L'habitude de franchir la frontière marocaine, d'y investir des arpents du territoire national, de s'en prendre à des citoyens marocains et de leur arracher de force et sous la menace bétails et autres biens, serait-elle la nouvelle «trouvaille» de l'ALN (Armée de libération nationale algérienne) pour pousser à la roue de la provocation. Moins d'un mois après qu'un «sniper» militaire eût tiré à partir de l'Algérie sur un groupe de Marocains de l'autre côté de la frontière, voilà que l'armée algérienne officielle a franchi le Rubicon. Ses éléments introduits illégalement dans le territoire, à Bouanane, près de Figuig, ont enlevé trois Marocains – bédouins- et les ont dépouillés sans ménagement. Cet incident nous rappelle bien des choses quand il ne nous alerte pas gravement : en octobre 1963, le même procédé provocateur avait déclenché ce qu'on a appelé la «guerre des sables» entre le Maroc et l'Algérie. Une poignée de soldats de l'ALN avaient attaqué Hassi Beida, au mépris des engagements de bon voisinage proclamés par les dirigeants algériens envers le Maroc. Il faut rappeler en effet que pendant la guerre de libération de l'Algérie, le Roi Mohammed V, outre le soutien politique, militaire et financier, soutenait ardemment l'indépendance et mettait de côté les questions bilatérales, affirmant même à Farhat Abbès, président du GPRA, sa volonté de reporter à plus tard les discussions sur les frontières et les territoires du Maroc spoliés par la France et concédés injustement à l'Algérie. Il s'agit de Tindouf, Bechar, Kenadssa, Saoura, Touat et autres. L'Algérie, une fois indépendante, ne se contenta pas de s'emparer de facto de ces territoires qui longent la frontière avec le Maroc, elle jeta son dévolu sur d'autres. Tout au long de ces 52 années de voisinage cahoteux, ses soldats n'ont cessé de faire des incursions en territoire marocain, au grand dam des populations de la région de Figuig, provoquant choc et surprise, déstabilisant les petites contrées, violant tout simplement la souveraineté du Maroc. Entre le sinistre tir sur des citoyens paisibles il y a un mois, et l'incursion du week-end dernier, y a-t-il une volonté délibérée d'empoisonner le climat , existe-t-il en somme des irréductibles qui entendent en découdre avec le Maroc, ou simplement créer une escalade délibérée avec ce dernier. Rien n'est plus sûr, tant il est tentant de voir dans ses incursions une manière de provocation. La tentation est grande de voir dans ces incidents successifs une détermination – inavouée, bien entendu – à pousser le Maroc à bout, à terroriser ses citoyens frontaliers qui, isolés et désarmés, sont confrontés à une politique de provocations de plus en plus affichée. L'Algérie est aujourd'hui engagée dans une «guerre intérieure», une guerre acharnée de succession, ouvrant le pays à un débat sans merci pour la succession du président Bouteflika, mettant face-à-face les partisans de ce dernier dont son frère Saïd qui tient le haut du pavé, une coalition de démocrates, créée en juin dernier sous l'impulsion de Soufiane Jilali et portant le nom de Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD), l'armée et les «services». C'est peu dire qu'une confusion – pour ne pas dire un imbroglio – place le pays dans une sorte d'effervescence et il n'est pas impossible de voir émerger une force ou un groupe de dirigeants tentés par l'escalade avec le Maroc, convaincus qu'ils sont que la «menace» marocaine, extérieure, doive «a contrario» fédérer le front intérieur...