Les larmes n'étaient pas inscrites au programme et pourtant, elles ont jailli des yeux émerveillés des participants à ce premier voyage "Partageons nos cultures" entre la Belgique et le Maroc. Des larmes d'émotion, de bonheur et de joie. En effet, c'est la gorge serrée mais la tête remplie de souvenirs merveilleux que la délégation belge, emmenée par Betty Batoul, écrivaine, militante des droits humains et présidente de l'Asbl Sucès, s'est envolée jeudi dernier. Un séjour au cœur de l'authentique et des valeurs humaines : le partage en étant l'acteur principal. Mais aussi l'intergénérationnel puisque le plus jeune avait à peine 18 ans quand le patriarche affichait fièrement 71 ans. Quoi de mieux pour aider les victimes à rebondir ou aider les jeunes à reprendre confiance en eux et prendre leur envol. Depuis plusieurs semaines déjà, ce voyage entre la Belgique et le Maroc était dessiné, peaufiné, revu, corrigé,... de part et d'autres de l'océan. Betty Batoul et son fils Julien, responsable AnimaKtion, département jeunes de l'association pour le Nord. Au Sud, le soutien de la province d'El Jadida et de son Gouverneur mais aussi Fatizou, responsable du groupe des jeunes Doukkalis Solidaires, qui organisent des actions d'entraide pour les familles défavorisées d'El Jadida furent essentiels à la réussite de ce projet.
Cette première édition est d'ores et déjà un succès et pourtant, aucun catalogue touristique ne propose ce type de voyage. Le but étant la découverte du Maroc avec ses habitants, ceux qui le connaissent le mieux. C'est dans la ville de son enfance, El Jadida, que Betty Batoul a décidé d'emmener une délégation de son association à la découverte d'une autre culture. Le logement était proposé dans des familles marocaines afin d'apprendre les coutumes locales et goûter les plats délicieux des cuisinières exceptionnelles que regorge ce pays. Un programme de visites culturelles était également prévu avec l'incontournable cité portugaise au travers du regard de Khalid Essfini, responsable des guides formés à l'occasion des journées du patrimoine dont Bouchra qui sera accompagnatrice d'un jour. La visite s'est clôturée par un mini concert et la remise du titre de "guide médiateur du patrimoine" aux guides formés présents ce jour-là.
Le soir, les participants se retrouvaient en famille afin de partager un peu de leur coin de ciel bleu ou gris. Des liens se sont très vite noués, des sourires échangés et très vite, on s'est senti comme chez soi. Une nouvelle famille pour tous les Belges qui n'imaginaient pas un tel accueil. Dès le premier soir, le ton était donné. L'arrivée du groupe fut applaudie par une vingtaine de jeunes venus pour l'occasion malgré l'heure tardive. Les présentations accomplies, chacun s'est installé dans sa famille.
Les jours ont défilé trop vite, les yeux n'étaient pas assez grands pour tout enregistrer. Le coeur pas assez prêt pour tant d'émotion et de beauté. Que ce soit l'instant couscous où chacun a livré ses impressions, les larmes aux yeux de tant de bonheur. Ou lors du hammam traditionnel quand le corps nous dit merci, simplement. Ou encore lors de la fête au Riad qui s'est ouverte sur un défilé de robes traditionnelles prêtées par les familles et sur un partage de musiques et danses venues des deux côtés du globe. Personne n'oubliera l'accueil et le discours prononcé par le Gouverneur, Mouad Jamai, lors de la réception à la province ni ses encouragements pour les jeunes. Il a aussi félicité l'esprit positif de l'association, résolument tourné vers l'avenir et la solidarité, des valeurs d'avenir. Une escale à Sidi Bouzid a permis au groupe de fouler le sable de cette plage dans un esprit d'équipe pour terminer la journée à la villa La Brise, sur la route de Oualidia, commerce tenu auparavant par le père de Betty Batoul, maison de son enfance. Instant nostalgie chassé par une flash mob dans la piscine encore vide et un atelier "cours d'arabe" pour apprendre à se débrouiller en ville. Le séjour s'est achevé en apothéose dans une ferme traditionnelle agricole près de Moulay Abdellah. La préparation d'un tajine en équipe, avec les Doukkalis, sous les conseils avisés de Fatizou, le partage de ce plat, les échanges, la beauté du paysage, le discours et les remerciements de Christine, participante du groupe, ont fait de ce moment un instantané bonheur que chacun ressortira les jours nuageux. L'objectif du partage de cultures a été atteint et dépassé. Les participants ont aussi partagé les sentiments et valeurs. Les liens sont désormais tissés entre la Belgique et le Maroc avec l'envie pour Betty Batoul de créer, pourquoi pas, une alliance Belgo marocaine. Tous sont arrivés en laissant une famille en Belgique. Tous sont repartis avec désormais une seconde famille, au Maroc.