La charge du risque a lourdement pesé sur les réalisations de la banque en 2020. Le management reste optimiste pour cette année et relève déjà un frémissement de l'investissement.
Par Y. Seddik
L'année 2020 n'a pas été de tout repos pour les banques marocaines. Leur rentabilité a fortement été mise à mal par la crise sanitaire et économique liée à la pandémie de la Covid-19. «2020 a été une année particulière qui n'a toutefois pas empêché CIH Bank de continuer son extension et son développement économique. La banque a fait preuve d'une résistance face à cette crise inédite», a déclaré Lotfi Sekkat, PDG de CIH Bank, lors de la conférence de presse digitale de présentation des résultats annuels 2020. Durant cette année, le groupe CIH Bank a mis en place un dispositif global de la gestion de la pandémie. Le groupe bancaire s'est également joint à l'élan de solidarité nationale, avec une contribution de 150 MDH au fonds spécial pour la gestion de la pandémie, et a accordé à la clientèle le report d'échéances de crédits de mars à juin, dont 64.000 à titre gracieux. Performances commerciales maintenues Avec une collecte nette de 9,1 Mds de DH, les dépôts clientèle progressent de 20,5% par rapport à décembre 2019 et s'établissent à 53,7 Mds de DH. Ils sont composés, essentiellement et sur base individuelle, des dépôts de la banque pour 49,8 Mds de DH et de ceux de Umnia Bank à concurrence de 1,8 Md de DH. Les ressources à vue constituent 76% de la collecte réalisée, affichant ainsi une évolution de +23,2% par rapport à 2019. En hausse de 18,6% par rapport à 2019, les encours de crédits consolidés ont atteint 63 Mds de DH et sont composés, essentiellement et sur base individuelle, des crédits de CIH Bank à hauteur de 52,4 Mds de DH, des crédits de Sofac à hauteur de 7,2 Mds de DH et de ceux de Umnia Bank à concurrence de 3,2 Mds de DH. Représentant 52% de l'encours des crédits consolidés, les crédits hors immobiliers enregistrent une hausse de 32,1%, s'établissant ainsi à 32,8 Mds de DH. «La structure actuelle des crédits démontre la stratégie de diversification de CIH Bank, avec des crédits hors immobiliers qui représentent désormais 52%», a précisé Younes Zoubir, DGA adjoint en charge des finances. Le coût de risque pèse sur les bénéfices Au niveau des revenus, le PNB consolidé augmente de 10% à 2,76 Mds de DH grâce à la hausse de la marge d'intérêt de 14,1%, alors que les activités de marché progressent de 29,7%. Dans un contexte marqué par les impacts de la pandémie, CIH Bank a adopté une approche prudente et anticipative en matière de gestion des risques. «La démarche de la banque a été d'évaluer la tendance du risque sur l'année et d'anticiper les impacts de la pandémie tant pour les particuliers que pour les entreprises», note le top management. Ainsi, le coût du risque en consolidé s'établit à près de 1 Md de DH, en hausse de 298,8% par rapport à 2019, et le taux du coût du risque est de 1,51% contre 0,45% une année auparavant. Le RNPG, quant à lui, s'établit à 80,7 MDH, en baisse de 81,1% sous l'effet de l'imputation du don au fonds Covid-19 et de l'impact du coût du risque. Si l'on exclut l'impact Covid19, à en croire le management, le RPNG normatif serait de l'ordre de 440 à 450 MDH, soit un peu plus que ce qu'a généré la banque en 2019. Pour la rémunération des actionnaires, la banque propose un dividende de 8 DH par action contre 14 DH proposés sur les six dernières années. Sur ce point, le management précise qu'«une réserve importante que l'on n'a pas distribué va rester dans les caisses de la banque. Ceci, pour faire face aux risques qui pourraient se matérialiser en 2021». En termes de perspectives, le management explique que «2021 représente une année charnière qui s'inscrit plutôt dans la suite de 2019». Lucide et réaliste, L. Sekkat relève enfin que «le challenge pour 2021 et au-delà, est de générer un bon PNB et augmenter la résilience de la banque». Pour lui, il faut plus se concentrer sur le développement et la résilience de l'établissement que sur ses niveaux de rentabilité. Un pari qui constituera le point central de la stratégie future de la banque.