Aziz Alami, Directeur de l'Office des foires et expositions de Casablanca (OFEC), sensibilise sur l'importance de l'organisation des salons pour la promotion des produits marocains à l'étranger. Il estime que les salons permettent aux PME de nouer des partenariats à l'international et de recevoir des donneurs d'ordre internationaux. Outre la nouvelle orientation stratégique de l'OFEC (salons sectoriels), l'une des avancées majeures à retenir est la synergie créée avec Maroc Export pour la promotion du «made in Morocco» à l'international. Finances News Hebdo : En quoi, selon vous, l'organisation de salons internationaux au Maroc ou ailleurs est un vecteur de promotion des produits marocains à travers le monde ? Aziz Alami : Les salons sont un excellent outil de promotion à l'export. En effet, selon les chiffres de la COFACE, un euro investi dans un salon équivaut à 35 euros à l'export. Au Maroc, depuis 2008, l'OFEC a entrepris une démarche volontariste d'organisation et d'accueil des salons dédiés à l'offre des stratégies sectorielles. Cette démarche permet à l'entreprise marocaine de se positionner par rapport à ses concurrents, de nouer des partenariats à l'international et de recevoir des donneurs d'ordre internationaux. F.N.H. : D'après les chiffres, l'OFEC représente près de 60% de l'activité nationale des salons et foires. Ce chiffre a-t-il tendance à progresser ou reculer ? Et pourquoi selon vous ? A. A. : En effet, l'OFEC représente près de 60% de l'activité totale, le chiffre d'affaires global sectoriel des foires et salons au Maroc avoisine les 2 Mds de DH dont un tiers est directement lié au secteur à savoir la vente, le montage des stands, la communication et les deux tiers sont générés par les effets induits que sont le transport, l'hébergement, la restauration, etc. Ajouter à cela qu'un touriste d'affaires participant à un salon en tant qu'exposant ou visiteur dépense entre quatre à cinq fois plus qu'un touriste normal. Il y a lieu de préciser que ce chiffre ne concerne pas le chiffre d'affaires relatif aux transactions pendant les salons. A titre d'exemple, le salon de l'automobile génère, à lui seul, un chiffre d'affaires de transactions qui dépasse les deux milliards de dirhams pendant la durée du salon. En ce qui concerne l'évolution de la position de l'OFEC, elle a connu une forte progression due au nouveau positionnement stratégique et à la qualité des prestations. Toutefois, cette progression connaît un net ralentissement à cause de la saturation de l'espace existant d'où la nécessité d'en développer de nouveaux. Aujourd'hui, nous avons des salons matures qui occupent la totalité de la surface existante et qui pour se développer, ont besoin d'étendues supplémentaires. En attendant, l'OFEC s'investit dans l'amélioration du rendement de ses salons et la mise en place d'un partenariat à l'international ayant pour objectif d'installer les marques salons marocains dans certains pays d'Afrique. Cette démarche vise à ouvrir le marché africain aux entreprises marocaines et va de pair avec l'invitation quasi-systématique de donneurs d'ordre, notamment africains, aux salons qui se tiennent au Maroc. F.N.H. : Depuis que vous êtes directeur, quel bilan faites-vous des avancées de l'OFEC ? A. A. : L'OFEC a réalisé des avancées importantes. Il a finalisé un plan de restructuration général lancé en 2008 qui a porté sur plusieurs volets, à savoir la liquidation de l'ensemble des dettes de l'office dont le montant dépassait les 65 MDH, la restructuration des ressources humaines (exécution d'un plan de départ volontaire de plus d'une cinquante de personnes autofinancé en totalité par l'office), la mise à niveau de ses infrastructures d'accueil (hall des expositions et les locaux administratifs), et le réaménagement des espaces extérieurs prévu pour l'année en cours, notamment la façade rue Tiznit pour l'intégrer dans l'environnement de la mosquée Hassan II. En ce qui concerne l'orientation stratégique, l'OFEC a fait l'objet d'un repositionnement lié à l'accompagnement des stratégies sectorielles nationales, ce qui l'a mené à se consacrer aujourd'hui quasi-exclusivement à des salons sectoriels, à l'exception de la foire commerciale du Ramadan. Aujourd'hui, notre activité concerne les salons sectoriels et consiste à accompagner les offres des différentes stratégies lesquelles vont produire une offre qu'il faut alors marketer. Or, l'un des meilleurs moyens de le faire est d'accueillir et d'organiser des salons, et c'est là où nous nous positionnons. Par ailleurs, deux objectifs majeurs sont visés par cette stratégie. Le premier est de faire du Maroc un hub pour les salons à vocation régionale en s'appuyant sur le fait que le pays est déjà un hub aérien et logistique et une passerelle entre l'Europe et l'Afrique, entre les pays du Moyen-Orient et l'Afrique et entre l'Amérique et l'Afrique. A ce sujet, les accords de libre échange signés par le Maroc sont un atout majeur dans ce dispositif. Le deuxième objectif est d'élever l'activité du secteur des foires et salons au rang d'industrie à part entière avec un fort potentiel de développement et de nombreuses opportunités de création d'emploi. F.N.H. : Qu'en est-il de la synergie entre l'OFEC et d'autres entités chargées de la promotion des produits marocains à l'étranger pour ne citer que Maroc Export ? A. A. : Effectivement, l'OFEC travaille en totale synergie avec des entités chargées de la promotion des produits marocains à l'étranger, notamment Maroc Export avec qui l'OFEC a une complémentarité évidente que ce soit au niveau des salons organisés au Maroc ou la participation du Maroc aux salons à l'étranger : échange de bases de données, montage des stands, invitations des donneurs d'ordre internationaux, logistique, etc. Cette complémentarité est simplifiée par le fait que nous sommes deux organismes sous la tutelle du ministère chargé du Commerce extérieur. Nous avons aussi un partenariat important avec la Maison de l'Artisan qui organise un certain nombre de manifestations à l'OFEC, notamment le salon Minyadina, et qui participe à des salons organisés par l'OFEC, notamment la foire commerciale du Ramadan qui a enregistré un quadruplement de la superficie dédiée à l'artisanat en quatre années. L'OFEC travaille aussi en partenariat avec l'Association marocaine des exportations (ASMEX), la CGEM, et l'ensemble des Fédérations professionnelles et certaines Chambres de commerce, d'industrie et de service qui ont toutes un rôle à jouer dans la promotion. Tout cela se fait en totale concertation avec notre ministère de tutelle et ses équipes. F.N.H. : Aujourd'hui, dans l'organisation des salons et foires, privilégiez-vous des secteurs en particulier, ceux où le Maroc a de réels avantages comparatifs ? A. A. : L'OFEC accompagne tous les secteurs stratégiques nationaux. Il est évident que certains salons sectoriels sont plus matures et nécessitent un effort conséquent vu leur superficie et leur importance. A ce niveau, la dynamique des salons va de pair avec la dynamique des secteurs concernés.