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Quelques news 2022 sur le solaire marocain et une mise au point sur... le nucléaire
Publié dans EcoActu le 27 - 04 - 2022

Sauf quand spécifiquement mentionné, nous nous référons à des sources de départ officielles :
* internationales pour les revenus[1],
* nationales pour les données énergétiques[2], [3], [4], [5], [6].
... SUR LES RECENTES BONNES ET MAUVAISES NOUVELLES DU SOLAIRE AU MAROC
Les adjudicataires des 333 MWc des différents lots de la première phase du Projet NOOR PV 2 sont enfin connus et montrés dans la Figure 1.
Figure 1 Tableau des centrales de la première phase du Projet NOOR PV 2
Parmi les 47 opérateurs ayant manifesté leur intérêt au lancement de cette première phase du projet le 30 Janvier 2020, les adjudicataires étaient supposés trouver des acheteurs de leur production d'électricité solaire photovoltaïque parmi les 32'000 abonnés au réseau de Moyenne Tension (MT, 22 kV : 26'000 ONEE et 6'000 autres).
Encore une fois, à cause des ennemis traditionnels des Marocains que sont la montre et le calendrier, les textes d'accès à la MT n'étaient pas encore prêts et finalement les adjudicataires de l'Appel d'Offres du 04 Janvier 2021 devront travailler dans le cadre de la Loi 13/09, c'est-à-dire vendre leur production à des abonnés à la Haute ou Très Haute Tension (HT-THT, 60, 225 ou 400 kV).
C'est-à-dire à un bassin de clientèle réduit à quelques 132 abonnés (certains appartenant à la même entité !). Ils rentreront ainsi en concurrence directe avec les producteurs d'électricité éolienne qui agiraient dans le cadre de la même Loi et solliciteraient le même bassin de clientèle.
Bravo à ce combat de gladiateurs qui va se dérouler sous nos yeux, mais le Maroc est-il un pays énergétiquement dépendant et devant utiliser au plus vite ses propres ressources ou bien est-il un champ d'expérimentation de concurrence entre l'éolien et le solaire ? Ceci dit, ces 333 MWc de solaire PV de NOOR PV II (adjugés en Avril 2022) seront-ils mis en service avant les 850 MW d'éolien du PMIEE (adjugés en Mars 2016) ?
L'évident manque à gagner que créerait l'autoproduction d'électricité solaire par les petits consommateurs fait que tous les distributeurs d'électricité marocains ne veulent pas y voir d'autre solution que celle de bloquer, défigurer ou rendre inapplicables les textes sur l'autoproduction d'électricité, on l'aura compris à défaut de l'accepter. Mais même sans parler de cela, les inconvénients de l'intermittence de l'électricité de source renouvelable, sont évoqués à chaque occasion[7], [8], on l'aura compris à défaut de l'accepter puisque l'échelle actuelle ne le justifie pas encore (seulement 17% de l'électricité produite est « intermittente », c'est-à-dire solaire ou éolienne).
Mais, ceci dit, comment peut-on adjuger des marchés de solaire PV centralisé de plusieurs dizaines de MWc tout en décriant l'électricité solaire qui serait produite par les petits consommateurs ? Pourquoi s'évertuer à amplifier exagérément les inconvénients de l'intermittence de la production d'électricité solaire photovoltaïque (PV) dispersée quand on adjuge sept installations centralisées cumulant 333 MWc (NOOR PV II / 1) après avoir en mis en service trois autres pour 120 MWc (NOOR IV) et encore trois autres pour 120 MWc (PSP NOOR Tafilalet à Erfoud, Missour et Zagora) ?
Et pourtant l'intermittence d'installations centralisées est bien plus compliquée à gérer que celles qui sont géographiquement très dispersées :
* Lorsqu'à l'heure du zénith un gros nuage vient à passer sur une seule des centrales de 40 MWc du Projet PSP NOOR Tafilalet de l'ONEE, la puissance de l'électricité produite passe brutalement d'environ 35 MW à 8 MW et, pour ne pas perdre la fréquence réseau (50 Hz) tout en évitant la solution extrême du délestage, les ingénieurs du Centre de Dispatching doivent compenser les 27 MW manquants dans une des autres centrales du Maroc et ils ont la compétence ainsi que tous les outils logiciels, de communication et de production pour le faire.
* Lorsqu'on a le même total de 40 MWc réparti sur tout le pays sous forme 10'000 installations de 4 kWc, jamais aucun passage nuageux ne les ombragera toutes simultanément et l'impact de l'intermittence locale s'en trouve fortement amoindri par la dispersion géographique et ne nécessite alors plus du tout la même rapidité d'intervention du Centre de Dispatching. C'est pour bénéficier de ce foisonnement que les pays européens et asiatiques ont d'abord commencé par une myriade de « toitures photovoltaïques » de petite taille mais il est vrai que nous autres marocains avons commencé par les grandes centrales parce que nous en savons mieux que les autres.
Pourtant, malgré un contexte pas franchement favorable, les installations injectant dans le réseau électrique avancent plutôt bien puisque les capacités des installations solaires photovoltaïques décentralisées (pompage et connexion réseau) auraient, grâce aux 100 MWc mis en service durant 2021, atteint 700 MWc opérationnels à la fin d'année, sur un total de 1'000 MWc incluant les 300 MWc des grandes centrales de MASEN et de l'ONEE.
Au sujet de ces dernières, ces grandes centrales solaires qui alimentent le réseau électrique marocain montrent des chiffres de début d'année 2022 très inquiétants, tels que révélés par Bank Al-Maghrib, mais que personne n'a encore daigné commenté semble-t-il. Et pourtant, ils le mériteraient et le tableau de la Figure 2 permet de s'en convaincre.
Figure 2 Tableau comparatif de la production d'électricité des débuts d'année de 2022 avec ceux de 2021
Sur les deux premiers mois de l'année 2022 (seuls chiffres disponibles à date), pour assurer une croissance de la demande en électricité nette appelée de +7.9% (477 GWh), la production nette locale aurait augmenté de 5.2% (322 GWh) mais cette augmentation aurait été réalisée :
* malgré une baisse de la production hydraulique de 20.2% (‐33 GWh) à cause du manque de pluies mais il est vrai que le Maroc est habitué aux fortes fluctuations de pluviométrie comme nous le rappelle fréquemment les fluctuations de notre production agricole ou simplement les variations de la contribution de l'hydroélectricité à la production électrique (voir sa part en bleu ciel dans la Figure 3),
* malgré une dégringolade de 41.2% de la production solaire (-109 GWh) qui a d'autant moins d'explication météorologique que l'écart type de l'ensoleillement solaire direct annuel de Ouarzazate n'est que de 3%, ce qui rend pratiquement impossible une telle différence interannuelle et crédibilise un arrêt partiel de la production de la Centrale solaire de Ouarzazate.
Cette baisse de 41.2% de la production solaire mérite une brève explication par un organisme autorisé.
... SUR LA COMMUNICATION DES RESPONSABLES DE L'ENERGIE AU MAROC
Dans l'une de ces dernières sorties médiatiques devant la presse, la Ministre de la Transition Energétique et du Développement Durable a dit :
* « Dans le cadre actuel, nous opérons avec des subventions... pour pouvoir rapidement en 2022 donner accès aux industriels [abonnés] moyenne tension à de l'énergie renouvelable qui, je l'espère, sera moins chère, en effet, que l'électricité venant des énergies fossiles« . Or, les équipements solaires PV sont devenus tellement bon marché que tous les appels d'offres récents (marocains et étrangers) confirment sans équivoque que l'électricité solaire PV est bel et bien moins chère que toutes toutes celles venant d'énergies fossiles et les subventions que la Ministre évoque ne créent que des distorsions de marché et ne pourraient qu'être contre-productives puisque ceux qui n'en auraient pas encore bénéficié vont maintenant attendre de toucher, eux aussi, leur part du gâteau des aides publiques pour rendre leur investissement plus juteux qu'attrayant.
* « ... il y avait des projets de Lois sur lesquels je pense qu'il est sain et important d'avoir des consultations et d'écouter encore plus, par exemple l'histoire des 10%, oui, on peut revenir à l'esprit de la 13/09 et l'augmenter à 20%…« . Discuter du plafonnement d'énergie injectée à un pourcentage de la consommation à injecter périodiquement sur le réseau est un faux débat:
o D'abord parce que la potentielle Loi 82-21 sur l'Autoproduction serait inapplicable[9] puisque le système de comptage prévu dans son propre texte ne permet pas de quantifier la consommation électrique mais seulement le prélèvement d'électricité sur le réseau résultant du différentiel entre la consommation et la production autoconsommée9. De plus, une limite en énergie ne protège en rien contre des dépassements de puissance puisqu'en injectant 10% de la consommation durant un temps limité, on peut détruire le réseau local tout en restant parfaitement « dans les clous » prévus par la Loi.
o Puisque chaque tronçon du réseau électrique est dimensionné pour transporter une puissance donnée, la meilleure protection des réseaux est offerte par la limitation de la puissance injectée à la puissance souscrite par chaque abonné. Mais la question qui se pose est : veut-on vraiment protéger les réseaux électriques ou bien contribuer à la façon la plus obsolète de défendre les intérêts des distributeurs d'électricité du Maroc ?
Dans un tout autre registre, comme montré par les cent ans de la satisfaction de la demande annuelle d'électricité du Maroc dans la Figure 3, le Maroc n'a plus jamais atteint 40% d'électricité renouvelable depuis 1974 bien qu'il les ait légèrement frôlés en 1979 avec 38.8%.
Contrairement à ce qui a été explicitement écrit dans les titres de la presse et largement repris et applaudi dans les réseaux sociaux, il n'atteindra pas non plus ces 40% en 2022 mais en fait, les titres erronés de médias ont été subrepticement suggérés par une phrase du Dossier de Presse[12] du 16 février 2022 sur la 6ème Session du Conseil d'Administration de l'ONEE.
Figure 3 Satisfaction de la demande annuelle en électricité au Maroc[13], [14] de 1925 à 2025
Les tournures des phrases qui peuvent être mal interprétées et la « redéfinition » de certains concepts techniques n'induisent en erreur que les moins avertis mais ne changent rien à une double réalité :
* Le commerce international finira par nous pénaliser parce que l'énergie électrique du Maroc est encore loin d'être aussi « verte » qu'on voudrait le faire croire et les véhicules électriques, qui vont déferler aussi sur le Maroc, continueront encore longtemps (jusqu'à au moins 2044), à polluer plus que les véhicules entraînés par des moteurs à explosion[15].
* On n'a pas tenu l'objectif d'étape de la Stratégie Energétique Nationale qui disait certes que 42% des capacités de 2020 devaient être renouvelables (même pas atteint avec 29,7% réels), mais avec :
o 2'000 MW d'éolien (objectif pas atteint 1'339 réels en 2020),
o 2'000 MW de solaire (objectif pas atteint avec 707 réels en 2020),
o 2'000 MW d'hydraulique (objectif pas atteint avec 1'306 réels en 2020). Mais il est important de signaler que nos ingénieux électriciens ont profité du fait que les Stations de Transfert par Pompage (STEP, comme celle de Afourer) soient, très justement, classées dans l'hydroélectricité pour décider de les classer dans les « renouvelables » alors qu'elles ne font que turbiner l'eau qui a été stockée par pompage par tout type d'électricité (pas nécessairement renouvelable). Cette « erreur », qui ne peut s'expliquer que par l'incompétence ou le mensonge de ceux qui l'ont consignée la première fois, n'a pas laissé d'autre choix à leurs successeurs que d'en hériter sans la corriger, puisqu'elle a permis jusqu'à fin 2020 de faire d'une pierre deux coups :
+ de gonfler indûment de 464 MW (STEP d'Afourer) les chiffres des puissances renouvelable (de 1'306 MW à 1'770 MW),
+ d'entraîner un dopage du pourcentage des capacités renouvelables de 29.7 à 35.1% à fin 2020.
C'est la réalité qui compte et non pas ce que l'on voudrait laisser croire aux marocains. Il va falloir que tous nos responsables tournent le dos aux jeux de mots et tournures des phrases qui induisent en erreur l'opinion publique marocaine (journalistes ou simples citoyens) et qu'ils s'habituent enfin à « appeler un chat un chat » : lorsqu'un pourcentage n'a pas de sens communément admis, il ne doit JAMAIS être donné sans être précis sur ce à quoi il se réfère. L'inexactitude ou l'imprécision dans la définition du dénominateur induit en erreur le lecteur, l'auditeur ou le spectateur. En voici quelques exemples :
1. « Au Maroc, 92% de l'énergie produite était renouvelable en 2021« . Cette affirmation est exacte puisque les renouvelables sont majoritaires dans la totalité de l'énergie que le Maroc produit (même si elle ne représente que 10% de nos besoins). En revanche, retirer le seul mot « produite » crée une ambiguïté et on envoie la cible de la communication comprendre ce qui lui plaira.
2. « Au Maroc, 19.3% de l'énergie électrique produite était renouvelable en 2021« . Cette affirmation est exacte avec un total produit de 40'374 GWh qui inclut 5'238 GWh d'électricité éolienne, 1'746 solaire et 818 hydroélectrique conventionnelle. Par contre, en retirant le mot « électrique« , on crée une ambiguïté et on envoie la cible de la communication à comprendre quelque chose qui est en contradiction avec l'affirmation exacte précédente. En revanche, en retirant les mots « électrique produite« , on envoie la cible de la communication à comprendre que 19.3% de la totalité de l'énergie consommée était renouvelable, alors qu'elle n'a été que de 9.2% en incluant l'énergie non électrique.
3. « Au Maroc, 32% de la capacité de production d'électricité était renouvelable en 2021« . Cette affirmation est exacte avec un total de 11'062 MW qui inclut 1'413 MW de puissance électrique éolienne, 828 solaire et 1'306 hydroélectrique conventionnelle. Par contre, en retirant les mots « de la capacité de production« , on crée une ambiguïté et on envoie la cible de la communication à comprendre ce qui lui plaira (que 32% de l'énergie électrique au Maroc est de source renouvelable).
4. « Au Maroc, 32% de la capacité de production d'électricité était renouvelable en 2021, STEP[16] inclue« . Cette affirmation est fausse car la production des STEP ne peut jamais être inclue dans les « renouvelables » que les centrales effectivement alimentées par une source primaire d'énergie renouvelable, or, les STEP utilisent de l'électricité qui n'est même pas une source.
5. Les gens aiment bien le mot « mix« , qui est très à la mode, et l'utilisent à toutes les sauces mais plutôt à mauvais escient en ne sachant pas qu'utilisé seul, il suggère implicitement l'abréviation de « mix énergétique » qui se réfère donc à l'énergie produite ou consommée (en tep pour l'énergie totale ou en GWh s'il s'agit d'électricité) et non aux capacités de production d'électricité (puissances en MW ou GW).
Ceci étant dit, il est fort probable que les capacités de production électrique utilisant des sources renouvelables s'approchent effectivement de 40% du total en 2022, mais sans l'atteindre. Malgré cela, tant qu'il n'y aura pas d'approvisionnement régulier en gaz naturel, les émissions par kWh risquent d'augmenter à court terme à cause, ce qui est le cas depuis les deux derniers mois de 2021, de la substitution de l'électricité qui était produite par les centrales à cycle combiné au gaz naturel (GN) par de l'électricité produite par des centrales alimentées par du charbon et du fuel (plus polluantes que les centrales à cycle combiné alimentées par du GN).
Mais en fait, pourquoi l'électricité produite avec du GN est-elle moins polluante ? – D'abord, parce que le GN est constitué de méthane qui est la molécule d'hydrocarbure composée du plus faible pourcentage de carbone, ensuite, parce que sa combustion à haute température permet le cycle combiné soit une double production d'électricité, d'abord grâce à une turbine à gaz puis grâce à une turbine à vapeur qui prélève la chaleur de la cheminée de la première turbine.
Il va donc falloir se retrousser les manches pour mettre en œuvre le plan gaz naturel afin que tout soit prêt à la substitution du charbon en 2044, d'opérationnaliser le plan hydrogène, d'installer les capacités renouvelables nécessaires ainsi que celles du stockage approprié (par STEP, par hydrogène ou autre) pour répondre à une demande en puissance supposée pouvoir augmenter en moyenne de 175 MW par an. L'accélération nécessaire doit prendre en compte le déploiement progressif des véhicules électriques qui ne doivent plus se contenter de déplacer la pollution des lieux de circulation automobile vers les lieux de production d'électricité et le seul moyen est de baisser très fortement le facteur d'émission de l'électricité prélevée sur notre réseau électrique.
Les futures STEP de Ifahsa et de Menzel 2 (300 MW chacune) ne doivent pas souffrir des retards excessifs de celle de Abdelmoumen (plus de 8 ans !). En attendant les « grands virages de 2044 », on pourrait aussi contribuer quelque peu à la décarbonation progressive par l'amélioration des rendements des réseaux électriques[17] ainsi que par l'autoproduction d'électricité solaire[18]... à condition qu'on l'encourage au lieu d'en dissuader les acteurs[19]. Dès que la conjoncture le permettra, il faudra aussi aider les plus démunis à faire face à la suppression des subventions de gaz butane en redéployant la Caisse de Compensation, ce qui devrait donner un coup de fouet à la substitution d'une partie du butane par le chauffage solaire de l'eau.
... SUR L'OPINION D'UN EXPERT SUR L'INDISPENSABLE NUCLEAIRE POUR LE MAROC
Commentaires de l'interview de Anas Al Hajji[20], un grand expert qui pense que : « Sans énergie nucléaire, le Maroc et l'Algérie feront face à une catastrophe« . Je ne me limiterais qu'à ses affirmations sur le Maroc :
1. Au Maroc, la pression démographique ralentit : le HCP donne +1,03% en 2020, puis +0,76% en 2030, +0,52% en 2040 et +0,3% en 2050. C'est l'urbanisation galopante combinée à la dégringolade de la taille des ménages qui donnent le « ressenti » de pression démographique que nous avons.
Figure 4 Evolution de la population du Maroc (bleu et gauche) et de sa croissance annuelle (rouge et droite)
1. Qu'on le veuille ou non, la croissance de la demande en électricité nette appelée au Maroc ralentit et le peu de croissance de ces dernières années est, hélas, « dopée » par la baisse du rendement du réseau.
Figure 5 En bleu, l'électricité nette appelée et le rendement des livraisons ONEE et en rouge, leur croissance annuelle
En tendance moyenne annuelle lourde, l'électricité nette appelée augmenterait actuellement de moins de 1% par an dont une partie non négligeable serait absorbée par l'augmentation des pertes en ligne et non par la demande client.
1. Pour produire de l'électricité à bon marché, l'introduction de l'électronucléaire nécessiterait un minimum de 2 à 3 tranches de 1'000 MW, chacune produisant près de 7'500 GWh/an. Comment insérer une telle offre dans un Maroc qui ne consomme que 40'000 GWh/an lesquels n'augmenteraient en moyenne que de 1'000 à 1'500 GWh/an ? Au delà de tout débat sur le nucléaire en lui-même, le Maroc pose donc un problème de « place » pour la taille des centrales ayant trop grande capacité de production (comme les centrales nucléaires conventionnelles). De plus, jusqu'en 2044, le Maroc est contraint par des contrats d'achat « take-or-pay » de près de 23'000 GWh d'électricité au charbon qui ont représenté 59% de la production en 2021. Le reliquat de l'espace des besoins à couvrir pour les vingt prochaines années est lui aussi réduit par d'autres contrats « take-or-pay » sur des projets éoliens et solaires, sans même compter des récentes ambitions marocaines sur des projets au gaz naturel. A ce sujet, je suspecte les lobbys nucléaires français d'avoir fait en sorte de retarder les programmes d'équipement électriques nationaux au point que le Maroc soit devenu tellement dépendant des imports d'électricité entre 2005 et 2018, qu'avec 6,4 TWh importés en 2012, une « place » pour une tranche nucléaire avait bien été libérée, mais la montre et le calendrier ayant toujours été les pires ennemis du Maroc, on ne s'y était pas préparé ! Qui croira à la coïncidence de la plongée du Maroc dans les méandres de l'importation d'électricité (voir Figure 3) qui a directement suivi les promesses nucléaires publiques du Président Sarkozy en 2007 ?
2. Au-delà du problème énergétique, se pose aussi le problème de la redondance de puissance. En effet, il n'existe aucune génératrice atteignant 1'000 MW au sein du réseau national et au moindre incident technique créant le déclenchement de l'alternateur de notre futur réacteur nucléaire, il n'y aurait plus d'autre solution que l'appel aux deux lignes d'interconnexion avec l'Espagne (1'400 GW), sous réserve que de telles capacités soient immédiatement disponibles de l'autre côté du Détroit... Quant aux interconnexions avec l'Est, elles ne pourraient même pas être utilisées puisque ni Algérie ni la Tunisie n'ont de centrales aussi puissantes.
3. Crédit d'intelligence : si le nucléaire était une solution évidente pour le Maroc, peut-être que l'un des 37 millions de cerveaux disponibles aurait fait ce qu'il faut pour qu'elle soit déjà mise en œuvre.
Par Amin BENNOUNA ([email protected])
Références
[1] Banque Mondiale, https://donnees.banquemondiale.org/pays/maroc?view=chart
[3] Royaume du Maroc, Ministère de l'Economie, des Finances, et de la Réforme de l'Administration, Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF), Notes de Conjoncture, http://depf.finances.gov.ma/etudes-et-publications/note-de-conjoncture/
[4] Royaume du Maroc, Ministère de l'Economie, des Finances, et de la Réforme de l'Administration, Direction du Trésor et des Finances Extérieures (DTFE), Notes de Conjoncture, https://www.finances.gov.ma/fr/Nos-metiers/Pages/notes-conjoncture.aspx
[5] Royaume du Maroc, Bank Al-Maghrib, Revue de la Conjoncture Economique, http://www.bkam.ma/Publications-statistiques-et-recherche/Documents-d-analyse-et-de-reference/Revue-de-la-conjoncture-economique
[6] Haut Commissariat au Plan, Annuaire Statistique du Maroc, Version électronique après 2013 https://www.hcp.ma/downloads/Annuaire-statistique-du-Maroc-version-PDF_t11888.html, Version papier ou scannées avant 2013 https://cnd.hcp.ma/
[8] Abderrahim El Hafidi, Directeur Général de l'ONEE, Entretien accordé à une télévision arabe pendant la Conférence de l'Union Arabe des Producteurs d'Electricité.
[9] Amin BENNOUNA, « L'inapplicable Projet de Loi 82-21 relatif à l'autoproduction d'électricité« , EcoActu 15 Novembre 2021, https://www.ecoactu.ma/linapplicable-projet-de-loi-82-21-relatif-a-lautoproduction-delectricite
[12] Le texte dit « Ainsi, la puissance installée électrique devrait atteindre 11.130 MW à fin 2022, avec une part de 40 % en énergies renouvelables.« , Office National de l'Electricité et de l'Eau Potable, Conseil d'Administration, Dossier de Presse du 16 février 2022, http://www.one.org.ma/FR/pages/actua.asp?esp=2&id1=8&id2=70&t2=1&id=3245
[13] Saul Samir, « L'électrification du Maroc à l'époque du protectorat », In: Outre-mers, tome 89, n°334-335, 1er semestre 2002. L'électrification outre-mer de la fin du XIXe siècle aux premières décolonisations. Pages 491-512, https://doi.org/10.3406/outre.2002.3952
[14] Haut Commissariat au Plan, Annuaire Statistique du Maroc, Version électronique après 2013 https://www.hcp.ma/downloads/Annuaire-statistique-du-Maroc-version-PDF_t11888.html, Version papier ou scannées avant 2013 https://cnd.hcp.ma/
[15] Amin BENNOUNA, « La majorité véhicules électriques du Maroc contribuent plus qu'ailleurs au réchauffement climatique« , EcoActu 04 Mars 2022, https://www.ecoactu.ma/vehicules-electriques-rechauffement-climatique/
[16] Station de Transfert d'Energie par Pompage, comme celle d'Afourer (464 MW) ou à venir en 2023 (350 MW) à côté du Barrage de Abdelmoumen. Les STEP utilisent de l'électricité à des heures creuses pour en restituer une partie aux heures de pointe.
[17] Amin BENNOUNA, « Les 'pertes non-techniques' dans le réseau électrique de l'ONEE engloutissent plus que l'électricité solaire produite à Ouarzazate« , EcoActu 28 février 2020, https://www.ecoactu.ma/les-pertes-non-techniques-dans-le-reseau-electrique-de-lonee/
[18] Amin BENNOUNA, « Trois décennies d'énergie solaire photovoltaïque au Maroc« , Webmagazine EcoActu, 03 Décembre 2019, https://www.ecoactu.ma/trois-decennies-denergie-solaire-photovoltaique-au-maroc/
[19] Amin BENNOUNA, « L'inapplicable Projet de Loi marocain relatif à l'autoproduction d'électricité« , Webmagazine EcoActu, 15 Novembre 2021, https://www.ecoactu.ma/linapplicable-projet-de-loi-82-21-relatif-a-lautoproduction-delectricite/#:~:text=R%C3%A9uni%20le%20jeudi%2011%20novembre,du%20mardi%2002%20Novembre%202021
[20] Anass El Hajji, « Sans énergie nucléaire, des pays comme le Maroc et l'Algérie feront face à une catastrophe » (en arabe), Webmagazine Attaqa, 10 Avril 2022, https://attaqa.net/2022/04/10/%D8%A3%D9%86%D8%B3-%D8%A7%D9%84%D8%AD%D8%AC%D9%8A-%D8%AF%D9%88%D9%86-%D8%A7%D9%84%D8%B7%D8%A7%D9%82%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D9%86%D9%88%D9%88%D9%8A%D8%A9-%D8%B3%D8%AA%D9%88%D8%A7%D8%AC%D9%87-%D8%AF%D9%88/


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