Des prix de stationnement allant jusqu'à 10 DH dans les ruelles perpendiculaires à la corniche sont pratiqués tout l'été par des voyous qui s'en prennent à toute personne qui rechigne à payer. Jets de pierres, insultes, tout y passe. Pourtant, la préfecture de police est catégorique : le dépôt de plainte reste le moyen le plus efficace pour combattre ces abus. A condition d'avoir le temps de le faire ! Occulte, mais organisée, l'activité de gardien de parking est un business simple à mettre en place, et n'en est pas moins juteux. Il suffit d'acheter une plaque de gardien et un gilet fluorescent, disponible sur tous les rayons d'équipements ou de bricolage. Sur la corniche de Casablanca, la sous-location des espaces de parking est devenue un phénomène récurrent impliquant l'entrée par la petite porte du métier de gens malhonnêtes, au comportement voyou, salissant le laborieux travail des vrais «Assassa» qui méritent leurs gagne-pains et qui ne sont pas concernés par ces propos. Et l'été, ces agissements sont décuplés par l'avidité des uns et des autres ! Pour preuve, dans la matinée du 5 août, un jeune couple originaire de Marrakech s'arrête tôt le matin pour prendre un petit-déjeuner en bord de mer. Deux petites heures plus tard, en quittant les lieux, il est surpris par un gardien de parking, dans l'une des ruelles perpendiculaires à la grande avenue de la corniche, qui réclame pas moins de 10 DH pour le stationnement. Devinant que les deux personnes sont étrangères à Casablanca, le type fait montre d'un ton autoritaire, irrespectueux voire menaçant envers le couple ahuri. Les plus dignes d'entre nous n'accepteront jamais de s'acquitter de cette somme illégale, sur la voie publique, et de surcroit auprès d'une personne si peu respectueuse. Le jeune couple refuse et tend au gardien 3 DH qui s'empresse de les jeter dans la voiture comprenant. Les esprits s'échauffent. Les voix s'élèvent. On aurait pu en rester là mais c'est sans compter sur la loi de la jungle qu'instaurent ces rapaces dans la métropole ! Résultat: des jets de pierres se chargeront de rendre ce séjour à Casablanca inoubliable. Ceux qui ont assisté à la scène, ont été marqués par l'assurance de ce «Assas», opérant dans l'impunité la plus totale. La scène a duré quelques minutes, et la voiture de ces vacanciers a été la cible de jets de pierres le temps que la voie se dégage pour qu'ils puissent s'extirper de cet endroit dans la peur et le dégoût. Voici des touristes qui ne sont pas près de revenir ici. Mais ce n'est pas grave, il y en a tant d'autres pour les remplacer et se faire plumer à leur tour. Sans dépôt de plainte, pas de solution Intrigués par cette scène, je me dirige vers le poste de police de la corniche pour dénoncer cette violence. «Il faut porter plainte au commissariat de police du boulevard Ghandi», explique le policier sur place. Contactée par nos soins sur les possibilités de recours en pareille situation, la préfecture de police de Casablanca est ravie de pouvoir expliquer à la presse qu'il existe bel et bien une procédure contre ce type de problème. «Il faut le dire haut et fort aux citoyens. Personne n'a le droit de s'en prendre à eux sur la voie publique. Ecrivez-le !», s'exclame une source au sein de la préfecture. Après avoir entendu cette histoire dans le détail, notre source s'explique: «chaque commissariat de police fiche les gardiens de parking dans les zones avoisinantes. Sur nos documents, nous inscrivons le nom de la rue et nous faisons des rondes pour prendre en photo tous les gardiens de parking de cette zone en y ajoutant leur nom, prénom, adresse et antécédents judiciaires. Lorsque quelqu'un est victime de violence, il doit se présenter au commissariat de police le plus proche. Sur place, les enquêteurs lui montrent les photos des gardiens de parking de cette rue. Lorsqu'il identifie le suspect, on s'empresse de le convoquer et le confronter à la victime». Ce responsable poursuit avec un ton assez fier : «généralement, cela se termine par des excuses et le «assas» se calme pour de bon. Les cas de récidives sont rares, encore faut-il que les citoyens portent plainte». Citoyens, vous êtes désormais prévenus : En cas de violence, retenez le nom de la rue et mémorisez le visage du gardien, puis dirigez-vous au commissariat de police le plus proche. Selon la gravité des cas, la convocation de ce dernier peut se faire immédiatement. D'autres, après vous, en profiteront puisqu'ils n'auront plus à supporter ces désagréments. Et c'est ainsi qu'on peut apporter son grain de civisme à cette corniche devenue une réelle jungle pendant les mois chauds de l'année. Des irrégularités en tout genre Détrompez-vous, il n'y a pas que les gardiens de parking qui sont «hors-la loi» sur la corniche. Des véhicules utilitaires, communément appelés «Honda», font du transport informel. Des triporteurs aussi. Ils s'entassent sur l'avenue de la corniche à partir de 17h pour offrir leurs services aux vacanciers après les heures de plage provoquant des bouchons pour les usagers de la voie. Ils se bagarrent entre eux et avec les taximen, au vu et au su d'une police impuissante face au nombre croissant de ces énergumènes. Les piétons, eux, ajoutent également leur grain de sel en évitant scrupuleusement les trottoirs pour marcher sur la chaussée et compliquer encore davantage la circulation. Pourtant, ce sont les trottoirs les plus larges de la ville. Depuis le début du mois de septembre, la situation s'est calmée quelque peu mais l'été prochain nous guette au loin. Civisme et respect d'autrui sont nécessaires pour ne pas rendre cette belle corniche, pourtant l'une des plus grandes et des mieux desservies du Royaume, un temple des infractions. Une jungle sans loi. Sans civisme, point de développement.