Nous connaissons tous dans notre entourage quelqu'un d'austère. Celui qui reste assis et ne se prononce pas, lorsque la note du Café arrive et qu'il faut payer l'addition. Vous le voyez qui fait semblant de continuer à parler de la dernière prouesse de son joueur fétiche, pour que quelqu'un d'autre de la bande se décide enfin à sortir son portefeuille et payer le serveur. Et si jamais il décide un soir de vous inviter à manger chez lui vos pâtes préférées (des spaghettis bolognaises), il va sûrement oublier de les saupoudrer par du fromage râpé tel que vous aimez les prendre. En matière économique l'austérité est à bannir ! Les gouvernants préfèrent parler de réduction du train de vie de l'Etat ou autre chose dans le genre optimisation des recettes ou réduction des dépenses publiques. Dans notre pays où le déficit budgétaire a dépassé 7% du PIB en 2012 (autour de 5,5% en 2013), le gouvernement préfère parler de faire des économies pour ne pas laisser filer le déficit et augmenter la dette, mais refuse de prononcer le mot austérité, tout simplement ! Ce mot fait peur à quiconque, d'abord à monsieur tout le monde qui pourrait croire que les prix risquent peut-être de s'envoler et qu'il sera obligé de se serrer la ceinture, alors que le souci permanent du gouvernement est de se battre contre l'inflation pour encourager la demande interne. Ce mot fait également peur à l'entreprise qui, tout à coup, s'abstient ou reporte son investissement à plus tard parce que l'horizon lui parait un peu trouble pour son retour sur investissement. Et, enfin, même pour drainer des investissements étrangers. Si jamais l'homme d'affaires fraîchement débarqué, qui a passé sa première nuit dans son hôtel d'affaires cinq étoiles, tombe le matin, alors qu'il s'apprête à prendre le petit déjeuner, sur le journal local qui annonce en manchette que le gouvernement s'engage dans une politique d'austérité, ses yeux vont s'écarquiller. Il va d'abord se saisir du canard avant de siroter son jus d'orange, en pensant que la confiance est entamée et que le pays risque d'entrer dans une récession, alors qu'il pensait ficeler son projet dans la journée. Même si notre pays progresse de presque 4% de croissance par année ! Comment va-t-il réagir ? Pour vous dire que c'est vraiment compromettant comme annonce, même si elle parait pourtant anodine. La confiance, c'est ce qu'il y a de capital dans toute politique économique. Si vous voulez que les gens gardent leurs capitaux chez nous, ils doivent sentir cette confiance claironnée à chaque occasion. Combien de comptes bancaires étrangers avons-nous découvert cette année détenus par des citoyens marocains ? Lesquels ont sûrement manqué de confiance vis-à-vis de leur pays de résidence ou tout simplement pour échapper au fisc. Mais j'ose dire que c'est plutôt par la défiance envers l'avenir qu'ils ont dû choisir une place étrangère ! Malgré tout, ils ont été quand même bien traités, et c'est une bonne nouvelle qu'ils aient pris la décision de rapatrier leurs biens. Nous ne pouvons rien entreprendre sans ce sentiment magique qu'est la confiance d'abord en nous-même, et ensuite vis-à-vis aussi d'autrui. Quant à l'austérité, même si elle doit s'imposer, elle est aussi magique quand on l'évoque pour saper le moral du plus volontariste parmi nous et faire fuir cette même confiance. Par Mohamed CHOUAIB Psychologue Coach, Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.