique au Maroc. Elle en fera une société fortement concurrentielle, tant sur le plan national qu'international. Et c'est finalement au leader du marché marocain et à son concurrent en Afrique et au Moyen-Orient, HPS, qu'elle choisit de la céder. Et pourtant, d'autres candidats se pressaient au portillon… Finalement, les actionnaires d'Integra Partners, un grand compte financier comptant des bailleurs de fonds et des banques d'investissement européennes et africaines, avaient raison de croire que le créneau du capital investissement était porteur au Maroc. L'opération de rapprochement entre HPS et S2M en est un bel exemple. Mais quel est le rapport ? L'opérateur, dans le tour de table de Tuninvest, qui représente l'un des trois métiers du groupe, à savoir le capital investissement, et par ricochet sa filiale marocaine MarocInvest, ont réussi une belle opération à travers la vente de S2M. Et c'est grâce aux recommandations judicieuses et long-termistes du patron de MarocInvest, Brahim El Jaï. En 2003, à travers les fonds maghrébins MPEF (Maghreb Private Equity Fund) I puis II, l'entreprise de capital investissement réalise une opération de participation majoritaire. Elle entre dans le capital de S2M en s'appropriant 70% des actions. Depuis, la société, reprise en main depuis 2001 par Aziz Daddane, actuel président de directoire, et qui entamait son redressement, allait connaître une success story unique. Mal en point concernant ses résultats financiers après le départ de son fondateur Al Andaloussi, S2M se positionnera sur le segment des TPE et de la personnalisation des cartes, et fera une entrée en trombe sur le marché maghrébin, surtout tunisien et dans l'Afrique francophone. Année après année, S2M gagne deux ou trois nouveaux marchés par an à l'international, le gros en Afrique où elle compte actuellement 20 grands clients. Ce qui n'est pas connu, c'est que sur certains marchés africains, il y avait un duel annoncé entre deux sociétés leaders, HPS et S2M. Les deux sociétés étaient short-listées et il y avait donc à faire un choix. S2M devenait sérieusement «embêtante». « Elle est devenue un vrai concurrent de HPS, notamment en Afrique et au Moyen-Orient», lance un expert du secteur. Derrière ce succès, outre bien sûr le travail de l'équipe dirigeante d'une société qui enregistrait une croissance soutenable et grandissante, il y avait un tour de table fort imposant (La Société Financière Internationale -filiale de la Banque Mondiale-, la Banque Européenne d'Investissement, Natixis –Banques Populaires France-, Bank Of Africa…), qui à lui seul suffisait comme ticket d'entrée à S2M pour l'accès aux marchés africains (occidental et central notamment). Ce tour de table se constituait au fur et à mesure à travers des participations qui atteindront, en 2007, 96% des actions de la société via les fonds d'investissement, MPEF (I et II) et AfricInvest. Et c'est toujours MarocInvest qui joue le jeu. Les 4% des actions restants appartenaient aux cadres de l'opérateur historique de la monétique au Maroc. M2M, Finatech, Natixis, et d'autres encore… Mohamed Horani, le PDG, et d'autres cadres de HPS, des ex-S2M, sentaient cette montée en puissance et faisaient des scénarios quant à leur positionnement à l'international. MarocInvest, comme toute autre entreprise de capital risque cherchant à mieux rentabiliser l'argent de ses fonds d'investissement, voulait en effet attirer l'attention de futurs acquéreurs, solides bien sûr, et surtout susceptibles de présenter un projet industriel compatible avec la culture d'entreprise et le positionnement sur le marché de S2M. Et il n'y a pas mieux que HPS pour mieux valoriser la société ou plutôt reconnaître sa vraie valeur actuelle en termes de Software ou de position à travers ses conquêtes récentes. Car en tout état de cause, elle était visée ou prisée. Mais il y avait d'autres prétendants (HPS, M2M, Finatech, Natixis…) qui savaient eux aussi que MarocInvest allait vendre au bout de 4 ou 5 ans. Or, voici un autre argument pour mieux comprendre le choix de HPS. L'entreprise, qui a décroché un marché conséquent au Japon, se voit souffrir d'un manque de ressources humaines qualifiées pour s'engager dans d'autres gros marchés, notamment en Europe, qu'elle épie depuis quelque temps. Pour cela, il lui faut la taille d'un Experian ou d'un ACI, et cela n'est faisable que grâce à l'opération de rachat de S2M. Aussi, la fusion est un mariage d'amour. Les deux sociétés font bon ménage ; elles ont la même culture d'entreprise et sur le plan technologique sont toutes les deux avancées (la norme EMV). Et cerise sur le gâteau, fait savoir une source qui préfère garder l'anonymat, les cadres de S2M détenant les 4% des actions penchaient pour HPS. Des conditions suspensives Ce rapprochement, déjà consommé dans son volet commercial (complémentarité) et ne pouvant passer au stade de la fusion (opération prévue fort probablement pour février 2009), est assujetti à la réalisation des conditions suspensives usuelles en la matière, et des autorisations légales et réglementaires, notamment celles relatives à la loi sur la concurrence. Car il semble que cette fusion donnera naissance à un géant, et à une situation de monopole. Les 1er et 2e du secteur au Maroc (en l'occurrence HPS et S2M) ne font que de la monétique. Ses autres concurrents font en parallèle des solutions informatiques, au vu des parts de marché minimes avec lesquelles elles surfent, notamment en ce qui concerne la personnalisation des cartes monétiques, les TPE (où S2M leader) ou les solutions qui maintiennent HPS dans sa position de leadership. Ce qu'il faut, c'est prouver le contraire. «C'est une simple formalité. On a aucune inquiétude à ce sujet», temporise Horani. Concernant le prix de l'acquisition, cela reste secret, lance-t-il. En tout cas, HPS, qui a épuisé ses fonds propres, recourra à l'endettement. On chuchote que MarocInvest a réalisé un bon coup. Somme toute, cette opération a permis de revigorer la cotation du titre HPS, qui a bondi de 12% du jour de la suspension à la cote à celui de la reprise.