Cela fait maintenant trois semaines que Mohamed Azzedine Berrada a présenté son septième ouvrage intitulé «Le casse-tête des erreurs bancaires sur les intérêts et les commissions au Maroc» (www.financenews.press.ma). Sujet passionnant. Mais j'ai quand même pris le temps d'attendre trois semaines avant de rebondir dessus. Temps «mort» que j'ai mis à «profit» pour observer la réaction du monde des affaires, des banquiers (premiers concernés), mais également de la banque des banques, à savoir la Banque centrale. Ma déception a été à la hauteur des révélations et démonstrations percutantes contenues dans ce livre. Sauf la presse qui a donné des échos de son contenu, personne n'a semblé, en effet, lui accorder un quelconque intérêt. Ne pas le commenter, voire le snober semble être la meilleure manière pour les professionnels que sont les banquiers de le plonger assez rapidement dans l'oubli. Car, il faut en convenir, ce livre de Berrada, qui reprend bon nombre d'erreurs bancaires, gêne forcément. Il gêne d'autant plus que son auteur est un homme du sérail qui n'est plus tenu par le fameux secret bancaire, un banquier averti qui a justement assuré la direction générale du Groupement professionnel des banques du Maroc. Et, de ce point de vue, l'on peut aisément comprendre que les banques, qui cumulent les erreurs en défaveur des consommateurs, fassent profil bas. Ce qui reste incompréhensible, c'est l'attitude passive, voire indifférente des millions de détenteurs de compte, ceux qui contribuent très généreusement, à travers leurs dépôts, à maintenir en vie les banques. Ailleurs, les associations de défense de consommateurs auraient déjà crié au scandale. Car, si l'on s'en tient aux propos et démonstrations de Berrada, il s'agit bien d'un scandale. D'autant que, par exemple, depuis un siècle, les établissements bancaires décomptent les taux d'intérêt sur la base de l'année bancaire réduite à 360 jours au lieu de l'année entière de 365 jours prévue par la loi. Cela fait une sacrée différence : comme l'a démontré l'auteur, un taux facial de 12% devient 12,20% en lui appliquant une année de 360 jours au lieu de 366 jours (année bissextile). Peut-on ainsi se tromper pendant 100 ans ? Le théologien Saint Augustin donne sa réponse : «Se tromper est humain, persister dans son erreur est diabolique». Aujourd'hui donc, la question est de savoir si, après ces révélations, de telles pratiques bancaires vont continuer. A mon humble avis, rien ne va changer. Dans l'immédiat en tout cas. Car les consommateurs peuvent battre le pavé pour une hausse de 10 centimes du prix du pain ou du transport, mais se «désintéresser» royalement des «intérêts» exorbitants qu'ils versent aux banques. Cherchez l'erreur !